Cet article est tiré du numéro de la rentrée du Journal des voisins (version imprimée) dont le dossier principal est consacré au climat.

«Mon véhicule a été emprunté une soixantaine de fois sur la plateforme; en règle générale, pour de courts trajets, environ 50 km ou moins.» – Gilles Lemay, pharmacien, utilisateur de LocoMotion.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), des solutions locales d’autopartage se mettent en place telles que LocoMotion Ahuntsic, un organisme à but non lucratif (OBNL) créé par un comité de bénévoles animé par Ahuncycle. Objectif : réduire le nombre de véhicules dans l’arrondissement en limitant les effets négatifs de «l’auto solo» sur le climat.

Depuis l’hiver 2019, 772 personnes résidant à Ahuntsic-Cartierville se sont inscrites sur la plateforme LocoMotion. La part des Ahuntsicois représente «37 % des partages de tout le réseau montréalais [4871 sur 13 207]», révèle Magalie Paquet, responsable de la communication à LocoMotion.

Sandra Bordeleau fait partie de la centaine d’usagers actifs. Cette quinquagénaire, adjointe administrative dans une entreprise de construction, utilise la plateforme à peu près une fois tous les deux mois, depuis un an.

Sensible à la cause environnementale, celle qui ne conduit plus d’auto depuis une dizaine d’années a choisi cette option après avoir étudié toutes les possibilités.

«Pour Communauto, un abonnement était suggéré et je souhaitais plus de liberté. Et puis j’ai compris qu’avec LocoMotion, des voisins prêtaient leur véhicule dans l’optique de réduire le parc automobile, cela m’a séduite. C’était plus avantageux aussi, car l’auto que j’emprunte est électrique. Par conséquent, je ne paye pas le carburant.»

Craintes levées

Au départ, Sandra avait quelques réticences, vite levées par l’épouse du propriétaire du véhicule. «Elle m’a mise à l’aise. J’avais peur d’abîmer leur auto et je ne savais pas quelle assurance allait être utilisée. Elle m’a expliqué que l’un des emprunteurs avait eu un accident avec leur véhicule et que Desjardins, qui couvre les réparations des usagers de LocoMotion, avait tout pris en charge, sauf la franchise [imputée au responsable de la collision].»

D’autres freins existent. La politique de confidentialité de l’OBNL en lève quelques-uns.

«Les informations de preuve pour identité et résidence ne sont accessibles qu’aux administrateurs de communauté, qui ont signé une entente de confidentialité, et aux employés de LocoMotion, qui ont fait de même avec leur contrat de travail», rassure Magalie Paquet.

Une application plus sécuritaire promet aussi de limiter l’échange de données. Quant aux dossiers des emprunteurs, ils sont étudiés minutieusement : un conducteur qui a eu beaucoup de sinistres ne peut pas s’inscrire.

«95 % du temps, les véhicules sont stationnés et ne servent à personne! Avec la plateforme, ma voiture est davantage utilisée», se réjouit Gilles Lemay, un pharmacien, propriétaire d’un véhicule électrique disponible sur le site d’autopartage depuis novembre 2021.

Une compensation

Chaque propriétaire d’auto reçoit une compensation correspondant aux frais d’utilisation.

«Au début, c’était ridicule, se rappelle Gilles. Une personne avait emprunté notre véhicule pendant deux ou trois heures pour aller à l’aéroport et nous avions reçu environ trois dollars à titre de compensation.» Beaucoup moins onéreux, en effet, qu’une course en taxi ou un ticket de bus!

Depuis, ces rémunérations ont été révisées.

«Pas de limite de kilométrage ni de durée, ajoute le pharmacien qui se rend à vélo sur son lieu de travail, situé à Rosemont, et rend ainsi son véhicule disponible très souvent en semaine.»

Une bonne affaire pour l’emprunteur !

«Les tarifs sont concurrentiels», selon lui. Depuis plusieurs mois, un fidèle « client » lui emprunte son véhicule régulièrement, deux ou trois fois par mois, pour effectuer à peu près 150 km. «Je reçois, à chaque fois, environ 40 $ et je ne fais pas payer le carburant, car mon auto est électrique et autonome durant 400 km. 1.50$ de recharge à domicile équivaut à environ 100 km en été. Pour 400 km cela coûte 6$, précise-t-il. Et évidemment, c’est plus dispendieux si la personne se recharge sur une borne du circuit électrique.»

Les tarifs de LocoMotion. Photo : capture d’écran, site Web LocoMotion
Pas assez d’emprunteurs

Si l’objectif premier de Gilles et de la plupart des propriétaires de véhicules mis à disposition via la plateforme est de réduire le nombre de véhicules dans la ville, ce partage permet aussi de tisser des liens avec des gens de l’entourage. À ceux qui ont des craintes pour leur véhicule, Gilles explique qu’il ne s’agit pas d’un emprunt anonyme. «La personne qui emprunte le véhicule en prend soin et reste prudente, car elle connaît le propriétaire.»

Bien que très concurrentiel, ce service souffre d’un manque de notoriété. Les emprunteurs utilisent davantage les 25 remorques et vélos mis à disposition par Ahuncycle. Mais peu savent qu’il est possible d’emprunter des automobiles.

Les défis sont nombreux

Si l’assurance voiture est prise en charge par Desjardins et LocoMotion, «les vélos et les remorques ne le sont pas, car aucun assureur ne souhaite le faire, sur 12 contactés», regrette Frédéric Bataille, porte-parole d’Ahuncycle.

Financement menacé?

À quoi servent les dons sollicités par LocoMotion? La réponse se trouve ici : https://info.locomotion.app/impact-de-votre-don. Néanmoins, ce modèle financier semble fragile à l’heure actuelle.

D’une part, l’assurance Desjardins est répercutée à chaque trajet dans le prix proposé aux membres. D’autre part, LocoMotion Ahuntsic ne sera plus financée dans quelques mois. « Nous recevons quelques dons des participants, mais ça ne couvre pas les frais de réparation », alerte Frédéric Bataille, porte-parole d’Ahuncycle. À terme, sans financement, le projet pourrait s’arrêter, selon lui.

Gilles Lemay propose, pour sa part, une solution afin de pérenniser le dispositif. Il suffirait de le rendre disponible à tous les automobilistes sans limites territoriales. «J’aimerais que nos voitures soient mises à la disposition de tous les Montréalais.»

Nouveau comité

LocoMotion Ahuntsic a besoin d’un comité pour soutenir l’organisation dans le quartier. Les résidents et résidentes que cela intéresse peuvent contacter Maude Lapointe (mlapointe803@gmail.com).



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Vous pourriez aussi aimer ces articles
Budget participatif Projet Ligne verte Millen

Budget participatif, 12 projets concernent Ahuntsic-Cartierville

Les résidents de Montréal âgés de 12 ans et plus ont jusqu’au…
Conseil d'arrondissement du 2 juillet 2024

Cinq choses à savoir du conseil d’arrondissement du 2 juillet

Le dernier conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, avant la pause de l’été, aura été…

Les brèves de la semaine dans Ahuntsic-Cartierville – 26 août

Chaque lundi, le Journal des voisins fait le tour des nouvelles à…

Quel avenir pour le logement à Ahuntsic-Cartierville?

Les prochains Rendez-vous citoyens du Journal des voisins (JDV) auront lieu le…