Arbres coupés par un castor au parc Nicolas-Viel (Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Fin août, au Parc Nicolas-Viel, Monique Doyon, résidante du quartier, se promène tranquillement à vélo. Fin août, le sentier le long des berges est bordé de végétation. Le relief vert ne manque pas d’attrais : des buissons rampants, des arbustes et des arbres matures. Mais Mme Doyon remarque des troncs, coupés en biseau à la façon des castors. Intriguée, elle décide d’en informer journaldesvoisins.com pour obtenir plus d’informations. Grâce aux photos, les experts de la ville pensent que un ou des castors ont coupé ces arbres.

Réagir

Marlène Ouellet, chargée de communication à la Division des relations avec les citoyens, communication de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, répond par courriel au JDV.

« La division des parcs remplacera les arbres rongés et les nouveaux arbres seront protégés par du grillage. L’arrondissement s’assurera également que les arbres plantés dans d’autres emplacements, à proximité des berges, seront vérifiés et protégés, en prévention du déplacement éventuel des castors », explique Mme Ouellet.

Le 30 octobre 2021, arbre d'abord grugé par un castor fin août 2021, puis protégé avec un grillage, au Parc Nicola-Viel- Crédit Leila Fayet
Le 30 octobre 2021, arbre d’abord grugé par un castor fin août 2021, puis protégé avec un grillage, au Parc Nicolas-Viel- Crédit Leila Fayet

 

Tableau des nuisances en ville u castor et de sont barrage (Crédit Leila Fayet))
Tableau des nuisances en ville d’un castor et de son barrage (Crédit Leila Fayet))

C’est en effet la responsabilité de l’arrondissement, puisque le parc Nicolas-Viel est géré par Ahuntsic-Cartierville, d’après Karla Duval, relationniste à la Ville-centre. Le signalement de la présence du castor se fait alors par le 311.

Pour protéger la végétation du grand appétit des castors, plusieurs options sont envisageables.

Protéger les arbres

Frédéric Bussière, conseiller en aménagement, section biodiversité, Direction gestion des grands parcs et des milieux naturels au Service des grands parcs, du mont Royal et des sports (Grands parcs) répond par courriel au JDV.

Castor au parc de l’Île-de-la-Visitation en 2017 (Photo : jdv – Philippe Rachiele)

« Il est […] très facile de protéger les arbres, par exemple en installant du treillis métallique (mailles de 5 cm par 5 cm) qui part de la base de l’arbre jusqu’à une hauteur d’environ 60 cm au-dessus du niveau maximal de la neige. On doit garder une distance d’environ 30 cm entre la clôture et l’arbre afin de ne pas nuire à sa croissance. Le grillage à poule ne serait pas recommandé. Une méthode alternative, peu coûteuse et qui demanderait peu d’entretien, est l’application d’un mélange de peinture extérieure au latex et de sable fin sur le tronc des arbres à protéger. Le mélange consiste à mettre entre 30 et 70 ml (5 à 8 oz) de sable fin par litre de peinture », explique M. Bussière.

Il préconise ces méthodes efficaces dans les parcs de la ville ou sur un terrain privé. Le matériel se trouve facilement dans les quincailleries. Il donne la liste des essences préférées du castor, à éviter de planter ou à protéger : le peuplier faux-tremble, les saules et finalement les autres espèces de peupliers.

Un castor à Saraguay le 12 avril 2020 (Photo : jdv – Philippe Rachiele) le 12 avril 2020

 

M. Bussière ajoute que les jeunes arbres ont la préférence du castor. Ce grand rongeur aime les tiges de 2 à 10 cm de diamètre. Il essaiera d’abord de manger les arbres proches de son barrage. S’il ne trouve pas les essences bonnes pour son régime alimentaire, tout en se dandinant il ira plus loin. Le castor consomme aussi l’écorce de plus vieux arbres. Situés près de leur barrage, ces gros arbres souffriront au fil des années, des prélèvements répétés de l’écorce.

Tuer le castor

La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal, dénonce l’usage de l’euthanasie des castors. Et cela ne date pas d’hier ! Dans un communiqué de presse de 2015, la SPCA de Montréal demandait à l’arrondissement de Verdun de ne pas tuer les castors. L’année suivante, Verdun se dotait d’un plan de cohabitation, d’après le communiqué de presse : Gestion de la population de castors :Verdun met sur pied un projet pilote du 31 mars 2016. En effet, des solutions existent pour diminuer les dommages causés par les castors.

« […] bien que le piégeage mortel puisse sembler efficace, ce n’est qu’une solution à court terme. D’autres castors reviendront bientôt dans la région pour remplir la niche ouverte », ajoute M. Buissière.

Tableau résumant le bienfaits de la présence du castor (Crédit Leila Fayet)
Tableau résumant le bienfaits de la présence du castor (Crédit Leila Fayet)

Cohabiter avec le castor

« Le castor contribue à créer des milieux extrêmement riches pour la biodiversité et on ne devrait pas chercher à s’en débarrasser. Des mesures préventives peuvent être appliquées pour prévenir des dégâts ou des dommages qui pourraient être causés par un castor », déclare M. Buissière des Grands parcs.

L’Association pour la protection des animaux à fourrure plus connue sous le nom The Fur-Bearers constate que la cohabitation avec les castors est possible et bénéfique.

« […] il existe de nombreuses options rentables et non létales pour empêcher les inondations causées par les barrages de castors et pour aider à contrôler la mastication des arbres. Ces approches non létales, en plus de respecter les castors, valorisent les services écosystémiques vitaux que les castors fournissent à notre environnement », lit-on sur le site de The Fur Bearers.

Tableau résumant les solutions pou enduiguer les nuisances dues au castor et son barrage (Crédit Leila Fayet)
Tableau résumant les solutions pou enduiguer les nuisances dues au castor et son barrage (Crédit Leila Fayet)

Les techniques de dissuasion d’installation des castors, le contrôle du niveau d’eau du bassin, et bien d’autres méthodes sont décrites dans le Livret Coexistence des castors de The Fur Bearers. M. Buissière, des Grands parcs, signale que l’intervention sur les barrages est possible à condition d’avoir exploré toutes les autres solutions, en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.

Gérer la surpopulation

Les prédateurs naturels des castors sont l’ours, le loup, le coyote, le pékan, le carcajou, la loutre et le lynx.

Jeune Castor (Photo - Courtoisie)
Jeune Castor (Photo – Courtoisie)

Mais en ville, qui s’occupe de la régulation de la population des castors ? La capture et la vasectomie des mâles est un des moyens employés depuis le siècle dernier pour contrôler la population des castors. De plus, un mâle opéré continue à exclure tout autre mâle de son territoire. Les Grands parcs et le Biodôme ont déjà collaboré à la vasectomisation de castors sur l’île de Montréal.

« Les dernières campagnes de stérilisation remontent à la fin des années 1990 (4 mâles) et en 2008. (1 mâle et 1 femelle). Elles ont été réalisées en collaboration avec l’équipe de vétérinaires du Biodôme de Montréal. Les résultats de la première campagne ont fait l’objet d’une publication scientifique dans le Naturaliste canadien. La relance d’une prochaine campagne est en cours d’évaluation et d’approbation », ajoute par courriel Karla Duval, relationniste pour la ville de Montréal.

Toutefois, les interventions des Grands parcs se limitent aux Parcs gérés par les Grands parcs. Contrairement au Parc-nature du Bois-de-Saraguay, le parc Nicolas-Viel n’est pas sous la responsabilité du service des Grands parcs, mais bien de celle de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.

« Dans les habitats de moindre qualité comme c’est parfois le cas en milieu urbain le long de la rivière des Prairies, on retrouve surtout des animaux solitaires qui sont en déplacement ou présents de façon transitoire. Dans ces cas, la stérilisation n’est pas une approche adéquate. Une évaluation doit donc être faite au préalable pour chacun des sites afin d’évaluer le potentiel de réussite de la stérilisation »,  précisent les experts des Grands parcs.

Et alors, cohabiter ou supprimer?

En novembre 2016, le JDV relatait l’histoire du castor repéré au parc de la Merci. Le rongeur avait abîmé des dizaines d’arbres. Le castor avait été capturé et euthanasié par un trappeur, embauché par l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Le MFFP avait validé cette décision.  L’histoire se répétera-t-elle ? Le castor qui a abattu la dizaine d’arbres du Parc Nicolas-Viel, s’il est toujours dans le voisinage, sera-t-il euthanasié ?

Les réponses possibles exposées dans le JDV apportent un nouvel éclairage pour Monique Doyon, la résidante qui a constaté les débâts sur les jeunes arbres au parc:

« Au début, j’étais en colère. Je pensais que des vandales avaient coupé les jeunes arbres ! Je trouvais cela révoltant, alors que l’arrondissement a fait des efforts pour rendre le Parc Nicolas-Viel si agréable et joli. Mais si ce sont des castors, c’est autre chose. C’est la nature. Nous pouvons bien cohabiter avec eux. Surtout s’il existe des moyens pour diminuer les effets négatifs de leur présence », conclut Monique Doyon, résidante de l’arrondissement.

Comme mentionné plus haut, il semble que l’arrondissement ait choisi pour le moment de mieux protéger les jeunes arbres en bordure de la rivière des fringales du castor.

 

Pour aller plus loin : Protection hivernale des arbres et des arbustes, Association pour la protection des animaux à fourrure ou The Fur-Bearers, Livret Coexistence des castors de The Fur-Bearers, Vidéo sur les castors, Communiqué de la SPACA en 2015 sur les castors de VerdunAnimaux importuns – dommages causés par la faune Fiche du Castor,



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