Le Québec fait face à plusieurs enjeux sociétaux à l’heure actuelle. L’inflation et la crise du logement concernent évidemment tout le monde, mais certaines parties de la population, un peu plus vulnérables, sont davantage touchées par ces phénomènes.
« Les problèmes sociétaux, c’est encore pire quand on a les barrières d’être un nouvel arrivant », explique Odélie Joly, coordonnatrice pour le service famille du Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants (CANA).
Voilà pourquoi le travail effectué par les intervenants auprès des jeunes nouveaux arrivants, en particulier dans les écoles, est plus important que jamais. Les classes d’accueil, dans lesquelles des jeunes provenant de nombreux pays apprennent notamment les bases du français afin de poursuivre leur parcours scolaire, sont donc cruciales.
Selon le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), six écoles d’Ahuntsic-Cartierville reçoivent un total de 332 élèves de l’accueil à l’heure actuelle. Il s’agit des écoles François-de-Laval, Gilles-Vigneault, Saint-André-Apôtre, Sainte-Odile, Saint-Antoine-Marie-Claret et Saints-Martyrs-Canadiens.
Pour Christian Lacombe, directeur de cette dernière école qui reçoit des nouveaux arrivants depuis maintenant quatre ans, il s’agit d’un gros avantage :
« C’est une richesse. On était très contents d’en recevoir parce qu’on croyait que c’était un plus pour l’école. »
Notons qu’afin d’éviter que les parents sans statut régulier choisissent de ne pas inscrire leurs enfants à l’école, la CSSDM ne recense pas les statuts de ses élèves.
Des embûches
M. Lacombe avoue toutefois qu’au cours des dernières années, la pandémie a créé son lot de défis. Les contacts étant limités entre les classes, il était plus difficile pour les élèves d’accueil de s’intégrer adéquatement.
Mais maintenant que la COVID semble être derrière nous, la tâche de l’école est facilitée. Des jeunes des classes d’accueil et de celles dites « régulières » se côtoient désormais durant les cours d’éducation physique et lors des sorties comme le cross-country.
Mme Joly, dont l’organisation œuvre directement auprès de jeunes dans trois écoles du quartier en offrant de la médiation culturelle, notamment Saints-Martyrs-Canadiens, révèle toutefois qu’il existe certains problèmes liés au soutien des élèves :
« Plusieurs jeunes ont des TDAH, ils sont sur le spectre de l’autisme ou ils ont accumulé certains retards au fil du temps dans leurs apprentissages. Certains ont aussi vécu de graves traumatismes dans leurs parcours. Parfois, on manque de ressources pour diagnostiquer tout ça et offrir le soutien nécessaire, d’autant plus que ce sont rarement des troubles identifiés dans les pays d’origine. »
Elle remarque aussi que malheureusement, les ressources se font souvent rares dans ces secteurs.
Éducation citoyenne
Outre les enjeux éducatifs, certaines barrières culturelles peuvent aussi avoir un impact sur l’intégration.
« Les jeunes proviennent tous de cultures différentes. On ne peut donc pas tenir pour acquis qu’ils savent tout, comme le fait qu’il y a une certaine heure pour manger et qu’on doit faire la file pour rentrer dans l’école, par exemple », explique M. Lacombe.
Le directeur ajoute que pour aider dans la traduction et l’intégration, certains élèves du régulier donnent un coup de main aux jeunes des classes d’accueil, lorsqu’ils parlent la même langue.
Au CANA, le service famille s’assure que les parents comprennent bien le système scolaire québécois et le rôle qu’ils ont à jouer dans le parcours éducatif de leurs enfants.
D’ailleurs, le 1er octobre dernier, le CANA a lancé son nouveau programme, « Samedis de m’amuser ». Des activités culturelles, sportives et culinaires, comme une sortie au Centre des sciences de Montréal, seront offertes gratuitement deux fois par mois. Pour Mme Joly, il s’agit d’une belle occasion pour que les parents et les jeunes tissent des liens entre eux.
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