Selon une analyse des résultats d’échantillonnage de la qualité de l’air réalisés dans les écoles du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), plus d’une école sur cinq dans Ahuntsic-Cartierville dépassait la cible établie par le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ), et plusieurs tests présentaient des anomalies.
Près de 80% des mesures réalisées dans les écoles du CSSDM dans l’arrondissement affichaient des concentrations inférieures à 1000 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone (CO2), soit le seuil visé par le Ministère pour établir que la qualité d’air est adéquate.
Selon une compilation réalisée par le JDV, des mesures supérieures à cette cible ont tout de même été rapportées dans pas moins de 133 tests, dont 17 qui dépassaient le seuil des 1500 ppm jugé comme la limite « acceptable » par le MEQ.
Si à peine 3 % des locaux testés présentaient des seuils supérieurs à cette limite, 27 % des mesures prises dans les établissements primaires et 12 % de celles prises dans les école secondaires se situaient entre 1000 et 1500 ppm.
« Si les résultats sont entre 1 000 et 1 999 ppm, la direction devra s’assurer du respect de la procédure d’ouverture des fenêtres et des mesures seront reprises dans l’école. Si des résultats au-dessus de 2 000 ppm sont détectés, la nature des mesures correctives à mettre en place vous sera directement communiquée », indique le CSSDM sur la section Ventilation et qualité de l’air de son site Internet, où l’on peut consulter les résultats détaillés des mesures par établissement.
Le JDV a constaté que le protocole de test ne semble pas toujours avoir été suivi à la lettre, même si des mesures ont été reprises dans au moins six écoles où des concentrations dépassant les 1500 ppm ont été enregistrées.
Plus de 2000 ppm à Saint-Martyrs-Canadiens
Par exemple, à l’école Saint-Martyrs-Canadiens, une première lecture le 28 janvier avait affiché un taux de 1 650 ppm dans une classe et ce, même si une fenêtre avait été ouverte pendant 235 minutes dans ce local.
Une reprise du test a été faite le 23 février, mais pas dans le local où le taux de 1 650 ppm avait été relevé. Dans une autre classe, un taux de 2 090 ppm a par contre été relevé alors que deux fenêtres avaient été ouvertes pendant 62 minutes au moment de la mesure.
Lors d’une deuxième reprise réalisée le 18 mars, aucune concentration supérieure à 1500 ppm n’a été rapportée, mais plusieurs classes dépassaient encore largement la cible de 1000 ppm.
Un local affichait un taux de 1 402 ppm, même après que quatre fenêtres eurent été ouvertes pendant 20 minutes. Notons également que selon la fiche de résultats, la première mesure sensée être prise avant le début du cours dans ce local a été faite 90 minutes après la deuxième mesure prise au milieu de la période de cours.
Plusieurs incongruités
Il ne s’agit pas là de la seule incongruité dans les tests réalisés par le CSSDM dans les écoles d’Ahuntsic-Cartierville, loin de là.
Dans une analyse détaillée des données publiées par les Centres de services scolaire, Radio-Canada avait par exemple relevé qu’une seule personne était présente dans la classe lors d’une mesure sensée avoir été prise au milieu de la période de cours dans une classe de pavillon Hubert-Reeves de l’école Fernand-Seguin. En plus de cette aberration, la mesure suivante, qui devait être prise 20 minutes après l’ouverture des fenêtres, a été prise deux heures plus tard, alors que les fenêtres avaient été ouvertes pendant 193 minutes (!).
Lors de la prise de mesures initiales dans cette école le 29 janvier, le taux de CO2 dans un local était de 1 560 ppm au milieu du cours même si des fenêtres y avaient été laissées entre-ouvertes pendant plus d’une heure et demi.
Des mesures ont été reprises par deux fois dans cette école, le 24 février 2021, puis le 9 avril 2021.
La première reprise a encore donné lieu à des situations loufoques, où des mesures ont été enregistrées avec une seule personne dans le local au milieu de la période de cours, puis à nouveau environ deux heures plus tard alors que les fenêtres avaient été ouvertes pendant plus d’une heure et demi.
Dans une classe, une concentration de 1 925 a par ailleurs été enregistrée avant même le début du cours alors que toutes les fenêtres étaient fermées.
Lors de la deuxième reprise, aucun seuil supérieur à 1000 ppm n’a été enregistré, mais les fenêtres de tous les locaux ayant fait l’objet de tests avaient été laissées ouvertes depuis près de 5 heures avant même la première mesure.
Un protocole conforme?
« D’entrée de jeu, le ministère de l’Éducation du Québec confirme que notre application du protocole de tests de CO2 est conforme à leurs demandes. Dans ce protocole, seule la mesure 3 est considérée », précise Alain Perron, responsable des relations de presse au CSSDM.
Le fait est que des concentrations allant de 1 536 ppm à 2 090 ppm ont été rapportées dans des locaux de six écoles de l’arrondissement, soit Ahuntsic annexe, Fernand-Séguin, François-de-Laval, Saint-André-Apôtre annexe (Tolhurst), Saint-Paul-de-la-Croix, Saints-Martyrs-Canadiens et Sophie-Barat annexe. Dans cette dernière école, une reprise de tests menée le 19 mars a révélé une concentration de 1561 ppm dans un local, mais aucun nouveau test ne semble avoir été réalisé depuis.
Le JDV a cherché à savoir quels correctifs ont été apportés dans ces installations et si certains locaux pourraient être équipés d’échangeurs d’air.
« À la demande du MEQ, le CSSDM a procédé à un échantillonnage de chaque type de classes dans tous ses établissements, et les résultats ont été transmis à la fin mars », se contente d’indiquer le porte-parole du CSSDM.
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