Martin Raymond, directeur de la SDS Itinérants
Martin Raymond, directeur de la SDS lors de la soirée d’information virtuelle sur le centre d’hébergement pour Itinérants à Ahuntsic-Cartierville. (Capture d’écran, JDV)

Malgré une opposition clairement exprimée par les riverains, la Ville semble déterminée pour aller de l’avant et installer un service d’hébergement pour itinérants à Ahuntsic-Cartierville.

La soirée d’information virtuelle, tenue le 3 juillet, a permis en un peu plus de deux heures et demie de débats d’explorer, sous pratiquement toutes ses coutures, le projet. Alors qu’il y avait presque 200 personnes en ligne, jusqu’à la dernière question des citoyens, le propos ne fléchissait pas. Ce n’est pas au milieu des résidences, près des écoles et des CPE qu’on peut installer une telle ressource. Ce n’est pas le bon endroit.

Pour les élus, changer de place signifierait le déplacement du problème.

«La Ville évalue diverses opportunités et c’est très difficile, voire impossible, d’avoir un endroit qui n’est pas à proximité d’une institution scolaire, d’un CPE ou autre», a relevé Robert Beaudry, responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal.

La même analyse est faite par la mairesse de l’arrondissement Emilie Thuillier. Il y a des écoles et des CPE partout.

Il n’est pas question non plus d’installer une telle ressource dans un secteur industriel, à l’abri des regards, comme le suggérait une citoyenne. Le danger de vivre dans une telle zone est valable autant pour les citoyens ordinaires que pour les itinérants a souligné M. Beaudry.

En quête d’écoute

Les citoyens comme les représentants de certaines entités ont déploré l’absence de consultation et le peu d’information, au lancement du projet.

Au nom du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, qui couvre Ahuntsic-Cartierville, une cadre a indiqué que son institution n’a pas été consultée plus que les citoyens.

«J’ai appris [l’ouverture du service] comme les citoyens et comme le CIUSSS, par les journaux», a renchéri André A. Morin, député provincial de l’Acadie.

Rejet catégorique

Depuis l’annonce de l’ouverture du centre d’hébergement, les riverains s’expriment. Au moins trois pétitions circulent. L’une d’elles a été déposée le 2 juillet au conseil d’arrondissement avec près de 1000 signatures pour demander un moratoire sur l’ouverture de ce centre. Une autre a été lancée par le député de l’Acadie André A. Morin pour demander l’intervention du gouvernement. Une troisième à l’initiative d’un citoyen sur change.org rejette le projet.

La Ville doit louer, dès août et pour quatre mois — avant d’en faire l’acquisition définitive — le Pavillon des bâtisseurs au 11810, avenue du Bois-de-Boulogne qui appartient à la fondation Gracia, dans le quartier Nouveau-Bordeaux. Elle veut y héberger une cinquantaine de personnes en situation d’itinérance. Cette ressource s’installe au nord de la ville, quand une autre ferme à Verdun, à la fin du mois, pour être convertie en logements abordables. Ce site d’hébergement, qui avait également suscité les craintes des riverains, avait servi à relocaliser les gens qui étaient logés au complexe Guy-Favreau durant la pandémie.

«Ce n’est pas un nouveau Guy-Favreau qu’on ouvre à Ahuntsic-Cartierville», précise Emilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement.

Martin Raymond, directeur de la Société de développement social (SDS) qui gère la ressource de Verdun et qui sera l’opérateur de la bâtisse à Ahuntsic-Cartierville se défend de dire que c’est un déménagement d’itinérants d’un quartier à un autre.

«Pour moi, on est capable de donner une nouvelle couleur positive. J’ai vu dans d’autres lieux qu’on a opérés, de belles pratiques, où des gens du quartier se sont mobilisés pour faire des collectes de vêtements, donner de la nourriture», dit-il.

Les citoyens qui se sont exprimés ont justifié leurs craintes en rappelant des situations problématiques, notamment celles vécues à Saint-Henri.

Dans ce quartier a été ouverte la maison Benoît-Labre, un centre d’injection et d’inhalation supervisées à côté d’une école primaire.

«On parle ici d’un service d’hébergement d’urgence, et non pas d’un service de traitement des dépendances ou d’un centre d’injection supervisé ou d’inhalation», a martelé M. Beaudry.

À Longueuil, des itinérants qui ne trouvaient pas de place dans une ressource d’aide, La Halte du Coin, ont tout simplement campé à proximité, a rappelé un riverain.

«Si nous n’avons plus de place dans notre ressource, nous nous assurons que la personne a mangé et qu’elle n’a besoin de rien. Nous allons l’aider à se trouver une nouvelle ressource», a relaté le directeur de la SDS.

Son organisme a accès à un fichier de coordonnées des lieux qui peuvent accueillir les personnes.

«Il nous arrive de donner des tickets de métro, voire même accompagner jusqu’au métro pour s’assurer qu’ils ne se perdent pas en chemin. On ne ferme pas la porte et on dit « Arrange-toi »», a-t-il affirmé.

Pavillon des bâtisseurs PR (2) Itinérants
Le Pavillon des Bâtisseurs, avenue du Bois-de-Boulogne. (Photo: Philippe Rachiele, JDV)

Attention particulière

«Nous croyons qu’il y a des enjeux au niveau du sentiment de sécurité. Votre service de police va être présent pour vous rassurer, pour assurer la quiétude» a promis Jean-Michel Brunet, commandant du Poste de quartier (PDQ) 27, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Même s’il n’y aura pas une voiture de police dans la rue en permanence, le lieu bénéficiera d’une attention soutenue.

M. Raymond et les élus présents promettent la mise en place de brigades de médiation sociale. Elles surveillent les alentours, identifient les endroits où les gens pourraient se cacher pour consommer. Des bacs de récupération de seringues pourraient être installés. Du porte-à-porte permettra de diffuser des numéros de téléphone et des adresses courriel pour s’adresser aux instances concernées en cas de problèmes. Un comité de bon voisinage devrait également voir le jour.

Martin Raymond, directeur du SDS assure que tout sera fait pour favoriser une cohabitation optimale. Une organisation des heures de déjeuner et de dîner pour éviter que les gens hébergés croisent les enfants dans la rue par exemple.



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AJ Soma
AJ Soma
5 Mois

Les bâtiments que la ville possède dans le quartier “industriel “ et dont on fait référence se trouvent dans le secteur Chabanel, qui n’est pas à vraiment dire un endroit isolé ou dangereux puisque les bureaux de la mairie se trouvent eux-mêmes au 555 Chabanel !!

Entre autres bâtiments il y a ceux situés au l999, 973, 969, 959, et 955 Louvain est … en localisant le centre près de leurs bureaux, Mme Thuillier et Mme Goulet pourraient ainsi montrer l’’example en vivant dans leur quotidien la mixité sociale et la lutte a la discrimination systémique. Ce dernier point est un critère dans l’évaluation du projet selon la grille d’analyse Montréal 2030 !!

Aussi, aucun bail ni promesse d’achat n’est signé entre la ville et la Fondation Gracia. De ce fait, la loi 26 des municipalités ne s’applique pas à ce bâtiment puisque le Ville n’est pas propriétaire. Donnant du poids à la demande des citoyens de faire une consultation/ référendum avec les voisins du centre !!

Dernière modification 5 Mois par AJ Soma
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