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Collège Ahuntsic. (Photo: archives JDV)

Début 2015, quatre étudiants du Collège Maisonneuve quittaient en catimini parents et amis pour s’enrôler en Syrie, semant la consternation dans tout le Québec. Depuis, même s’ils ne sont pas confrontés au quotidien à la radicalisation violente, les cégeps ont haussé leur niveau de vigilance, cela malgré l’absence d’une aide financière de Québec.

« On est tous conscients que ce qui s’est passé à Maisonneuve pourrait très bien se passer n’importe où », estime la directrice des affaires étudiantes au Collège Ahuntsic, Line Coulombe. Elle est d’avis que le Collège de Maisonneuve a « traversé une année d’enfer. On va se le dire, émotivement, c’est extrêmement difficile de passer à travers ça. »

Certains cégeps ont réagi au quart de tour, sans attendre que Québec débloque des budgets pour les épauler. « C’est sûr que, les collèges, on a subi les compressions du réseau collégial. Et là, étant donné cette situation-là, on veut être encore plus présents. Mais c’est précisément dans les ressources nécessaires qu’on a coupé il n’y a pas si longtemps », souligne Mme Coulombe.

Et elle n’est pas la seule à le déplorer. Le Collège de Bois-de-Boulogne écrit dans un récent communiqué : « Le Collège n’a accès à aucun fonds spécial provenant du gouvernement du Québec qui lui permettrait de soutenir ses efforts. Il travaille du mieux possible avec les ressources disponibles… En conséquence, le Collège ne dispose d’aucune ressource dédiée assurant le soutien et l’accompagnement psychosociaux dans le cas où un étudiant serait en voie de se radicaliser. Si cela arrivait, il n’aurait d’autre choix que de se tourner vers le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) ».

Une population étudiante fragile

« L’an passé, on ne s’est pas juste demandé : est-ce qu’on a des étudiants radicalisés chez nous? mais aussi : y a-t-il des étudiants que ça bouleverse? », expose Mme Cousineau. La directrice des Affaires étudiantes est d’avis que son établissement est fréquenté non pas tant par des immigrants que par des étudiants de deuxième génération, ceux-ci devant constamment trouver leur place entre des valeurs qui s’entrechoquent, celles de la culture parentale, issue d’un autre pays, et celle de notre société d’accueil.

Certains événements peuvent bouleverser un équilibre nouvellement acquis chez ces jeunes : « du jour au lendemain, le portrait médiatique change le regard que les gens portent sur toi. Ce n’est pas facile à vivre », croit-elle. Voilà pourquoi son service veut « préserver un espace de collégialité et éviter de polariser les gens ». Elle mentionne la campagne sur le port du « fameux hijab » et le débat autour de la charte des valeurs. « À un moment donné, c’est le genre d’affaire qui n’aide pas au mieux-vivre ensemble. Nous, on essaie ici, au collège, et pas juste ici, dans les collèges de Montréal, on a vraiment une préoccupation de vivre ensemble, de respecter les cultures de chacun. »

« Moi, je suis convaincue que chacun des petits gestes a un effet. Mais on n’est pas à l’abri pour autant; à Maisonneuve, je suis sûre qu’ils faisaient ce que nous faisons », résume-t-elle.



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