Personne éminente de l’histoire d’Ahuntsic au siècle précédent, Trefflé Bastien (1857-1925), premier conseiller d’Ahuntsic à Montréal, a été honoré dans le parc Nicolas-Viel, terrain dont il fut propriétaire avec l’inauguration de deux affiches, 100 ans après sa disparition. Une cérémonie organisée par la Société de l’histoire d’Ahuntsic-Cartierville (SHAC) avec la collaboration de son arrière-petit-fils, Pierre Gravel, et en présence des élus de l’arrondissement.
Il n’eut point besoin de la Marquise, salle de danse d’alors dans laquelle la famille Bastien et ses convives s’évadaient, ce jeudi 14 août 2025. Sous les arbres du parc Nicolas-Viel, pieds dans le gazon, les descendants de Trefflé Bastien et leurs convives du jour ont pu s’évader à travers quelques récits retraçant l’implication du premier échevin (conseiller) du quartier d’Ahuntsic — élu pour la première fois en 1910 — à Montréal dans l’essor de l’arrondissement.
Un bâtisseur
La transformation d’Ahuntsic en zone résidentielle vient de lui. En effet, le 9 juillet 1914, Trefflé Bastien propose en troisième lecture au conseil municipal un nouveau règlement de construction pour faire d’Ahuntsic un district résidentiel. Entrepreneur en construction, monsieur Bastien réalise de nombreux travaux publics pour la ville de Montréal, dont le réseau d’aqueduc et d’égouts.
« Les conduits que change la ville ont entre 100 et 125 ans», souligne Nathalie Goulet, conseillère de la Ville du district d’Ahuntsic, dans son allocution. « Je pense que ce sont probablement ses conduits que nous remplaçons maintenant. C’était un bel ouvrage. Il a duré tout ce temps-là», poursuit-elle, admirative.
Native du quartier, Nathalie Goulet se réjouit de cette initiative qui fait revivre l’histoire locale.
Un legs qui a pris naissance il y a 5 ans
Au moment où elle recevait ce fond de legs, la SHAC envisageait déjà d’organiser une cérémonie commémorative. Cependant, l’organisme trop jeune en ce moment manquait de ressources : personnel, local. De plus, il y a eu la pandémie de Covid-19 qui a mis en berne toutes les activités, rappelle Jacques Lebleu, président du conseil d’administration de la SHAC.
Le donateur, Pierre Gravel, réside depuis quelques années à Toronto. Il a exprimé son émotion de revenir sur ce terrain de son enfance. Une présence qui a ravivé beaucoup de souvenirs en lui.
« Mon père et mon grand-père avaient accumulé beaucoup de choses : des films, des photos, des cahiers d’histoires et de nombreux autres documents. J’ai remis cette documentation à la Société d’histoire il y a 5 ans. À cette époque, elle l’a considérée comme un gain au 6/49. »
La SHAC se réjouit de la grande valeur de ces archives. Elle continue, d’ailleurs, à analyser l’ensemble de cette documentation.
« On a trouvé un document qui montre la trace d’une traverse alimentée par des chevaux près du pont Viau. Cela va nécessiter qu’on fasse des fouilles pour comprendre l’histoire», indique Jacques Lebleu.
Toute une histoire
Des milliers de personnes fréquentent le parc Nicolas-Viel. Ils y jouent au tennis, circulent à vélo et font des activités familiales. Toutefois, souvent, on ignore l’histoire de cette remarquable clôture et globalement l’historique du parc.
« La SHAC et monsieur Gravel, à travers son legs, nous permettent de connaître le passé de cette famille et du parc Nicloas-Viel. D’autant plus que Trefflé Bastien a été aussi une autorité publique et une figure importante pour Ahuntsic », analyse le député provincial de l’Acadie, André Morin.
Quand une personne âgée s’éteint, dit-on, c’est une bibliothèque qui brûle. Toutefois, avec le legs de Pierre Gravel à la SHAC, ce pan de l’histoire familiale qui impacte celle de l’arrondissement pourra échapper aux flammes de l’oubli et traverser le temps.
Les deux affiches historiques installées dans le parc Nicolas-Viel se trouvent sur la grille du court de tennis.
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