C’est dans l’air du temps : les projets de monnaies locales ont leur lot d’adeptes. À Montréal, le projet Une monnaie pour Montréal est né dans la foulée du Forum social mondial. C’était en août 2016. Depuis, le mouvement a trouvé des échos jusque dans notre arrondissement.
Au conseil d’arrondissement de mars dernier, un citoyen membre du mouvement Une monnaie pour Montréal a pris la parole devant les élus. Karim Tarek, citoyen d’Ahuntsic-Cartierville, s’est alors exprimé au nom du collectif au sujet de la monnaie locale comme outil de développement de l’économie locale.
« Nous souhaitons participer à l’essor de la rue Fleury ainsi qu’ailleurs dans l’arrondissement. À cette fin, nous nous proposons de mettre à la disposition des commerçants et de leur client un outil d’échange », affirmait M Tarek.
Cet outil, c’est une monnaie spécifique à un territoire qui existe parallèlement à la devise officielle.
L’idée a trouvé une oreille attentive en la personne d’Émilie Thuillier, conseillère de ville du district d’Ahuntsic. C’est vendredi dernier que l’élue rencontrait le citoyen d’Ahuntsic qui se présentait au nom du collectif.
Un projet en plusieurs étapes
Implanter une monnaie locale, c’est une démarche complexe qui prend du temps. La rencontre de vendredi n’était qu’un premier pas en vue de discuter du projet et de réfléchir à son implantation.
Ainsi, l’idée en est encore à ses balbutiements. Il est donc trop tôt pour dire quelle forme pourrait prendre une monnaie locale montréalaise. S’agirait-il d’argent papier, d’argent métallique ou les deux? On ne sait pas non plus quelles seraient les étapes d’implantation de la devise, plusieurs scénarios étant possibles.
«Au niveau de l’application, est-ce que ça s’appliquera partout en même temps ou seulement dans certains arrondissements? Ce n’est pas clair encore », affirme Mme Thuillier.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le mouvement Une monnaie pour Montréal souhaiterait une monnaie unique pour l’ensemble de l’île et de ses environs.
Un projet de monnaie locale
Au-delà de l’engouement que suscite un tel projet, la création d’une monnaie locale est quelque chose de complexe qui mérite qu’on s’y penche sérieusement.
« On souhaite voir si une monnaie locale serait un réel outil de développement ou ce serait au contraire beaucoup d’énergie dépensée inutilement. On ne le sait pas encore », explique Pierre Desrochers, conseiller du district Saint-Sulpice et président du comité exécutif de Montréal.
Une étude a d’ailleurs été commandée par la Ville-centre pour déterminer la faisabilité d’un tel projet.
Est-ce que ça marche?
Dans les étapes d’implantation d’une monnaie locale, il faut notamment tenir compte de l’emplacement, c’est-à-dire du territoire couvert par la monnaie, et de la population ciblée. En outre, pour qu’un projet de monnaie locale puisse durer, il faut des gens très mobilisés qui fassent le choix volontaire d’adopter cette monnaie et de la soutenir. Soutenir une telle initiative est une chose, mais l’assumer pleinement sur une base quotidienne en est une autre.
« Moi comme consommateur, je peux très bien avoir juste des dollars et m’acheter le même produit pour le même prix. Du point de vue du consommateur, il n’y a pas d’avantages évidents. Il faut donc faire le choix citoyen et que d’autres fassent de même. Cela suppose une forte solidarité au sein de la communauté », explique Mathieu Dufour, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
Créer et renforcer les liens sociaux
La monnaie locale ne serait pas qu’un seul outil économique. Elle créerait aussi des liens sociaux en faisant mieux connaître aux citoyens les produits de leur quartier.
« La monnaie locale, ça peut être un outil de sensibilisation à l’économie locale et à ceux qui fabriquent les produits locaux », explique Ianik Marcil, économiste.
À Villeray, le projet d’une monnaie est sur la table depuis maintenant plusieurs années. C’est peut-être dans ce quartier que le projet va tout d’abord voir le jour.
« Oui, on va cibler un arrondissement. Lequel? On ne le sait pas encore. Est-ce que ça va être Villeray? C’est probable, mais on ne le sait pas encore », affirme l’une des membres du mouvement Une monnaie locale pour Montréal.
Un groupe de citoyens de Villeray est en effet très actif dans cet arrondissement.
Et ailleurs?
Ailleurs au Québec, il existe un modèle de monnaie locale qui a son lot d’adeptes.
À Saint-Jean-de-Dieu dans le Bas-Saint-Laurent, le johannois est le nom donné à la devise qui est de mise dans la majorité des commerces locaux.
Au Canada, le Salt Spring Dollar a été lancé en 2001 sur l’île de Salt Spring, en Colombie-Britannique. Les coupures de billets de 1 et de 100 dollars arborent des personnalités historiques, dont plusieurs comportent des visages de personnages féminins s’étant illustrés.
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