, l’homme aida la femme menue à sortir de la boîte de collecte de dons Rue Gouin, sur la gauche de l’Église orthodoxe d'Antioche de la Vierge Marie, le long des cyprès, tête en bas, Crédit Photo : Courtoisie
Rue Gouin, sur la gauche de l’Église orthodoxe d’Antioche de la Vierge Marie, le long des cyprès,. (Photo: courtoisie)

« La première fois, que j’ai vu cette femme entrer dans la boîte de collecte de dons, j’ai cru que j’étais victime d’une illusion d’optique. La seconde fois, ce 7 décembre, j’ai su que cette scène incongrue était bien réelle », déclare au journaldesvoinsins.com ce témoin qui souhaite rester anonyme.

Une entrée incongrue et dangereuse

 Rue Gouin, sur la gauche de l’Église orthodoxe d’Antioche de la Vierge Marie, le long des cyprès, une femme s’accrochait à l’ouverture de la boîte de collecte. Poussée par un homme, elle a fini, tête la première, à l’intérieur de la boîte en fer.

De là, le témoin a vu des mains sortir de l’ouverture prévue normalement pour faire rentrer des dons. Dans ses mains, des vêtements. L’homme les prenait pour ensuite les charger dans son véhicule. Au bout d’un moment, l’homme aida la femme menue à sortir de la boîte, tête en bas, un bras de son comparse autour des épaules pour l’empêcher de s’écraser le nez au sol, l’autre bras autour de ses hanches et ses jambes pour accompagner cette sortie acrobatique.

Toutes les boîtes n’ont pas le même niveau de sécurité. Rentrer dans ce type de boîte en fer est dangereux. Journaldesvoisins.com avait d’ailleurs écrit un article sur ces dangers.

Bien que son organisme n’ait aucun lien avec cet événement, Robert Ladouceur, directeur développement projets et marchés, responsable du déploiement des centres de dépôts de la Fondation la Collecte des Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal, a répondu aux questions du JDV dans le cadre de cet article.

M. Ladouceur confirme la dangerosité de cette manoeuvre. Il précise par ailleurs que, dans le cas des boîtes de collecte utilisées par son organisme, des modifications ont été apportées aux boîtes pour éviter des accidents.

« Par contre, nos boîtes sont sécuritaires, mais on déconseille fortement d’y rentrer. Elles ont été conçues, suite à des accidents passés en Ontario et ailleurs, pour ne pas mettre la vie d’une personne adulte en danger. Les enfants sont trop petits pour se hisser dans la boîte. S’ils rentraient dedans, ils ne pourraient pas en ressortir. J’insiste, en aucun cas nous ne recommandons de rentrer dans nos boîtes », déclare M. Ladouceur.

Doublée d’un vol

Robert Ladouceur ajoute que ce qu’ont fait cet homme et cette femme, est ni plus ni moins que du vol. Les vêtements et objets donnés par la population, appartiennent au propriétaire de la boîte.

« On peut considérer l’intrusion dans une boîte de collecte de dons comme du vol de vêtements. La police peut intervenir dans cette situation en appelant le 911 », appuie Marlène Ouellette, porte-parole de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Sans autorisation, ni identification claire

Plusieurs boîtes de collecte de dons, dans Ahuntsic-Cartierville et ailleurs sur le territoire montréalais, ne sont pas facilement identifiables. Et il n’est pas facile de savoir si les autorisations ont été données.

Dans le cas de l’Église du boulevard Gouin, un porte-parole a mentionné que la boîte de collecte de dons y est depuis longtemps, mais il ne peut actuellement donner d’informations supplémentaires à cause de la fermeture des bureaux du lieu de culte en temps de confinement.

Mais à qui appartient cette boîte blanche que le couple a dévalisée ? Le JDV a appelé à plusieurs reprises l’entreprise Ekotex, dont le nom est affiché sur l’un des côtés de la boîte blanche. Jusqu’à ce jour, personne n’a décroché, ni rappelé.

Un autre bleue sur le parking de l'Église l’Église orthodoxe d'Antioche de la Vierge Marie, rue Grande-Allée. Elle appartient à l’organisme communautaire Services Communautaires pour Réfugiés et Immigrants (SCRI). Le nom de l’organisme est bien affiché sur la boîte. Le directeur de l’organisme - Crédit : courtoisie GoggleMap
Un autre boîte de collecte de dons sur le stationnement de l’Église l’Église orthodoxe d’Antioche de la Vierge Marie, rue Grande-Allée. Elle appartient à l’organisme communautaire Services Communautaires pour Réfugiés et Immigrants (SCRI). Le nom de l’organisme est bien affiché sur la boîte et répond aux appels. Les dons sont redistribués aux nouveaux arrivants et réfugiés – Photo: GoggleMap

Sur le terrain de l’église, il y a aujourd’hui deux boîtes de collecte, la blanche sur Gouin dans laquelle il y a eu «l’entrée par effraction» et une autre boîte, bleue celle-là, dans le stationnement, rue Grande-Allée. Cette dernière boîte appartient à l’organisme Services Communautaires pour Réfugiés et Immigrants (SCRI). Le nom de l’organisme est bien affiché sur la boîte.

Le directeur du SCRI, Miguel Arevalo, confirme que cette boîte appartient au SCRI. Les dons collectés dans cette boîte et dans les trois autres boîtes installées à l’église St-Jude, sur l’avenue d’Auteuil, sont directement redistribués aux nouveaux arrivants et aux réfugiés. Bien que la boîte bleue soit identifiée et que le SCRI dit avoir obtenu l’autorisation de l’Église, la blanche reste un mystère.

Comment savoir si nos dons serviront une bonne cause ou des intérêts privés ? M. Ladouceur, de la Fondation la Collecte Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal, propose d’observer les indices suivants.

« Tout d’abord, s’assurer qu’un nom d’organisme soit bien affiché sur la boîte, avec ses coordonnées. Ensuite, si vous avez des doutes, appeler le numéro. Si c’est illégal ou une entreprise à intérêt exclusivement privé, personne ne décrochera au téléphone, ni ne répondra aux courriels. Ensuite, si la boîte est située en bordure de route, ou encore sur des terrains vacants ou à l’abandon, ce n’est pas normal », conseille M. Ladouceur.

Robert Ladouceur pense qu’à Montréal, 600 à 700 boîtes sont installées frauduleusement. D’ailleurs, 24 boîtes ont été retirées par l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville en 2021, précise Marlene Ouellet.

Selon Jean-François Desgroseilliers, directeur de cabinet du bureau de la mairesse et des élu(e)s de l’arrondissement, les appels des citoyens sont relayés à l’équipe d’inspection. Cette dernière se rend sur place pour enquêter. Si la boîte est sur l’espace public, l’entreprise est avisée de déplacer sa boîte. Si elle ne répond pas, au bout d’un moment, l’équipe des travaux publics procède à l’enlèvement de la boîte.

 

Boîte de collecte de dons Ekotex, entreprise qui ne répond pas aux appels du JDV, Crédit photos : Courtoisie
Boîte de collecte de dons Ekotex, entreprise qui ne répond pas aux appels du JDV, Crédit photos : Courtoisie

« L’installation de boîtes de dons est […] illégale quand elles sont placées sans autorisation sur le domaine public. Les élu-es sont bien au fait de cette problématique et nos services ont, au cours de la dernière année, retiré plusieurs boîtes de dons qui se trouvaient sur le domaine public dans l’arrondissement », précise Jean-François Desgroseilliers.

Sans parler de nuisance, de responsabilité…

Le vol à l’intérieur d’une boîte de collecte de dons, tel que relaté par le citoyen qui a prévenu le JDV, ne constitue pas le seul méfait en regard de ces boîtes de dons.  Les équipes de la Fondation la Collecte des Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal, ont ramassé des dépôts sauvages faits autour des boîtes un peu partout à Montréal ; de 1000 à 1500 pneus, ainsi que des déchets, selon Robert Ladouceur.

« Deux équipes volantes de 1 à 2 personnes sont attribuées tous les jours, juste pour le ramassage des déchets, encombrants et autres que les gens déposent autour de nos boîtes. On trouve des canapés, des meubles, des matelas et même un lavabo. Avec notre camion, on les porte à l’Ecocentre. […] Si on devait enlever la boîte, cela couterait à peu près 3 000 $ pour reboucher le trou et tout remettre en état. La Ville ne le fait pas [ramasser les déchets] parce que nos boîtes sont sur des terrains privés », raconte M. Ladouceur.

En revanche, d’après Tamar Kantarjian, cheffe de division des communications et relations avec les citoyens de l’arrondissement, si les résidants signalent au 311 qu’il y a des déchets autour d’une boîte installée sur un terrain public, les inspecteurs de l’arrondissement vont intervenir. Le Règlement sur la propreté et sur la protection du domaine public gère ces situations, explique-t-elle.

Selon M. Ladouceur, les boîtes des Écocentre ne sont pas touchées par ce problème de déchets. Elles sont sur les terrains des Écocentres, lesquels sont clôturés et interdits d’accès aux heures de fermeture. Les gens ne peuvent pas déposer leurs déchets sans être vus et contrôlés par les employés.

L’arrondissement rappelle que le dépôt de conteneur à vêtements sur le domaine privé est autorisé à certaines conditions, et ce, en vertu du règlement d’urbanisme 01-274, voir articles 344 et suivants.

Boîte de collecte de dons de la Fondation la Collecte des Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal- Crédit : Courtoisie
Boîte de collecte de dons de la Fondation la Collecte des Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal- Crédit : Courtoisie

« Nous, on a les autorisations de la Ville et du propriétaire. On assume nos responsabilités, on paye la CSST, les permis, l’entretien, on enlève les dépôts sauvages. On a 44 employés pour gérer tout ça. Les boîtes illégales, c’est de la concurrence un peu vicieuse. Ça nous fait du tort. Certains arrondissements limitent l’implantation des boîtes. C’est sûr que tout mis bout à bout génère un manque à gagner pour redistribuer aux Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal », se désole M. Ladouceur.

… et de manque à gagner pour les Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal

Robert Ladouceur pense toutefois que la perte engendrée par les vols est résiduelle. Il estime la perte par le nombre de boîtes limitées par les arrondissements, par les frais d’enlèvements des déchets et par la ventilation de dons vers des boîtes à but exclusivement lucratif. Mais selon lui, grâce aux boîtes de l’organisme, depuis 1998, plus de 10 millions ont pu être redistribués aux Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal.

« En 2019, avec environ 700 000 $, c’est notre plus belle année. Depuis la pandémie les surplus générés par nos activités de récupération ont beaucoup diminué parce que les centres à qui on vendait habituellement étaient fermés, Renaissance et le Village des valeurs essentiellement. […] Il y a aussi les frais d’entreposage, comme nous sommes obligés de vider les boîtes, nous accumulons beaucoup de marchandises. Nous devons louer d’autres locaux pour stocker les dons, etc. », ajoute-t-il.

Les coûts de ramassage continuent, eux aussi, à tourner. Pour vider les boîtes dont elle dispose sur les terrains privés, l’organisme emploie une personne qui travaille sur un camion avec grue de 300 000 $, 24h/24h et 7j/7j. Les heures sont réparties sur trois personnes la semaine et deux personnes la fin de semaine.

« Sur l’arrondissement, on vide nos boîtes presque tous les jours, sauf celles des Écocentre qui sont vidées 2 à 3 fois par semaine. Grâce aux quatre boîtes semi-enfouies d’Ahuntsic-Cartierville, 2400 livres de dons par semaine sont collectées. Mais nous ne pouvons pas nous prononcer sur un prix, car cela dépend des prix du marché très fluctuants », précise M. Ladouceur.

Voici la liste des quatre boîtes de la Fondation la Collecte des Grands Frères Grandes Sœurs du Grand Montréal

  • Celle de l’Ecocentre Acadie (1200 Henri-Bourassa) installée depuis 10 ans, comme celle de l’Ecocentre ST-Laurent (3535 rue Sartelon).
  • Celle du Burger-King St Laurent (55 bd Crémazie O), une habituée de 20 ans, comme celle de la Place Fleury – Métroo Plus (1745 rue Fleury Est).

Si vous avez des doutes quant à la légalité d’une boîte de collecte de dons, ou aux manoeuvres faites par des individus pour s’approprier le contenu de l’un de ces boîtes, vous pouvez composer le 311 pour rapporter l’événement  et le 911, car d’une part il peut s’agir d’un vol et d’autre part il peut y avoir danger pour la personne.

 



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