Compteur d'eau
(Photo: jdv archives)

Relancé en 2012, le projet d’installation de compteurs d’eau dans les bâtiments industriels, commerciaux et institutionnels (ICI) de la Ville de Montréal « va de bon train à Ahuntsic-Cartierville », selon les relations médias de la Ville-centre. Toutefois, le projet soulève des questionnements chez certains commerçants.

« À Ahuntsic-Cartierville, comme sur l’ensemble du territoire, la Ville a pris un peu d’avance dans sa planification, puisque 55 % des bâtiments visés par le Règlement sur la consommation de l’eau à des fins non résidentielles ont actuellement des compteurs d’eau installés », indique la chargée de communication de la Ville de Montréal, Natalie Valade.

Ce sont désormais plus de 600 bâtiments qui sont munis de compteurs d’eau dans l’arrondissement. Plus de 400 d’entre eux sont des bâtiments de type commercial, alors que les autres sont plus plutôt de type institutionnel et industriel.

« Il reste à installer des compteurs d’eau dans 574 bâtiments à Ahuntsic-Cartierville, confirme Natalie Valade. Ce sont majoritairement des centres et immeubles commerciaux, des restaurants et des immeubles locatifs comportant un espace commercial.

Mme Valade rappelle que la Ville s’est donnée jusqu’en 2022 pour compléter ce projet, réalisé dans le cadre de la stratégie montréalaise de l’eau.

Sur son site Web, la Ville de Montréal indique que « les propriétaires ICI ne seront pas facturés pour la consommation d’eau tant que tous les compteurs ne seront pas installés dans les bâtiments du même type ».

Frais supplémentaires seront chargés aux clients

Bien que la Ville n’ait pas encore commencé à facturer l’usage de l’eau pour les commerces, la propriétaire du restaurant La Molisana sur la Promenade Fleury, Giovanna Giancaspro, s’inquiète du montant qui pourrait lui être facturé pour sa consommation d’eau.

« L’eau n’arrête pas de couler chez nous, mentionne-t-elle. Les clients vont à la salle de bain et se lavent les mains, il y a la plonge, la cuisine et les clients qui veulent tous un verre d’eau sur la table… »

Si la facture est trop élevée, elle devra charger ces frais supplémentaires aux clients.

Mme Giancaspro se dit frustrée de la situation. Elle déplore le fait qu’au cours des derniers mois, elle a dû acheter le matériel nécessaire et faire installer un compteur d’eau par un plombier certifié dans son restaurant.

« C’était à nos frais, affirme-t-elle. Si la Ville nous oblige à installer un compteur d’eau, c’est elle qui devrait payer, pas nous. »

Au sujet de l’installation, la chargée de communication de la Ville de Montréal a expliqué à journaldesvoisins.com que celle-ci se fait en deux phases. « D’abord, il y a la phase de préparation, qui consiste à faire en sorte que la plomberie puisse accueillir un compteur. Cette étape est de la responsabilité du propriétaire et les coûts varient en fonction de la spécificité du bâtiment et des travaux de plomberie à réaliser. Ensuite, l’appareil est installé par un employé de la Ville et cela sans frais pour le propriétaire », soutient Natalie Valade.

Elle souligne que « la Ville recommande aux propriétaires de recourir à un entrepreneur plombier membre de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) pour la phase de préparation. »

Aqueduc de la Ville: panier percé

De son côté, André Savoie, propriétaire de la boucherie Salaison Saint-André située sur le boulevard Henri-Bourassa, est préoccupé par le projet, puisque son commerce nécessite l’usage de plusieurs compresseurs refroidis à l’eau. Ceux-ci sont constitués d’un circuit d’eau qui coule dans le compresseur 24 heures par jour.

« Éventuellement, si l’eau coûte cher, il va falloir essayer de trouver une autre technique. Toutefois, actuellement, il n’y a pas de technologie qui remplace les compresseurs refroidis à l’eau », note-t-il.

Pour André Savoie, facturer l’usage de l’eau est agir contre la petite PME de quartier. Bien qu’il ait un commerce déjà bien établi, il reconnaît que ce n’est pas évident pour un jeune de se lancer en affaires dans le contexte actuel.

« Ce qui me fait sursauter également, c’est que l’on sait que le système d’aqueduc de la Ville de Montréal fuit comme un panier percé et qu’on va nous taxer notre eau à nous, les commerçants », ajoute-t-il.

Bruno Thouin et Sébastien Masson, copropriétaires de l’épicerie biologique Curieux de nature sur la Promenade Fleury, utilisent eux aussi des compresseurs qui fonctionnent à l’eau. Toutefois, la situation ne les inquiète pas pour l’instant.

« Nous allons nous ajuster en conséquence », indique Sébastien Masson.

Il précise que si l’usage de l’eau coûte quelque chose, il faudra qu’ils ajustent le prix des aliments qu’ils vendent.

Un projet envisagé depuis 15 ans

L’objectif du projet, qui vise l’installation de 16 200 compteurs, est d’effectuer des lectures de la consommation d’eau, afin de réaliser un bilan, en plus de garantir une équité de facturation entre les contribuables.

Rappelons que le projet initial remonte à 2002, alors que l’administration de Gérald Tremblay lançait le chantier montréalais de l’eau. Le projet a été suspendu en raison d’un scandale. Celui-ci a été déclenché à la suite de la publication d’un article dénonçant un conflit d’intérêts dans l’octroi du contrat d’installation des compteurs d’eau au consortium GÉNIeau.

Deux arrondissements de Montréal ont déjà des compteurs d’eau installés dans les résidences pour la tarification au compteur, soit Lasalle et Saint-Laurent.



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Vous pourriez aussi aimer ces articles

Les activités de la semaine de relâche à Ahuntsic-Cartierville

Du 4 au 8 mars, les enfants de l’arrondissement sont en vacances.…

«Je suis déjà censuré en Algérie… et il faut que je sois censuré ici»

L’écrivain Amine Esseghir, aussi journaliste au Journal des Voisins, a été exclu…
Henri-Bourassa

Une séance d’information sur le boulevard Henri-Bourassa

Les citoyens pourront poser des questions et commenter le projet d’aménagement du…

Dossier itinérance – Une présence de plus en plus marquée dans Ahuntsic-Cartierville

Le phénomène de l’itinérance frappe massivement Ahuntsic-Cartierville. Des dizaines de personnes sans-abri…