Malgré leurs demandes et une tentative de conciliation avortée, les itinérants qui s’étaient installés au parc Basile-Routhier ont plié bagage. Ce jeudi 22 juin, tous étaient occupés à ranger leurs affaires afin de libérer les lieux à la suite de la mise en demeure de la mairie d’Ahuntsic-Cartierville.
Seul le bruit des oiseaux déchire le silence dans le parc Basile-Routhier ce jeudi matin. Une apparence paisible trahie par les gyrophares d’une voiture de la mairie d’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.
À la suite des plaintes de quelques habitants du quartier, le démantèlement du campement de sept itinérants répartis dans le parc a commencé.
Un départ «dans le calme»
Pour la mairie d’Ahuntsic-Cartierville, le démantèlement était inévitable. «Les campements ne sont pas une solution ni durable ni sécuritaire pour les personnes en situation d’itinérance. On a besoin de plus de places en refuge, et surtout de plus d’options de logements sociaux avec soutien communautaire. Pour nous c’est la véritable solution et on travaille à sensibiliser le gouvernement à cette réalité», déclare le cabinet de la mairesse Emilie Thuillier.
Rappelant que la métropole a octroyé «un montant exceptionnel de 14 millions de dollars pour soutenir les organismes et regroupements en itinérance», l’arrondissement assure travailler de concert avec les organismes communautaires. L’objectif étant de mener «ces opérations très délicates (…) avec une grande sensibilité et de façon graduelle». Un vœu réalisé dans le cas présent.
«Tout se passe bien et dans le calme. Ce sont des personnes que nous connaissons et que nous suivons. On les laisse ranger tranquillement. Il y a juste une femme qui n’est pas présente donc on attend un peu, et si elle ne revient pas on va sans doute stocker ses affaires pour qu’elle puisse les récupérer plus tard. On fait notre travail, mais on sait que c’est parfois tout ce qu’il leur reste…», explique l’un des deux policiers de l’Équipe de concertation communautaire et de rapprochement (ECCR).
Trois des sept itinérants étant déjà partis la veille, il ne restait que quatre tentes à 8 h ce jeudi 22 juin. Tous ont finalement accepté de quitter le parc, même si aucune solution ne leur a été offerte et qu’ils vont se contenter de replanter leur tente ailleurs.
«Je vais ramasser mon bazar et partir»
Même Scott DeRapp a capitulé. «Je suis en train de trier tout mon stock parce que je ne peux pas tout prendre. Beaucoup de gens m’ont dit de rester, c’est ce que je voulais faire, mais je vais ramasser mon bazar et partir», confie-t-il au Journal des voisins.
Il est vrai qu’au bout de plus d’un an à vivre ici, la barbe grisonnante et la casquette toujours vissée sur la tête, Scott DeRapp a eu tendance à amasser de nombreux objets. Livres, matelas de sol, provisions, couvertures, bâches…, souvent offerts par des habitants du quartier ou récupérés auprès de centres d’aide, emplissent une tente à eux seuls.
Heureusement, l’homme de 50 ans peut compter sur l’aide d’un compagnon d’infortune. Jean* (son nom a été modifié pour préserver son anonymat), dont la tente était plantée un peu plus loin la veille, lui prête en effet main forte. «Moi je n’ai pas grand-chose donc j’ai déjà tout rangé. Du coup j’aide Scott à ranger tout ça», affirme Jean, en balayant du regard la masse d’objets étalés devant la tente de son ami.
Armés d’une container poubelle de l’arrondissement, ils jettent tout le «superflu». «Il faut que tu te débarrasses de tout ça pour voyager léger, on ne sait jamais», lui conseille Jean. Lorsque l’avenir est incertain, on se rattache pourtant à toutes ces petites choses…
Scott DeRapp et Jean ont tous deux repéré leur «coin tranquille» pour établir leurs nouveaux campements dès ce jeudi soir. Deux lieux différents afin de ne pas attirer l’attention et, surtout, deux lieux qu’ils gardent secret. Leur crainte: être délogés une nouvelle fois.
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Bonjour,
Je tente de m’informer de cette situation qui ne semble pas appartenir à 2023…ne pas avoir de toit.merci de nous aider à réfléchir.
Comme le “pas dans ma cours” est fort, il pourrait être intéressant si le Journal des Voisins pouvait nous partager quelles sont les bonnes attitudes /actions à prendre si nous rencontrons ces personnes. Le parc Viel à maintenant aussi ces campeurs et je constate que mon premier réflexe balance entre la peur et vouloir aider.
Merci de m’aider à réfléchir comme citoyenne active de mon quartier