« ROZON, SALVAIL, VIOLEURS ACQUITTÉS, QUEL MESSAGE VOUS ENVOYEZ? », « JUSTICE POUR RIRE », « SOS VIOLENCE CONJUGALE 1-800-963-9010 », voilà des messages qui ont été affichés, collés sur des murs, à quelques endroits sur la rue Fleury récemment.
Collages féminicides Montréal
Ces messages militants en soutien aux victimes de violence conjugale et d’agresseurs sexuels sont le travail des « colleureuses ». C’est le terme inclusif qu’ont choisi pour se désigner ces femmes et ces personnes appartenant au spectre des minorités de genre qui sont membres du groupe Collages Féminicides Montréal.
Collages féminicides est un collectif né en France l’an dernier. Depuis, plusieurs autres branches sont apparues dans d’autres pays. Le collectif montréalais a vu le jour en mars 2020. Il compte aujourd’hui une cinquantaine de membres.
Le but du collectif est de combattre la stigmatisation à laquelle font face les femmes et les minorités sexuelles en affichant dans la rue des messages militants. En diffusant ainsi leurs slogans, les « colleureuses » rendent leur message visible et accessible à tous… et à toutes. Elles et ils espèrent ainsi susciter des conversations importantes.
« C’est une reprise de possession de la rue. Il y a quelque chose de fort de mettre nos collages dans la rue, un endroit où souvent les femmes ne se sentent pas en sécurité », dit une des « colleureuses », sous le couvert de l’anonymat évidemment compte tenu du caractère illégal de sa pratique.
Et qu’est-ce qu’un féminicide, ce terme que l’on retrouve dans le nom du collectif? C’est le meurtre d’une ou plusieurs femmes ou filles pour la seule raison qu’elles sont des femmes…
Fonctionnement
Les messages du Collectif Féminicides Montréal sont peints sur des feuilles de papier 8 ½ par 11 qui sont ensuite collées avec de la farine ou de la fécule de maïs et de l’eau.
La cinquantaine de membres du collectif communique via une application cryptée. Les actions et les slogans du collectif sont discutés et déterminés de manière démocratique lors de ces échanges.
Ensuite, à la tombée de la nuit, elles et ils sortent en petit groupe et vont afficher leurs messages, en faisant bien attention de ne pas se faire repérer par des passants ou par la police.
Une amende salée
En décembre dernier, deux membres du collectif ont été arrêtées, menottées les mains dans le dos, à plat ventre sur l’asphalte glacial alors qu’elles collaient le slogan « ROZON GAGNANT, TOUTES PERDANT.ES ». Elles ont écopé d’une amende de 1296 dollars chacune.
En réaction à cette arrestation, les « colleureuses » se sont regroupées et ont écrit une lettre ouverte dans Le Devoir pour faire valoir leur action et dénoncer l’injustice de l’arrestation de leurs paires alors que le magnat de l’humour Gilbert Rozon, accusé d’agression sexuelle, venait d’être acquitté. La lettre était cosignée par plusieurs personnalités publiques.
Travail important
Les récents acquittements de Gilbert Rozon et d’Éric Salvail, la vague de dénonciations de violences sexuelles de l’été dernier et la hausse des cas de violence conjugale liés à la pandémie et au confinement ont été des sources de motivation supplémentaires pour les « colleureuses ».
Depuis mars 2020, elles et ils ont collé plus de 150 slogans sur les murs de la ville. Certains de leurs collages restent pendant des mois alors que d’autres sont enlevés dès le lendemain matin.
Une des « colleureuses » raconte qu’un propriétaire de commerce a déjà voulu garder le collage sur son mur, car il trouvait le message important.
Collage à Ahuntsic
Début janvier, c’était la première fois que les « colleureuses » collaient dans Ahuntsic-Cartierville. Elles ont poursuivi leur action de 20h à 23h sans se faire surprendre par personne. Une « soirée tranquille ».
« On n’était jamais allé dans ce quartier. C’est important pour nous de montrer nos messages partout, de faire voir nos collages aux gens qui ne les ont jamais vus encore, pour avoir plus de portée », explique une « colleureuse ».
Non-mixité choisie
Le groupe Collages Féminicides Montréal est un collectif en non-mixité choisie, c’est-à-dire réservé aux personnes appartenant à un ou plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés ou discriminés. Toute femme ou personne faisant partie d’une minorité de genre est invitée à s’y joindre et le groupe est appelé à grandir.
Les personnes intéressées à se joindre au collectif peuvent contacter le groupe via leur page Instagram et elles seront invitées à venir coller des slogans la prochaine fois que des membres sortiront dans la rue.
Pour 2021, les « colleureuses » souhaitent que la mobilisation et le militantisme continuent de grandir et d’élargir ses horizons.
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