Une murale traitant d’immigration au parc Marcelin-Wilson. Photo : Amine Esseghir / JDV

Aînée d’un immigrant français et d’une Québécoise, j’étais impatiente d’arriver à l’école. Mon sac était prêt depuis des semaines, ma tunique bleue et mon chemisier blanc avaient été soigneusement repassés par ma mère, et, malgré ma grande timidité, je me disais : « Ça va enfin boumer ! ».

Je ne perdis pas une miette de ma première journée ni n’en perdis aucune des années qui ont suivi. Mais au retour de l’école ce jour-là, quelle ne fut pas la surprise de mes parents de m’entendre m’efforcer de parler au « toé » et au « moé ». À la campagne, le plus souvent entourée par mes parents, mes jeunes frères et mes cousins, je vivais en vase clos. J’avais découvert ce jour-là dans le regard des autres… que j’avais un accent, et j’avais cherché, maladroitement, naturellement, à m’intégrer.

Nous sommes tous des immigrants

 Lorsque les premiers Français sont arrivés dans leurs petits bateaux de bois, les Autochtones qui occupaient le territoire leur ont appris à se soigner, à se couvrir. Il n’était pas rare à l’époque de cohabiter avec eux, d’apprendre leurs langues, de construire des raquettes et des canots, et même d’engendrer ou d’adopter des enfants… Bref, ils s’intégraient.

Le territoire était grand et peu peuplé. C’était il y a environ 19 générations de cela. Et cela dura plus de 200 ans, pendant lesquels environ 35 000 Français de différentes régions convergèrent. Environ 15 000 d’entre eux s’y étaient établis en 1765.

Comme francophones d’Amérique, nous avons vécu le colonialisme, d’abord de la France, notre mère patrie, puis celui de la Grande-Bretagne, le conquérant. Nous avons vécu le racisme, le mépris, l’exclusion, tout en renforçant notre volonté de vivre en paix, libérés de ces vieilles structures.

La murale au parc de Louisbourg. Photo : Amine Esseghir / JDV

Notre langue en partage

Après ces grandes migrations de Français et de Britanniques en Amérique du Nord déferlèrent de très nombreuses vagues d’immigrants. Le Québec n’y échappa pas. Polonais, Ukrainiens, Italiens, Portugais, Chinois et, plus récemment, Vietnamiens, Haïtiens, Magrébins, Africains… Les visages de l’immigration changent.

Au Québec, nous offrons aux arrivants notre langue en partage. Et avec elle, notre histoire, nos valeurs, notre savoir-vivre ensemble. Ce vivre ensemble que 19 générations d’immigrants ont façonné, enrichi de leurs couleurs à travers le temps. C’est à cette intégration que ceux qui sont arrivés avant invitent les nouveaux arrivants. Merci de nous avoir rejoints. Vous êtes les bienvenus.

Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’août 2025.



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