Karine Boivin, directrice générale de Rêvanous, et François Michaud, un résident des Habitations Rêvanous. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Cet article est paru dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier de juin-juillet 2023, à la page 26.

Les Habitations Rêvanous, c’est un organisme ahuntsicois unique en son genre à Montréal. Il offre une gamme de services et d’activités visant l’autonomie et l’inclusion sociale des personnes vivant avec une déficience intellectuelle légère.

«Rêvanous ce sont les habitations, mais c’est aussi un centre de jour en semaine, des ateliers, un soutien communautaire et bien d’autres services», explique Karine Boivin, directrice générale depuis 2010.

Pour célébrer ses 20 ans, 20 capsules vidéos et 20 portraits photos sont visibles sur le compte Facebook de l’organisme. Une façon de briser les clichés et de célébrer la différence.

Les Habitations Rêvanous sont dans un immeuble de la rue Laverdure comptant 79 logements, dont 25 logements sont réservés aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle légère, et 54 unités logent des personnes de 55 ans et plus.

L’organisme propose également 14 logements dans des HLM du quartier. Créé en 2002 par un groupe de parents inquiets de l’avenir de leurs enfants vivant avec une déficience intellectuelle, Rêvanous est le seul organisme à proposer une prise en charge en autonomie et en mixité.

À l’origine, c’est dans le deuxième sous-sol d’un centre communautaire que les parents fondateurs recherchaient du financement et proposaient des activités. Objectif: permettre aux personnes vivant avec une déficience intellectuelle de mener une vie épanouie, et permettre aux parents de s’assurer que leur enfant ira bien, notamment après leur décès.

Vingt ans plus tard, Rêvanous compte 17 employés et 93 logements, et offre de nombreux services qui améliorent le quotidien de centaines de personnes.
Karine Boivin, directrice générale de Rêvanous. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

«Rêvanous grossit très vite et nous avons plus de 160 personnes sur liste d’attente, donc nous espérons pouvoir ouvrir de nouveaux logements», assure la directrice.

Un milieu qui change des vies

Les services de Rêvanous changent littéralement des vies, comme en témoigne François Michaud. Âgé de 53 ans il vit avec une déficience mentale légère depuis la naissance. Si sa condition est assez commune (elle concerne de 1 % à 3 % de la population québécoise), il a pourtant vécu un véritable parcours du combattant avant de trouver une certaine stabilité personnelle grâce à Rêvanous.

«J’ai eu mon premier appartement au CRDI [Centre de réadaptation en déficience intellectuelle] à 17 ans et demi. Au début j’étais très content d’avoir enfin mon intimité, mais j’avais très peu d’aide et le logement était à la limite de l’insalubrité, donc ça s’est avéré très compliqué», explique-t-il.

Difficile de trouver un chez soi lorsque l’on vit avec une déficience mentale et que l’on dépend de l’aide sociale. Les propriétaires sont en effet frileux à l’idée de louer leur bien à quelqu’un qui n’a pas de véritable salaire et les refus se succèdent. C’est finalement grâce à un éducateur du CRDI que François entend parler de Rêvanous.

«Je me suis mis sur la liste d’attente et j’ai attendu longtemps… Au début j’ai eu un appartement dans un HLM, mais là aussi ça s’est mal passé», déplore-t-il. Confronté au fléau des punaises de lit et à des soucis de santé, il fait des allées et venues entre son logement HLM et la maison de sa mère. Une situation qu’il vit «très mal».

François Michaud, résident des habitations Rêvanous. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Finalement, il y a trois ans, une place se libère enfin au sein des Habitations Rêvanous! «Je rêvais d’avoir un appartement ici, et ma mère aussi, donc j’ai vraiment été très heureux. Je me dis que toutes ces mauvaises expériences que j’ai vécues jusque-là on fait de moi qui je suis aujourd’hui et que c’est du passé», assure le fan de Madonna.

Des rêves plein la tête 

Il faut dire qu’il a déjà célébré ses 50 ans lorsqu’il s’installe aux Habitations Rêvanous. François a enfin trouvé sa place dans cette société qui a «bien évolué depuis les 30 dernières années», mais elle reste stigmatisante.

«Je me sens bien à Rêvanous; je suis très bien entouré, j’ai mon autonomie, mon intimité et toute l’aide dont j’ai besoin. Je me suis fait quelques amis et je participe aux activités de jour et à quelques activités de soir ou de fin de semaine. Maintenant que je suis ici je compte bien rester! Ça a changé ma vie, je veux me marier ici, vieillir ici et même mourir ici», souligne celui qui ne rate jamais la traditionnelle soirée du bingo.

Respirant la joie de vivre et doté d’un humour à toute épreuve, François veut croire à un avenir radieux bien entouré par la communauté des Habitations Rêvanous.

Les Habitations Rêvanous, rue Laverdure à l’angle de la rue Sauvé. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Cet article fait partie du dossier LOGEMENT du Journal des voisins de juin-juillet 2023, dont nous reproduirons plusieurs textes.



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