
Rires, larmes, témoignages et discussions ont marqué la Nuit des sans-abris (NSA) dans Ahuntsic-Cartierville. Le 16 octobre restera gravé dans la mémoire de plusieurs.
Chaque 3e vendredi du mois d’octobre se déroule la NSA. À travers le Québec entier, plusieurs soirées sont organisées en solidarité avec les personnes en situation d’itinérance.
Cette année, c’est au plein cœur du parc Basile-Routhier que s’est produite la NSA dans Ahuntsic-Cartierville. Cet évènement est le fruit du travail de l’organisme communautaire Rue Action Prévention Jeunesse (RAP Jeunesse).
« C’est une soirée pour eux »
Une quarantaine de personnes se sont réunies sous un ciel à 10 degrés pour l’occasion. Malgré la froideur d’octobre, l’ambiance chaleureuse s’est rapidement fait sentir sur place. Les petits comme les grands semblaient tous se réjouir de participer à cette soirée.
À travers de nombreuses prises de paroles, les personnes en situation d’itinérance ont su partager leur vécu. Après chaque performance, les applaudissements, les cris de joie et les mots d’encouragement ne cessaient de se faire entendre.
Félix Biot, coordonnateur de l’évènement et agent de médiation à RAP Jeunesse, souligne que la NSA est une opportunité pour les personnes en situation d’itinérance de se rassembler. « C’est une soirée pour eux, une nuit pour eux », admet M. Biot.
Le public était également bienvenu et semblait tout aussi curieux d’en apprendre plus sur la réalité de l’itinérance. M. Biot est d’avis qu’une telle initiative permet aux citoyens de voir l’itinérance sous un autre œil.
« C’est vraiment une occasion pour eux de se sensibiliser et de prendre connaissance qu’on est tous des humains, on est tous des citoyens québécois, montréalais, canadiens, mais qu’il y a pour tous des circonstances qui font en sorte qu’on n’a pas les mêmes chances, le même tissu social, filet social pour nous protéger », estime-t-il.
Déconstruire les préjugés
La NSA est un lieu d’échange, permettant aux personnes de partager les faces cachées de l’itinérance. C’est notamment ce que souhaite faire Éric Gravel, usager des services de RAP Jeunesse et qui vit en situation d’itinérance depuis maintenant 15 ans. Après avoir traversé des problèmes de logements et des relations amoureuses difficiles, il alterne aujourd’hui entre les refuges et la rue.
Éric déplore la situation actuelle de l’itinérance à Montréal. En plus, de faire face à des ressources qui sont au maximum de leur capacité, il est, comme plusieurs, souvent confronté à des jugements négatifs : « Tu es sans-abri, le monde va te critiquer, te cracher dessus et te manquer de respect. »
Il poursuit en expliquant que certains vont assumer qu’ils sont « drogués », tout simplement parce qu’ils vivent dans la rue. « Ce n’est pas une histoire de drogue. Le coût de la vie au Québec coûte tellement cher », déclare-t-il.
Le constat que présente Éric est également partagé par Daniel Bouchard, qui lui aussi est en situation d’itinérance. Daniel indique que les passants vont toujours le regarder de haut comme s’il était « de la marde ».
Espérer le changement
Éric et Daniel trouvent réconfort lors des évènements comme la NSA, où ils peuvent se réunir avec leur famille qu’ils ont réussi à bâtir au fil des années. Dans un espace comme celui-ci, personne ne juge ni ne critique.
Tous les deux souhaitent que les Montréalais cessent d’avoir une opinion négative à l’égard des personnes en situation d’itinérance. « Ça ne veut pas dire que parce que toi tu es en haut de la pyramide que je ne l’ai jamais été non plus avant », témoigne Daniel.
M. Biot considère qu’il faut continuer de mettre en place des évènements pour permettre au public de comprendre le quotidien de ces personnes « parce qu’on peut faire mieux, parce qu’il faut faire mieux. »
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