L’action ne manque pas sur la rue Saint-François-d’Assise, dans le Sault-au-Récollet, pourtant l’une des rues les plus courtes à Montréal. Victime du triste épisode des inondations survenues le printemps dernier, ce segment de rue, situé un peu à l’Est de l’avenue Papineau, entre le boulevard Gouin et la limite sud du parc nature de l’Île-de-la-Visitation, verra bientôt disparaître sa petite maison de style néo-Tudor. Un bâtiment qui retenait quand même une certaine attention dans le secteur.
Datant de 1943, la résidence était inoccupée depuis maintenant deux ans. Les nouveaux propriétaires ont demandé et obtenu l’aval des autorités pour pouvoir démolir la maison et ses dépendances.
«Le bâtiment représentait peu de valeur patrimoniale, mais le lieu avait un certain caractère champêtre » a indiqué la conseillère municipale du Sault-au-Récollet, Lorraine Pagé.
Il faut dire que le dossier du 10875, rue Saint-François-d’Assise a été étudié avec soin, car la résidence se situe dans ce que l’on appelle le Site patrimonial Cité de l’ancien village du Sault-au-Récollet, dans l’aire de protection de la maison du Pressoir, située tout près.
Immeuble particulier
La résidence unifamiliale «exotique» compte deux étages et comprend notamment des toits en pente accentuée. Ses matériaux de façade particuliers tranchent avec le style d’architecture (ancien et moderne) que l’on trouve dans le Sault.
Les fonctionnaires sur le dossier ont indiqué que le bâtiment est implanté au sud de deux terrains formant une superficie de plus de mille mètres carrés. « À l’époque de la construction, un développement immobilier en tissu urbain serré était prévu à cet endroit. Mais des bouleversements économiques et sociaux ont freiné tout projet, et le développement ne s’est jamais concrétisé. Les lots ont alors été unifiés et c’est pourquoi la maison n’occupe que 6% du terrain. Elle est implantée à seulement 1,7 mètre de distance de la limite du lot voisin au sud. Trois dépendances en fort mauvais état sont également présentes sur les deux terrains ».
Lorraine Pagé a indiqué que l’intérieur de l’immeuble a été fortement endommagé et peu entretenu. Il semble que l’ancien occupant, souffrant de problèmes de santé, vivait en ermite. Ce sont ses neveux qui ont pris la relève pour la vente de la propriété.
⌈Mise à jour: 2017-07-22, 15 h 52⌋ La conseillère du district d’Ahuntsic, Émilie Thuillier, fut pour sa part la seule élue du Conseil d’arrondissement à s’être opposée à la démolition de l’ancienne maison.
L’arrondissement a dévoilé des détails d’un rapport du Groupe SCP environnement datant de septembre dernier et faisant état de la présence de 200 mm d’eau dans le sous-sol, d’efflorescence sur les murs, de moisissures du bois des fenêtres et d’un trou dans la toiture, notamment. L’édifice n’a pas été chauffé depuis au moins deux ans.
« L’ampleur des travaux pour éliminer complètement les moisissures par rapport au démantèlement du bâtiment est le principal argument en faveur de la démolition », a-t-on ajouté.
Énoncé patrimonial
Madame Pagé a indiqué à journaldesvoisins.com que l’immeuble en question a fait l’objet d’un énoncé d’intérêt patrimonial à la Direction de la culture et du patrimoine de la Ville de Montréal. Selon cet énoncé, l’intérêt patrimonial de l’immeuble réside avant tout sur sa valeur «paysagère», avec un certain aspect champêtre.
Le projet a été présenté au Conseil du Patrimoine de Montréal (CPM) en mars dernier, mais ce dernier a reconnu que la maison a été «malheureusement négligée». Le Conseil a du même souffle ajouté qu’il est préoccupé par le fait qu’il ne s’agit pas du premier cas de démolition pour cause de négligence à l’intérieur du site patrimonial de l’ancien village du Sault.
Quoi qu’il en soit, le Conseil a vivement encouragé le nouveau propriétaire à étudier les matériaux choisis (contemporains et couleur foncée). Le CPM suggère aussi une révision de l’aménagement paysager.
Du côté de la Direction du développement du territoire de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, on s’est déclaré favorable au projet de démolition, invoquant notamment les gros problèmes de structures du bâtiment. Le Comité consultatif d’urbanisme d’Ahuntsic-Cartierville a aussi donné un avis favorable à la démolition. Dans le processus, l’avis de démolition du bâtiment doit à présent être ratifié par le conseil municipal.
Notons en terminant que le nouveau projet d’occupation fait l’objet d’une demande de dérogation mineure pour la hauteur (pour la dépendance) et le taux d’implantation.
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