Facebook, Twitter et You Tube sont-ils des tremplins à idées ou des déversoirs à frustration numériques? Probablement un peu des deux… Dans les faits, Internet et les médias sociaux ne créent pas l’information; ils ne font que la transmettre. Ce sont de simples outils de communication. Mais comme n’importe quel outil, leur usage dépend des intentions de ceux qui les manipulent. On peut se servir d’un marteau pour accrocher un cadre, mais on peut aussi s’en servir pour casser une fenêtre!
Selon le chroniqueur Richard Martineau, les médias sociaux sont « un égoût à ciel ouvert ». Quand on regarde le nombre de cas de cyberintimidation, de campagnes de salissage et de manipulation de l’information, on n’a aucune difficulté à lui donner raison… De son côté, la spécialiste québécoise en marketing numérique et en nouvelles technologies Michelle Blanc plaide plutôt que les médias sociaux permettent de créer des liens, de diffuser les idées et d’avoir accès à de l’information qui ne serait pas disponible autrement. Éviter la circulation avec Waze, découvrir un nouveau resto grâce aux critiques d’amis virtuels, retrouver une fugueuse après que sa photo eut été largement diffusée sur Facebook, autant d’applications positives qui donnent raison à Mme Blanc.
Dans l’état actuel des choses, tous deux ont raison. Bien sûr, dans un monde idéal, plus personne ne ferait une « mauvaise » utilisation des médias sociaux pour ventiler ses frustrations aux dépens des autres. Mais la nature même de ces outils de communication fait en sorte qu’ils ont les défauts de leurs qualités. Ainsi, leur accessibilité et leur facilité d’utilisation servent tout autant la petite voisine qui veut trouver des enfants à garder que le « troll » qui s’amuse à insulter les participants à l’occasion d’un forum de discussion…
Question de perception
En plus de l’utilisation qu’on en fait, les médias sociaux sont aussi définis par la façon dont on les perçoit et dont on en parle. À titre d’exemple, revenons à Richard Martineau et Michelle Blanc.
La rhétorique et les prises de position de Richard Martineau lui valent régulièrement des messages et des commentaires pour le moins hargneux sur les médias sociaux. Faut-il s’étonner, dans ces conditions, de le voir considérer Facebook et Twitter comme des pompes à fiel? À l’opposé, Michelle Blanc s’intéresse aux communications numériques depuis des années. Elle en a d’ailleurs fait sa carrière. Bien sûr que sa perception de ces mêmes médias sociaux sera différente!
Quant à ceux qui connaissent peu ou pas les médias sociaux, leur idée se basera souvent sur celle de quelqu’un d’autre. Avant sa retraite, un autre chroniqueur bien connu, Pierre Foglia, parlait fréquemment de l’inutilité et de la futilité des médias sociaux. Confronté par ses lecteurs, il a toutefois fini par avouer qu’il n’y connaissait rien, qu’il n’y comprenait rien et que ce n’était pas de sa génération…
Inutile ou conversationnel?
Il ne fait aucun doute que les médias sociaux contribuent à faire circuler un nombre impressionnant d’informations inutiles (et parfois même de stupidités pures et simples…). On peut s’en désoler, mais en quoi est-ce si différent de la télévision? Comme l’explique Michelle Blanc, les médias sociaux, après tout, ne sont pas des organes de presse, mais plutôt « des médias conversationnels qui incluent du très pertinent et du très anodin ». En d’autres termes, faut-il absolument avoir un message essentiel à livrer pour utiliser les médias sociaux? S’il fallait juger chaque conversation téléphonique sur son importance…
Mais c’est aussi ça, la liberté d’expression.
Pour le meilleur et pour le pire.
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