Katimavik participants
D’anciens participants au programme Katimavik (Photo: courtoisie, site Web Katimavik)

Avez-vous déjà entendu parler du programme Katimavik? Le mot veut dire «rassemblement »  ou «lieu de réunion», en inutiktuk. Programme de bénévolat pancanadien pour la jeunesse, fondé en 1977 par le sénateur Jacques Hébert, Katimavik a permis à des milliers de jeunes de 17 à 21 ans de voyager au Canada, d’apprendre la deuxième langue officielle et d’acquérir de nouvelles expériences de travail et de vie de groupe. La pérennité et l’existence même du programme sont toutefois menacées, faute de subventions. Journaldesvoisins.com a interviewé, plus tôt cette semaine, deux jeunes d’Ahuntsic-Cartierville qui ont fait partie de l’une des dernières cohortes du programme d’origine avant l’arrêt du financement, en 2012. Depuis, l’organisme vit sur ses réserves.

Plus qu’un apprentissage, Katimavik a permis à deux jeunes femmes qui habitaient Ahuntsic-Cartierville à l’époque, Shanti Coussa et Paulina Yaoli Hurtado, de se découvrir de nouvelles passions ou de tenter de nouvelles expériences.

« Moi, je suis allée à Calgary pendant six mois, de janvier à juin. J’ai travaillé dans un centre d’accueil pour nouveaux arrivants à Calgary. Ils voulaient créer un magazine destiné aux nouveaux arrivants. J’ai fait la mise en page et j’ai fait des entrevues. C’est une expérience que je n’aurais probablement jamais faite si je n’étais pas allée là-bas. Ça ouvre de nouveaux horizons », explique Shanti Coussa qui a participé au programme en 2011.

Yaoli Hurtado, qui a pris part au programme en 2010, mentionne l’importance qu’a eue Katimavik pour elle et d’autres jeunes.

« Parfois, pour les jeunes, le départ de l’école secondaire vers le cégep est difficile. Très souvent, on ne connaît pas les opportunités de carrière. Moi, ce que j’adore par-dessus tout, c’est la cuisine. Dans le cadre de mon stage, je faisais de la cuisine pour les jeunes. Après le programme, j’ai fait un DEP en cuisine et c’est grâce à Katimavik que j’ai découvert que la cuisine était ma passion », affirme Paulina Yaoli Hurtado.

La clé sous la porte ?

On apprenait récemment dans la presse nationale que le programme Katimavik était menacé de fermeture.  Si le gouvernement fédéral ne poursuit pas le financement de l’organisme, ce dernier devra mettre la clé sous la porte dès la fin du mois de mars après 40 ans d’existence. Les réserves accumulées sont presque à sec.

C’est en 2012 qu’Ottawa a décidé de suspendre le financement de Katimavik. Le parti conservateur, qui était alors au pouvoir, évoquait le manque de rentabilité du programme pour justifier l’arrêt du financement.

«Les partis d’opposition avaient parlé de coupures idéologiques pour expliquer la fin du financement de Katimavik. Stephen Harper avait dit à l’époque que le programme n’était pas rentable et que l’argent investi dans les jeunes ne rapportait pas suffisamment », explique Keline Attikpo, agente de communication à Katimavik.

Arrêt du financement

À la suite de l’arrêt du financement, la direction de Katimavik a décidé de revoir la structure organisationnelle du programme en misant sur une thématique visant le rapprochement interculturel entre les communautés autochtones et non autochtones.

« Nous avons mis l’accent sur la réconciliation entre les autochtones et les non autochtones, laquelle est devenue un pilier du programme. Cela fait désormais partie de tout le curriculum adjacent au programme national. Nous avons aussi élaboré des partenariats avec des institutions sociales postsecondaires, des municipalités et des communautés autochtones afin de répondre aux enjeux rencontrés par les jeunes d’aujourd’hui », poursuit Mme Attikpo.

Depuis cinq ans, Katimavik survit grâce aux dons et à l’argent accumulé avant que le fédéral ne cesse de financer le programme.

« À part un petit projet pilote, nous n’avons pas reçu d’argent du fédéral. L’organisme survit grâce aux fonds du fédéral qui ont été accumulés et grâce aux dons, mais il n’y a pas d’argent pour lancer un programme à l’échelle du Canada», explique madame Attikpo.

Discussions en cours

Actuellement, des discussions ont lieu pour déterminer si le gouvernement va financer de nouveau Katimavik pour les années à venir. C’est ce qu’explique Jean-Bruno Villeneuve, attaché de presse du ministre du Travail, dans un courriel envoyé à journaldesvoisins.com :

«Le budget 2016 proposait de verser 105 millions de dollars pour les cinq prochaines années, à compter de 2016-17, en appui, du service à la jeunesse. D’autres détails seront annoncés dans les prochains mois », peut-on y lire.

Si Ottawa finance Katimavik tel que promis par le gouvernement Trudeau en campagne électorale, d’autres jeunes d’Ahuntsic-Cartierville pourraient de nouveau bénéficier des stages offerts partout à la grandeur du pays, vivant des expériences inattendues comme ce fut le cas pour nos deux participantes.

 

 



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