Jocelyn Duff présente le personnage de Jacques Cartier lors d’une conférence organisée en octobre 2024. Photo : JDV / Clarence Robitaille-Meloche

Lors de sa conférence du 10 octobre, au Café de Da, situé à Ahuntsic-Cartierville, Jocelyn Duff, architecte à la retraite, a présenté son hypothèse à propos du lieu précis d’arrivée de Jacques Cartier en Amérique du Nord en 1535.

Passionné d’histoire depuis toujours, M. Duff rejoint la SHAC [Société d’histoire d’Ahuntsic-Cartierville] en 2017 après une mobilisation pour sauver le terrain de Fort-Lorette et ses richesses patrimoniales. Jocelyn Duff consacre maintenant son temps à l’étude historique de Montréal. Il s’intéresse principalement à la question de l’arrivée de Jacques Cartier dans le village d’Hochelaga.

Encore aujourd’hui, la question de l’endroit précis où Jacques Cartier a débarqué en arrivant en Amérique du Nord cause des débats : «Il y a la moitié des historiens qui croient que Jacques Cartier […] a débarqué sur le Saint-Laurent et [les autres] qui croient qu’il a débarqué au Sault-au-Récollet [Rivière-des-Prairies]».

Duff explique que, selon la version officielle, l’explorateur français serait arrivé en 1535 dans ce grand village iroquoien qu’était Hochelaga. Il serait passé par le courant [rivière] Sainte-Marie. Il existe encore une plaque commémorative datant de 1925 sur le terrain de l’Université McGill. Cependant, aucune preuve tangible ne prouve l’emplacement exact d’Hochelaga. Jacques Cartier ne savait même pas que Montréal était une île.

Pourquoi s’intéresser à cette question?

Jocelyn Duff considère comme essentiel de s’intéresser à cette question parce que c’est le point de départ de l’histoire du Québec. Selon lui, savoir d’où l’on vient et comment nous sommes arrivés là où nous sommes est essentiel pour comprendre notre identité.

De plus, dans un contexte sociopolitique tentant d’encourager la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada, la découverte de l’endroit précis où Jacques Cartier a accosté en 1535 permettrait de situer correctement Hochelaga.

L’importance de l’interdisciplinarité dans les recherches historiques

Jocelyn Duff, grand passionné d’histoire, n’hésite pas à faire appel à plusieurs disciplines différentes pour effectuer des recherches plus abouties. Ses compétences d’architecte le rendent à l’aise avec la géographie et les mathématiques. C’est ce qui lui permet d’étudier plus facilement les cartes et donc les différents trajets possibles empruntés par Jacques Cartier.

M. Duff souligne également l’importance de la langue dans ses recherches. Le français a beaucoup évolué entre 1535 et aujourd’hui, même entre 1535 et 1606 [l’année où Samuel de Champlain a entrepris le voyage jusqu’au Nouveau-Continent].

De plus, certains termes ont plusieurs significations et connotations, ce qui change tout le sens des récits de voyage de Jacques Cartier. Pour tenter de saisir toutes les nuances possibles d’un même terme, Jocelyn Duff a obtenu l’aide du département de linguistique de l’Université de Montréal. Cette analyse linguistique vient changer le sens, à certains niveaux, de la version officielle défendue par les historiens. Par exemple, le mot «lieue» [unité de mesure des distances] est employé à plusieurs endroits dans les écrits historiques, mais «à l’époque de Cartier, il y avait une douzaine de valeurs de lieues». Il faut donc rechercher quelle valeur de lieue l’explorateur français utilisait.

La résistance des experts

Selon Jocelyn Duff, certains experts (historiens, chercheurs, universitaires, anthropologues, archéologues, etc.) éprouvent beaucoup de difficultés à revisiter la version officielle de l’histoire. En dépit du fait que les preuves manquent et que des éléments tangibles permettent de la mettre en doute.

«Quand les gens ont travaillé [sur ce sujet] pendant longtemps et que je viens apporter un élément nouveau qui viendrait bouleverser tout ce qu’ils ont dit et publié avant, à la limite, c’est presque choquant», se convainc-t-il. Ainsi, selon lui, ces experts protégeraient leur théorie.

Jocelyn Duff rappelle que l’histoire n’est pas une science exacte et qu’il est possible de se tromper. Bien qu’il ne soit pas historien de profession, les recherches poussées qu’il a menées dans une démarche interdisciplinaire et l’aide apportée par d’autres lui ont permis de construire et d’appuyer sa théorie.



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