
Nous ne l’avions pas prévu, mais si c’était un rendez-vous, nous serions arrivés pile à l’heure. Le gouvernement du Québec lance cet automne une grande consultation sur la planification pluriannuelle de l’immigration 2026-2029. Pour un journal qui couvre un arrondissement qui s’affirme de plus en plus par sa diversité, notre dossier arrive dans un heureux alignement des étoiles.
L’expérience, l’histoire et l’économie nous le répètent : un Québec sans immigration, c’est comme une poutine sans fromage en grains. Ça peut sembler correct au premier coup d’œil, mais ça manque de saveur et ça ne fait pas « squick squick » sous la dent. Reste à trouver la bonne quantité de fromage.
Lorsque le débat se tient dans la sérénité, poser la question du nombre d’immigrants à recevoir n’a rien d’une insulte. Chercher le chiffre juste sans accabler les nouveaux arrivants de tous les maux est même un exercice salutaire. Car l’immigration demeure ce petit supplément d’âme – et de sauce piquante – qui fait du Québec et d’Ahuntsic-Cartierville un endroit où l’on peut entendre, sur un même trottoir, un « tabarnouche » retentissant, un « salam aleikoum » chantant et un « Koman ou ye zanmi mwen ? » tout sourire.
Autant de langues qui se croisent dans nos quartiers, ce sont autant d’espoirs de vies meilleures que les Québécois au cœur grand comme leur fleuve accueillent. Il y a bien quelques ronchons qui trouvent que nous sommes trop nombreux à vouloir notre part du sirop d’érable, mais la majorité reçoit à bras ouverts dans ce grand pays solitaire où l’on crie avant de se taire :
Les Québécois savent qu’un immigrant, ce n’est pas qu’une statistique. C’est aussi bien une voisine qui fait découvrir les 1000 sauces de couscous algérien qu’un collègue qui sauve la mise en triturant un ordinateur. Et pour la plupart des immigrants, vivre au Québec n’est pas un sacrifice. Bien sûr, ils découvrent qu’ils ont un accent et apprennent, surpris, qu’un « char », ce n’est pas pour faire la guerre. Quant aux froids sibériens – qui sont en fait canadiens – ils offrent la joie pure de se garrocher dans la neige en riant comme un enfant.
L’immigration, ce n’est pas que les difficultés à s’intégrer, pour une première génération. C’est également l’histoire du Québec qui s’écrit au présent. C’est l’avenir qui se façonne quand les enfants et les petits-enfants créent des entreprises, écrivent ou innovent quand ils n’inventent pas la poutine fusion.
L’immigration au Québec n’est pas une menace. C’est un festival permanent où l’on ajoute des instruments à l’orchestre… pour chanter en français.
Cet article a été publié dans la version papier du JDV d’août 2025.
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