Les contribuables montréalais auraient pu payer un peu moins que prévu en taxes municipales si l’administration Coderre-Desrochers appliquait « à la lettre » son engagement d’augmenter le compte de taxes en suivant le rythme du taux d’inflation. Le véritable taux d’inflation, s’entend.
Journaldesvoisins.com s’est souvent interrogé sur cette façon de faire de la Ville de s’en tenir à la prévision d’inflation du Conference Board pour l’année du budget. C’est qu’en présentant ses budgets depuis le début de 2014, le président du comité exécutif de la Ville, Pierre Desrochers, se base toujours sur les prévisions des experts du «Board ».
Récemment, un lecteur de La Presse Plus s’interrogeait sur le fait que chacun tire la couverte de son bord quand on parle d’inflation (villes, organismes gouvernementaux, gouvernement fédéral, etc.). Ainsi, à la Régie des rentes du Québec, on parle présentement de hausse des prestations de 1,4% pour suivre l’inflation (« vos rentes augmenteront, selon le coût de la vie, de 1,4 % en 2017», dit son site Web alors que la ville de Montréal vient de déposer un budget prévoyant une hausse de 1,7% (environ l’inflation prévue) pour les immeubles résidentiels.
«Au lieu de se fonder sur des chiffres passés, dit la journaliste Stéphanie Grammond, de La Presse, la Ville de Montréal utilise une prévision du taux d’inflation de l’année prochaine qui devrait être de 1,8 % selon le Conference Board du Canada, le seul organisme à effectuer une estimation précisément pour la région métropolitaine de Montréal».
Ainsi, cela permet à l’administration du maire Denis Coderre de dire qu’il respecte son engagement de ne pas augmenter les taxes davantage que le taux d’inflation. Mais que se passe-t-il si le « Board » se trompe?
«En 2015, par exemple, l’organisme prévoyait 2 % d’inflation. La Ville a haussé les taxes de 1,8 %. Mais l’inflation n’a finalement été que de 1,4 % à Montréal, selon Statistique Canada», a poursuivi la journaliste, une résidante d’Ahuntsic.
De son côté, Québec utilise l’indice des prix à la consommation québécois, calculé par Statistique Canada. La hausse est calculée sur une moyenne de 12 mois passés. Pour 2017, on prévoit une hausse inférieure à 1%.
Selon le calcul du journal Metro, si les hausses de taxes annoncées depuis 2006 avaient vraiment suivi l’inflation, le compte de taxes « moyen » d’un Montréalais serait aujourd’hui de 2453$ et non pas de 2680$, soit 227 dollars en moins. Pouvons-nous exiger un remboursement?
Pour le professeur Jean-Philippe Meloche de l’Université de Montréal, professeur agrégé à École d’urbanisme et d’architecture de paysage, l’idée de la ville de se servir du « Board » ne le surprend pas. «C’est un langage facile à comprendre, a indiqué l’expert en fiscalité municipale, alors que la ville n’arrive pas à atteindre l’objectif de geler le compte de taxes, ce que visent bon nombre de municipalités, sachant que les proprios payent déjà beaucoup en taxes municipales. C’est plus un barème de comparaison qu’un objectif ferme », a-t-il conclu sur le sujet.
Hausse continuelle
À Montréal, selon les dernières données, la résidence «moyenne» d’un propriétaire est évaluée à 420 278$; le montant qu’aura à débourser le propriétaire au début de 2017 (deux versements) sera 3611$. C’est 59$ de plus qu’en 2016.
Les proprios de Rosemont-La-Petite-Patrie subissent les hausses les plus importantes dans la métropole (2,6%, devant le cher Plateau) alors que dans Ahuntsic-Cartierville, ce sera 1,8%.
Plusieurs, comme le groupe de pression Montréal pour tous, s’interrogent pour l’avenir alors qu’il y aura de plus en plus de retraités, avec des revenus fixes, alors que la ville suit l’inflation pour augmenter le compte de taxes. «Je crains que les évaluations des propriétés et les taxes continueront de grimper, a déploré le leader du groupe Pierre Pagé. Pour un étranger de Chine ou de France, le coût des propriétés est encore bon à Montréal. Certains quartiers subiront des hausses comme c’est le cas depuis 2000», a-t-il prédit.
Même les jeunes ménages auront de la difficulté à suivre, selon lui. «Pourtant des villes américaines ont modulé les hausses de taxes en fonction du prix payé à l’achat de la propriété », a-t-il martelé.
Mais le professeur Meloche affirme se méfier des programmes mis de l’avant par les villes ou provinces pour aider une classe spécifique de citoyens. «Il s’agit de mauvaises politiques publiques car on satisfait les besoins d’un groupe d’électeurs spécifiques », a-t-il relevé.
«C’est comme un tarif de transport en commun moins élevé pour les 65 ans et plus. Il n’y a pas de logique là-dedans, c’est difficile à justifier car on se trouve à récompenser un groupe de la société au détriment d’autres».
Monsieur Meloche a rappelé qu’il existe déjà un programme élaboré par une institution financière pour aider les proprios âgés à passer à travers des moments difficiles, soit les hypothèques inversées. Ce genre d’hypothèque permet à une personne d’utiliser en partie la valeur de sa maison pour emprunter et avoir des liquidités; la valeur de la propriété diminuera avec le temps.
Cependant, la personne qui a acheté sa maison il y a 35 ou 40 ans (maison qui a pris beaucoup de valeur) pourra encore y demeurer longtemps.
Sachons que plus de 90% des Québécois souhaitent y rester jusqu’à la fin de leurs jours et recevoir des soins à domicile plutôt que de se retrouver dans des Ressources intermédiaires ou en CHSLD.
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