Mélanie Joly était jusqu’ici seule sur la patinoire depuis son éclatante victoire à l’élection fédérale de l’automne 2015, mais maintenant, ses opposants en vue du prochain scrutin de l’automne commencent à faire sentir leur présence.
L’emportant avec près de 47 pour cent des voix sur sa plus proche rivale, Maria Mourani, alors députée sortante battue en récoltant 30% des suffrages, celle qui avait annoncé il y a près d’un an qu’elle sollicitera un nouveau mandat électoral sous la bannière du Parti libéral du Canada (PLC), part avec une longueur d’avance, compte tenu de sa notoriété comme ministre.
Au sein du cabinet Trudeau, Mme Joly s’occupe du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie depuis l’an dernier, après un passage en dents de scie au Patrimoine canadien.
Selon les derniers sondages, au Canada, le PLC et le Parti conservateur du Canada (PCC) se livrent une chaude lutte pour la première position, mais au Québec les libéraux ont une bonne avance et aucun autre parti ne le talonne vraiment.
Le fractionnement du vote dans l’opposition devrait ainsi permettre des réélections «faciles» si la tendance se maintient. Mais la véritable campagne n’est pas commencée et il reste quatre mois aux candidats pour se faire valoir, ce qui est «long» en politique.
Autre dynamique
La bataille dans la circonscription, qui au fédéral est presqu’un copié-collé des limites de l’arrondissement municipal d’Ahuntsic-Cartierville (sauf le Sault-au-Récollet qui est mystérieusement passé dans Bourassa -Montréal-Nord- avec la refonte de la carte électorale), avait toujours été vive depuis la naissance du Bloc québécois (BQ) en 1991. Libéraux et bloquistes l’ont emporté ici à tour de rôle.
Mais la donne a changé en 2011 avec la prestation spectaculaire de feu Jack Layton, l’ex-leader charismatique du Nouveau parti démocratique (NPD). Son parti avait créé la surprise en devançant le Bloc québécois (BQ) dans bon nombre de circonscriptions, les électeurs désirant voter pour une formation ayant la chance de prendre le pouvoir. Cela aurait pu arriver au NPD en 2015 alors que la formation avait longtemps été en tête dans les intentions de vote, avant la montée de Justin Trudeau.
Ici, Maria Mourani, élue sous la bannière du Bloc, l’avait toutefois emporté à l’époque, mais en cours de route, en rupture de ban avec son parti, elle a siégé comme indépendante puis joint les rangs du NPD en vue de la campagne électorale de 2015. Elle nous avait prédit une lutte très serrée avec le PLC, mais cela ne s’est pas produit. Mme Joly l’a emporté, avec une avance confortable de près de 17 points sur la criminologue de formation.
Pour l’élection fédérale de 2019, on se retrouvera avec une toute nouvelle dynamique, mais plusieurs croient qu’il y aura lutte serrée seulement si, à l’échelle du Québec, le Parti conservateur du Canada (PCC) ou le Bloc québécois effectue une remontée significative face au gouvernement sortant.
NPD en lutte
Outre Mélanie Joly, on connaît déjà les noms de trois candidats pour la prochaine campagne. Pour le NPD, ce sera une militante des droits de la personne et spécialiste de l’administration publique, Zahia El-Masri, qui prendra la relève de Maria Mourani comme candidate.
Mme El-Masri a été officiellement désignée candidate du NPD à l’occasion d’une assemblée d’investiture qui s’est tenue à la fin mai.
« Je suis honorée, a dit Mme El-Masri, d’avoir la chance de représenter le NPD lors de la prochaine élection et de me battre aux côtés de Jagmeet Singh (chef du parti), d’Alexandre Boulerice (député de Rosemont qui a déjà vécu dans Ahuntsic) et des autres candidates et candidats du parti pour plus de justice sociale et des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques. Je suis déterminée à montrer à la population d’Ahuntsic-Cartierville que je mérite leur confiance pour aller défendre leurs intérêts à Ottawa », a-t-elle soutenu.
Mme El-Masri, titulaire d’une maîtrise en administration publique et analyse politique de l’Université Concordia, travaille présentement en communication tout en vaquant à des formations. Cette Palestinienne née dans un camp de réfugiés au Liban estime que les gens d’Ahuntsic-Cartierville ont besoin d’un gouvernement «qui va faire passer les intérêts de la population avant ceux des plus riches et des grandes entreprises et faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte, peu importe leurs revenus ou leur origine».
Bloc Québécois (BQ)
Du côté du Bloc québécois, le candidat à l’élection précédente, Nicolas Bourdon, nous a indiqué qu’il ne compte pas se représenter. Le jeune père de famille, qui est enseignant et désormais chroniqueur [Dans la tête du prof…] pour lemag papier de journaldesvoisins.com, avait obtenu 13% des voix et une troisième place en 2015.
Selon les informations glanées ici et là, le Bloc devrait favoriser une candidature féminine pour se mesurer à Mélanie Joly. Une source bien placée a indiqué que ce serait une personne «bien connue» qui pourrait être la candidate et «chauffer» la ministre sortante du cabinet Trudeau.
Joint par journaldesvoisins.com, André Parizeau, le vice-président du BQ dans Ahuntsic-Cartierville et membre de l’exécutif national du Bloc, a reconnu toutefois que la partie «ne sera pas facile» à la prochaine élection.
L’une des raisons qui rendrait la partie ardue, c’est que la circonscription a perdu un bastion souverainiste, le Sault-au-Récollet, qui en toute logique aurait dû demeurer naturellement dans le comté compte tenu du fait que le quartier se trouve aussi dans la portion Est de l’arrondissement montréalais du même nom. On a greffé à l’ouest un château-fort libéral, notamment en pigeant dans un secteur de Saint-Laurent.
Mais M. Parizeau, qui après cinq décennies de militantisme au sein de la famille indépendantiste tirera sa révérence en fin d’année, croit qu’un gain est toutefois possible compte tenu des «ratés» de la ministre Joly au Patrimoine, en citant le dossier Netflix (elle a été déplacée de ministère), une présence «désastreuse» à l’émission «Tout le monde en parle», sans compter le débat sur la laïcité ou encore l’éternel dossier des pipelines.
Le BQ annoncera bientôt la date du congrès de mise en nomination, probablement à la fin juin ou début juillet pour désigner le ou la candidate dans Ahuntsic-Cartierville.
Parti Conservateur du Canada (PCC)
Pour l’Opposition officielle, Kathy Laframboise sera la candidate du parti dont le chef national Andrew Scheer met les bouchées doubles pour tenter de se faire connaitre au Québec.
Mme Laframboise travaille comme économiste au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, à Montréal (elle possède un baccalauréat en économie appliquée, un certificat en économie internationale de l’UQAM et une maîtrise en économie). Demeurant aux limites ouest de la circonscription, elle dit avoir choisi de se présenter dans AC «car c’est un endroit où il fait bon vivre. J’habite et fréquente ce territoire depuis plus de dix ans».
Mme Laframboise entend mettre ses expériences et connaissances au profit des gens d’ici.
« Je veux améliorer la qualité de vie des citoyens d’Ahuntsic-Cartierville », a mentionné cette femme qui a, entre autres, des compétences en transport et géographie nordique.
Kathy Laframboise n’est pas novice en politique active. Elle s’était présentée à l’élection provinciale de l’automne dernier pour le Parti conservateur du Québec, le parti le plus à droite sur l’échiquier politique.
« Mon goût pour la politique a pris racine dans mon cheminement académique et professionnel puisque la frontière entre l’économie et la politique est bien mince, à son avis. Pourquoi les conservateurs? Définir ma pensée politique le plus justement possible est tout un exercice », a-t-elle signalé.
Elle dit apprécier les opinions émises par le sociologue Mathieu Bock-Côté (MBC), qui est aussi apprécié par une frange importante du mouvement indépendantiste québécois. Elle cite ainsi MBC :
« La langue n’est pas un phénomène individuel, mais collectif, et elle ne vit pleinement que lorsqu’elle permet de se connecter à toutes les sphères de l’existence. La laïcité, de même, est nécessaire pour construire du commun dans une société qui se disperse.»
Fait à signaler, Mme Laframboise a déjà commencé son travail de terrain et se dit «installée» pour longtemps dans le nord de la ville.
Parti populaire du Canada
Le dernier né des partis politiques fédéraux, le Parti populaire du Canada, a aussi fait connaitre le nom de la personne qui le représentera dans Ahuntsic-Cartierville.
Il s’agit de Raymond Ayas, qui a cofondé il y a 13 ans une agence immobilière dans le secteur de la location commerciale.
Raymond Ayas, marié et père de trois enfants, se dit «engagé» dans sa communauté, il siège au conseil d’établissement de l’école de ses enfants ainsi qu’au comité de parents de leur commission scolaire depuis 2016. Il a pris sa «retraite»du 246e groupe scout Bois-de-Boulogne après dix ans de bénévolat auprès des jeunes comme chef-animateur et gestionnaire. Ce biochimiste de formation est bien enraciné dans A-C, y étant né. Il a notamment présidé le Conseil de surveillance à la Caisse Desjardins Bois-Francs-Bordeaux-Cartierville
Pour lui, il était somme toute normal de faire campagne avec le parti qu’a créé celui qui avait d’abord été élu sous la bannière conservatrice en Beauce.
« Maxime Bernier bouscule l’ordre établi, soutient M. Ayas. J’ai offert de l’aider dès la fondation du Parti Populaire. En 30 jours – sans dépenser un sou – j’ai établi neuf des 18 associations montréalaises. C’est à l’image de notre parti: on réussit par la force de nos idées, l’énergie qui nous habite et notre désir profond de faire baisser le coût de la vie. Je veux réduire les impôts et les prix des biens et services. Ensuite, il faut réformer l’immigration. On va décentraliser le pouvoir et imposer le respect des compétences provinciales. Les politiques du parti émanent de nos quatre valeurs: la liberté individuelle, la responsabilité personnelle, l’équité et le respect. Je me présente à Ahuntsic-Cartierville pour servir ma communauté, que j’aime », a-t-il martelé.
Parti vert du Canada (PVC)
Enfin, il reste à voir aussi qui sera le candidat du Parti vert dans notre circonscription. A la dernière élection de 2015, Gilles Mercier s’était contenté d’un peu plus de mille voix et 2% du vote seulement.
Mais le parti, au national, compte maintenant deux députés et a vu sa popularité s’accroitre.
« Nous avons le momentum », a clamé récemment la cheffe du Parti vert du Canada, Elizabeth May, au média La Presse. Elle semble croire à une «percée historique» l’automne prochain.
A l’élection provinciale récente dans l’Île-du-Prince-Édouard, la formation verte a causé la surprise en devenant l’opposition officielle.
Enfin, on ignore si le parti Rhinocéros sera présent, comme ce fut le cas en 2015…
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