Depuis le début de la semaine, Canada Goose (CG) rencontre des candidats potentiels appelés à assembler, ici même dans Ahuntsic-Cartierville, les différentes composantes de ses manteaux d’hiver. Une centaine de travailleurs devraient avoir été embauchés d’ici la fin du mois.
L’entreprise occupe deux grands étages de l’imposant bâtiment du 333, rue Chabanel Ouest, dont le propriétaire, HS Properties, clame déjà que l’arrivée de CG donnera un nouvel élan au quartier Chabanel qui avait subi toute une saignée dans les années 1990. Les nombreuses manufactures de vêtements qui venaient pourtant de s’y installer dans le coin devaient déménager leur production en Asie, profitant d’une main-d’œuvre à bon marché.
La grandeur des espaces disponibles, les possibilités de croissance, le faible prix du pied carré ainsi que les facilités d’accès à des infrastructures (quais de chargement, monte-charges, etc.) ont été les principaux facteurs de localisation, selon Catherine Collerette de la Société de développement commercial (SDC) District Central.
Divers intervenants du milieu ont été appelés à s’unir pour aller chercher «la reine des parkas».
« Nous avons collaboré avec la Ville de Montréal, Montréal International, PME Mtl Centre-Ouest ainsi qu’avec divers propriétaires immobiliers sur ce dossier», affirme la représentante du bureau des communications de la SDC qui a présenté à Canada Goose les atouts du District Central, dont l’importance qu’occupe encore aujourd’hui la place de la mode dans Chabanel. «Nous avons également mis en lumière les maillages possibles avec divers organismes qui œuvrent dans l’intégration des nouveaux arrivants au marché du travail dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, pour faciliter le recrutement d’employés locaux », a-t-on ajouté.
Emplois pour ici
La directrice de la SDC n’a pas tari d’éloges à l’endroit de l’entreprise, lors d’une récente intervention sur Facebook, avec un brin de nostalgie.
« Le directeur de l’usine de Canada Goose à Boisbriand, Philippe Gagnon, a eu un coup de foudre quand il a visité les immenses locaux. Il a vu les couturières, les a imaginées à l’époque quand il y avait 80 000 travailleurs dans le district. Il a eu le goût de participer à la renaissance du District Central », soutient Hélène Veilleux.
Mais est-ce que la venue de cette entreprise créera un effet d’entraînement? La SDC voit loin.
« La notoriété et le rayonnement de cette multinationale, selon Mme Collerette, seront certainement bénéfiques pour le District Central. Le fait que Canada Goose ait choisi de s’installer dans le quartier attirera certainement d’autres entreprises dans le secteur ».
L’arrivée du géant devrait donner un coup de pouce à ceux et celles qui sont en recherche d’emploi dont des membres des diverses communautés culturelles, nombreuses dans Ahuntsic Ouest et Cartierville notamment.
La ministre Mélanie Joly, députée d’Ahuntsic-Cartierville, avait d’ailleurs rencontré le chef de la direction, Dani Reiss, à Toronto, rapportait La Presse+ le 15 février dernier:
« Il cherchait le meilleur endroit pour investir, a-t-elle dit à la journaliste Isabelle Dubé, et aussi un endroit où la main-d’œuvre était disponible (…). C’est là que j’ai parlé du fait qu’on avait beaucoup de nouveaux arrivants à Ahuntsic-Cartierville qui étaient prêts à travailler. On est également l’une des régions du pays qui a reçu le plus de réfugiés syriens, et ça l’intéressait vraiment beaucoup. »
L’opération recrutement a commencé cette semaine. Toutefois, quand journaldesvoisins.com est passé en début d’après-midi, mercredi (journée ciblée par l’entreprise), il n’y avait personne en attente pour déposer sa candidature alors que les portes étaient ouvertes entre 11h et 15h. Et il fallait montrer patte blanche.
Pour Chabanel, on vise avoir 650 employés d’ici 2020 dont environ la moitié pour une première étape cette année.
Mais le défi est de taille pour trouver des opérateurs de machine à coudre, alors qu’il y a une trentaine d’années, l’offre était «énorme». Il semble qu’un travailleur ou une travailleuse pourrait gagner jusqu’à 40 000 $ par année avec un poste au sein de Canada Goose, avec le paiement à la pièce.
Les offres d’emploi devaient être affichées dans des endroits stratégiques comme au marché d’alimentation Adonis sur Sauvé ouest, (très populaire auprès des communautés culturelles), mais encore là lors de notre visite à l’hypermarché, on a constaté qu’il n’y avait pas d’annonce de Canada Goose, ni babillard pour affiche de toutes manières. Même le gérant nous a confié qu’aucune approche n’avait été faite par Canada Goose pour de la publicité.
Formation sur place
Nouveaux arrivants ou pas, si les travailleurs ne sont pas d’emblée des travailleurs qualifiés [comme les opérateurs de machine à coudre], l’entreprise compte les former sur place.
« Canada Goose offrira son programme de formation national dans cette usine avec l’aide de Montréal International, a signalé la SDC. Différents organismes locaux qui siègent sur la table en employabilité d’Ahuntsic-Cartierville ont d’ailleurs été mis à contribution pour collaborer au recrutement. Ce seront principalement des emplois en couture », a précisé la SDC District Central.
Les conditions de travail seront certes meilleures que celles qui prévalaient il y a 30 ou 40 ans même si les travailleuses à l’époque étaient syndiquées. L’entreprise a assuré que les employés ainsi formés obtiendraient automatiquement un emploi.
Un permis a entre autres été émis par l’arrondissement pour permettre la construction d’une cafétéria pouvant asseoir 300 personnes.
Transport difficile
L’accès au transport, souvent relevé comme un maillon faible dans le secteur, devrait s’améliorer au fil du temps.
«Nous effectuons présentement un sondage auprès des employés du District Central afin de connaître leur opinion sur la bonification du service qui a été mis en place en août dernier par la STM, de rappeler la SDC. Parmi celles-ci, mentionnons la modification du parcours et la bonification du service de la ligne 54 Charland / Chabanel, qui est devenue la ligne d’accès principale du secteur Chabanel. De plus, les lignes 19 et 53 ont été fusionnées, pour devenir la ligne 19 Chabanel / Marché Central. Cette ligne offre maintenant une desserte élargie aux commerces du Marché Central, notamment les fins de semaine ».
Selon la SDC, ces bonifications ont permis une augmentation de 54% des départs en direction Ouest le matin et 43% en direction Est le soir.
Elle conclut en soulignant être en contacts régulièrement avec les commerçants et la Société de transport de Montréal (STM) pour bonifier l’accès à Chabanel.
En revanche, ces changements, notamment la fusion des lignes 19 et 53, n’aident en rien les résidants qui utilisaient la 53 pour voyager dans Ahuntsic et autour, selon deux résidantes du secteur, mais qui ne travaillent pas dans le Quartier Chabanel.
Stratégie Marketing
Canada Goose vantée notamment par notre député fédéral voisin («C’est un “success story” parce qu’elle n’a jamais oublié ses origines», aime répéter Justin Trudeau) ne fait pas toujours dans la dentelle.
À l’ouverture de son premier magasin au Québec à la mi-novembre, à Montréal, des gens se sont pointés sur la rue Ste-Catherine pour dénoncer le traitement fait aux animaux par la compagnie qui se targue d’être la fierté canadienne à travers le monde.
Un manifestant a dit que la compagnie continue à tuer et torturer des coyotes, des oies et des canards. Pourtant, selon le contestataire, les gens peuvent tout aussi bien s’acheter un beau manteau et demeurer bien au chaud sans que l’on détruise la faune (comme un manteau avec PrimaLoft, une marque de matériau d’isolation thermique en microfibre synthétique pouvant faire mieux que le duvet, selon un site de protection des animaux.) Canada Goose affirme sur son site utiliser le duvet «car c’est le meilleur isolant au monde»).
Par ailleurs, à Toronto, un journaliste s’est déjà interrogé sur le fait que la compagnie aime donner l’illusion que la ville [Toronto] vit dans une région où il fait «très froid» alors que ce n’est pas le cas…
La compagnie a, dans des magasins, des cabines d’essayage permettant aux futurs acheteurs de tester les luxueux manteaux à une température aussi basse que -25 degrés Celsius. Or, il fait rarement une température aussi froide à Toronto.
La transnationale (présente dans plus de 40 pays) observe constamment les ventes, mais ne va pas jusqu’à se dépêcher pour produire davantage en milieu de saison si des tailles de certains modèles sont en rupture de stock. Et à un moment, quand il fait assez froid et que l’on se rue vers les magasins, la compagnie jubile.
« Et (cela) crée un peu de magie, permettant ainsi de continuer de faire si bien (au chapitre des ventes) », a dit récemment le directeur général Dani Reiss, en entrevue au journal The Gazette.
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