Eau déminéralisée à 0 mg/L d'après le test fourni par la ville - Crédit Leila Fayet
Eau déminéralisée à 0 mg/L d’après le test fourni par la ville (Photo : Leila Fayet, JDV)

Rue Verville dans Ahuntsic, Denis Côté se demande s’il y a encore du plomb dans l’eau qu’il consomme. Pourtant, les anciennes entrées de service en plomb ont été remplacées par la Ville-Centre dans sa rue à l’automne 2021. Et d’après les tests fournis par la Ville-Centre, tout est normal. Sauf que l’Ahuntsicois n’est pas sûr de ce que mesure ces tests.

Rappelons que selon Santé Canada, le plomb est un poison pour l’être humain à partir d’une certaine quantité dans le sang. Le Règlement sur la qualité de l’eau potable a été modifié en mars 2021 pour fixer la concentration de plomb dans l’eau potable au maximum de 0,005 mg par litre. D’après la Ville-Centre, à Montréal, le plomb est testé régulièrement et des mesures sont prises au besoin.

Dans le domaine privé, les bâtiments les plus à risque seraient les maisons unifamiliales et les immeubles de moins de huit logements construits entre 1940 et 1955 et parfois jusque dans les années 1970. 

Plomb es-tu là ?

Daniel Côté, dans son logement d’un duplex des années 1950-1960, a montré au Journaldesvoisins.com comment procéder aux tests avec les outils fournis par la Ville-Centre.

Un pichet avec filtres pour assainir l’eau du robinet et un test de l’entreprise Zero Water, ressemblant à un test de grossesse avec un mini-afficheur numérique, sont installés sur la table de la salle à manger. Daniel Côté a décidé de faire quatre tests dans quatre verres de couleur différentes, dont voici les résultats.

Eau du robinet de la cuisine filtrée avec le filtre fourni par la ville - Taux de particules à 12 mg/L de solide solubles totaux (TDS)d'après le test fourni par la ville- Crédits Leila Fayet
Eau du robinet de la cuisine filtrée avec le filtre fourni par la ville – Taux de particules à 12 mg/L de solide solubles totaux (TDS)d’après le test fourni par la ville- Crédits Leila Fayet
  • L’eau du robinet de la cuisine filtrée (verre rose foncé) obtient une concentrationde 12 ppm (particules par million de particules d’eau) soit 12 mg/L solide solubles totaux (TDS);
  • L’eau du robinet de la cuisine non filtrée (verre orange) a 115 ppm ou 115 mg/L de TDS;
  • L’eau du robinet de la salle de bain non filtrée ( affiche 105 ppm ou 105 mg/L de TDS;
  • L’eau déminéralisée (eau pure) en laboratoire (verre rose clair)  ne contient aucuns TDS avec 0 ppm ou 0 mg/L;

Pour des raisons de lisibilité, dans la suite du texte, nous convertirons les ppm en mg/L

Eau déminéralisée à 0 mg/L d'après le test fourni par la ville - Crédit Leila Fayet
Eau déminéralisée à 0 mg/L d’après le test fourni par la ville – Crédit Leila Fayet

Grâce à ce système, Daniel Côté sait par exemple qu’il y a dans l’eau du robinet filtrée de la cuisine dans le verre rose foncé 12 mg/L de solides dissous totaux (TDS). La limite pour une eau potable est de 15 mg/L de solides dissous totaux(TDS) d’après la documentation du test.

Toutefois, avec ces tests, l’utilisateur ne peut pas connaître la nature de ces solides. S’agit-il de plomb, de cuivre, ou autres ? De plus, ce type de test ne possède pas le degré technique nécessaire pour mesurer la quantité de plomb dans l’eau. 

Plomb difficile à quantifier

Pour connaître la quantité de plomb dans l’eau, il faudrait que Daniel Côté soumette, contre une cinquantaine de dollars, les échantillons à un laboratoire agréé. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques propose une liste à jour des laboratoires accrédités à Montréal.

Ces laboratoires utilisent, entre autres, un appareil rassemblant à une énorme imprimante-photocopieuse, un spectromètre pour la spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif, ou ICP-MS. L’ICP-MS est une méthode physique d’analyse chimique complexe.

Quant à la Ville-Centre, elle teste l’eau prélevée dans son laboratoire au Service de l’environnement accrédité pour les analyses réglementaires de plomb dans l’eau, d’après Hugo Bourgoin, relationniste médias à la Ville-Centre. 

Travaux de tuyauterie

Montréal teste chaque année la présence de plomb dans l’eau potable à travers toute la ville. En cas de concentration de plomb trop importante, la Ville-Centre réalise les travaux nécessaires sur les entrées de service en plomb en même temps que les travaux d’infrastructure d’égout et d’aqueduc. À ce jour, une cinquantaine de tronçons de rue ont bénéficié de ces travaux dans l’arrondissement d’après Hugo Bourgoin.

Le JDV indiquait, entre autres, dans son article Conduites d’eau sur le domaine privé : plombées par un changement de règle comment reconnaître une entrée d’eau en plomb. Si les tuyaux de la propriété privée contiennent du plomb, les travaux à réaliser de l’entrée de service jusqu’aux robinets du logement sont aux frais du propriétaire. 

« La Ville de Montréal a bonifié son plan d’action afin que toutes les entrées de service en plomb du territoire de la Ville de Montréal soient remplacées d’ici à 2030, afin de diminuer l’exposition au plomb pour l’ensemble de la population » , précise Hugo Bourgoin de la Ville-Centre.

En attendant les travaux ou après les interventions, les résidants peuvent réduire la présence du plomb dans leur eau potable. 

Petits trucs pour faire baisser un peu la concentration de plomb

D’après le document : Le plomb dans l’eau : quoi faire?, le gouvernement du Québec recommande l’installation de systèmes d’élimination du plomb dans l’eau potable répondant à la norme NFS53. 

Selon le ministère de l’Agriculture, environnement et ressources naturelles, pour réduire la quantité de plomb dans l’eau potable, le mieux est de n’utiliser que de l’eau froide, laisser couler l’eau du robinet quelques minutes après qu’elle soit devenue froide avant de la consommer, de nettoyer régulièrement l’aérateur (petit filtre) du bec du robinet.

Mais toutes ces recommandations, suffisent-elles à atteindre un niveau sécuritaire quant à la concentration de plomb ?

En attendant… 

« Ce serait bien qu’après les travaux, on connaisse le taux de plomb chez nous. Avec les tests fournis par la Ville-Centre, je ne sais pas s’il y a du plomb et en quelle quantité, dans l’eau que je consomme », s’interroge Daniel Côté. 

 



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