Même si la baisse des nouveaux cas de COVID-19 observée depuis la mi-janvier se poursuit, la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal espère retarder le plus possible la progression de la nouvelle souche du virus qui pourrait causer une troisième vague au printemps.
Les variants gagnent du terrain
Lors d’une conférence de presse tenue mercredi, la directrice de la Santé publique de Montréal, docteure Mylène Drouin, a souligné que les cas de variant représentaient 15 ou 16 % des cas positifs dans les premiers jours de mars, alors qu’ils ne comptaient que pour environ 12 % la semaine dernière. Le mois dernier, on estimait qu’ils représentaient de 8 à 10 % des cas.
« Notre objectif, c’est vraiment de ralentir cette progression », affirme la directrice de santé publique.
Il est désormais acquis que les variants font l’objet d’une transmission communautaire, même si les cas demeurent pour l’instant concentrés dans des secteurs géographiques précis et qu’ils sont principalement associés à des éclosions sous surveillance, surtout en milieu scolaire.
La question n’est donc plus de savoir si, mais plutôt quand le variant B117, plus contagieux et plus virulent que la souche originale du coronavirus, deviendra prédominant dans la métropole. La santé publique évoque une fenêtre de trois et six semaines durant laquelle il faudra redoubler d’ardeur pour « supprimer le virus » tout en vaccinant un maximum de personnes vulnérables.
Montréal toujours au rouge
La docteure Drouin rappelle par ailleurs que Montréal se maintient sur un plateau avec des taux d’incidence qui demeurent élevés, malgré la diminution du nombre de nouveaux cas, diminution qui se poursuit après le pic observé en janvier.
« Clairement, nos indicateurs sont encore au palier rouge selon les seuils indiqués », fait valoir la docteure Drouin.
Avec 152 nouveaux cas enregistrés dans la dernière semaine, dans Ahuntsic-Cartierville, l’arrondissement demeure parmi ceux qui compte le plus de nouveaux cas, et ce même s’il s’agit de l’arrondissement qui a enregistré la plus forte baisse des nouveaux cas dans les deux dernières semaines.
Comme les nouveaux cas, les hospitalisations étaient en baisse dans les trois centres hospitaliers du Nord de l’Île pour un total de 50 personnes alitées en date du 3 mars. Et pour la première fois depuis la fin janvier, le nombre de personnes aux soins intensifs est repassé sous la barre de 15.
« Est-ce que c’est le calme avant la tempête? », s’interroge la directrice de la santé publique.
Chose certaine, Ahuntsic-Cartierville s’apprête à franchir le cap des 8500 cas depuis le début de la pandémie, et on y a rapporté deux nouveaux décès dans la semaine du 23 février au 1er mars, et quatre de plus sont venus s’ajouter au bilan depuis.
« Les décès, actuellement, on en a de moins en moins », note toutefois la directrice de la santé publique qui voit dans cette accalmie les premiers signes de l’effet de la campagne de vaccination dans les milieux de vie et de soins pour aînés.
Vaccination à vitesse grand V
« La vaccination dans les CHSLD est terminée. Présentement, nous sommes en train de finaliser la vaccination dans les RPA. La grande majorité des aînés en perte d’autonomie a donc reçu une dose du vaccin. Prochainement, nous irons également vacciner les résidents dans les HLM et OBNL de notre territoire », fait savoir Séléna Champagne, conseillère aux relations médias et aux affaires publiques au Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
En date de mercredi, 20 000 personnes avaient déjà été vaccinées dans le cadre de la campagne de vaccination de masse à Montréal. Pour la seule journée du 2 mars, ce sont près de 1500 personnes qui avaient rendez-vous dans les centres de vaccination du CIUSSS du Nord.
Mercredi après-midi, toutes les plages horaires disponibles à la clinique de vaccination de Cartierville étaient déjà réservées jusqu’à la fin mars, « ce qui démontre l’engouement des gens pour recevoir leur vaccin », souligne la porte-parole du CIUSSS.
« C’est une opération qui connait un bon départ », se réjouit pour sa part, Lynne McVey, présidente-directrice générale du Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux (CIUSSS) de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal, qui accompagnait la docteure Drouin à la conférence de presse de mercredi à titre de représentante du réseau de la santé montréalais.
Elle assure que des améliorations continues seront apportées pour répondre aux problèmes qui n’ont pas manqué de survenir dans les premières heures de l’opération, dont les files d’attente. Elle réitère l’importance de ne pas se présenter plus de dix minutes à l’avance pour un rendez-vous afin d’éviter les rassemblements devant les centres de vaccination.
Certaines « corrections » ont déjà été apportées, ajoute-t-elle, notamment concernant la possibilité qui a été offerte initialement aux personnes âgées de 60 ans et plus d’être vaccinées à titre d’accompagnatrices. Les directives ministérielles prévoient que seuls les aidants naturels de 70 ans ou plus peuvent ainsi se faire vacciner en accompagnant leurs proches à leur rendez-vous de vaccination. Les politiques ont été ajustées en conséquence, indique Lynne McVey.
Pour l’instant, la vaccination n’est accessible qu’aux personnes qui sont en mesure de se rendre dans les centres de vaccination, mais des options alternatives pourraient s’offrir bientôt, dont la vaccination en pharmacie qui doit débuter le 15 mars.
« Éventuellement, lorsque nous aurons des vaccins qui peuvent être déplacés chez les gens, nous irons vacciner à domicile les personnes qui ne peuvent vraiment pas se déplacer », précise aussi Séléna Champagne.
Le « cocktail variants et semaine de relâche » à surveiller
Dans tous les cas, la Santé publique se dit confiante de pouvoir vacciner toutes les personnes de 70 ans et plus d’ici la fin mars. Entre temps, il faudra surveiller la situation au retour de la relâche scolaire, et il faudra plusieurs semaines pour évaluer l’impact qu’aura le « cocktail variants et semaine de relâche ».
« Nous allons peut-être voir venir une troisième vague », prévient la docteure Drouin.
D’autant plus que c’est en grande partie dans les milieux scolaires que semblent se propager les variants. Plus largement, elle souligne que c’est chez les 5-17 ans, soit les enfants d’âge scolaire, et chez les 35-54 ans, soit le groupe d’âge des parents d’enfants en âge de fréquenter l’école, qu’on observe les plus fortes progressions de nouveaux cas.
« On a vraiment quelque chose qui se passe entre l’école et le domicile », reconnait la docteure Drouin.
La directrice de la Santé publique rejette toutefois l’idée de revenir à l’enseignement en ligne et maintient l’objectif de garder les écoles ouvertes.
Elle évoque d’ailleurs la possibilité, selon le niveau d’immunité collective fourni aux personnes plus vulnérables par la campagne de la vaccination de masse, d’adopter éventuellement « une gestion du risque différente » qui consisterait à accepter «certains types de transmission pour certains groupes, où les formes sévères de la maladie sont moins prédominantes ».
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