Diane Martel, dg d’Ahuntsic-Cartierville

Diane Martel entame ses 18 mois à la direction de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Elle livre ses impressions dans une entrevue exclusive avec Journaldesvoisins.com.

SD : Vous travaillez pour Montréal. Habitez-vous la métropole?

DM : Je suis une vraie Montréalaise! Ça fait 30 ans que je travaille pour Montréal. Je connais plusieurs arrondissements. J’adore cette ville. J’aime y habiter, y travailler. On a accès à tous les services, les institutions; il y a une grande diversité. Il y a une vie culturelle… qui va reprendre après la pandémie. J’entends bientôt venir au bureau à vélo, ce qui ne s’est pas produit à cause de la pandémie, car nous sommes en télétravail.

SD : Quelle est votre scolarité?

DM : J’ai un baccalauréat en relations industrielles, gestion des ressources humaines, et un MBA de HEC Montréal en finance. C’est un bon complément quand on fait de la gestion. Ça m’a bien servi.

SD : Comment voyez-vous Ahuntsic-Cartierville?

DM : C’est un très bel arrondissement. Même si chaque arrondissement de Montréal a ses caractéristiques, Ahuntsic-Cartierville  se démarque par son caractère riverain et son verdissement abondant. Il y a une multitude de parcs, une vraie qualité de vie et des projets emballants. L’arrondissement est bien desservi en matière de transports : deux gares de métro, un bon réseau d’autobus, et un réseau routier et cyclable bien développé. Le territoire est très diversifié géographiquement. Cette diversification se reflète aussi dans ses habitants.

SD : Est-ce que ça complique la gestion de l’arrondissement?

DM : Nous faisons beaucoup de consultations publiques. C’est un bon moyen de connaître les intérêts et les désirs de la population pour améliorer leur qualité de vie.

SD : Qu’est-ce qui vous plaît le plus comme patronne?

DM : J’aime beaucoup mon équipe : ce sont des gens dévoués. Ils ont à cœur de livrer des services pour le bien-être des résidents. Dès mon arrivée, j’ai fait une tournée de tous les points de service, j’ai rencontré les équipes, ils étaient passionnés lorsqu’ils m’expliquaient leur travail. J’ai vu que la flamme brillait dans leurs yeux.

SD : Avez-vous exploré l’arrondissement à votre arrivée?

DM : Oui, je me suis promenée. C’est important de comprendre le territoire et les citoyens, les situations qu’ils vivent. Quand on porte quelque chose à mon attention, j’aime aller sur le terrain pour comprendre la dynamique. J’ai notamment fait la tournée des parcs. Ils sont très beaux. Plusieurs investissements ont été faits dans nos espaces verts et d’autres s’en viennent.

SD : Quel est votre rôle comme DG?

DM : Vous me pardonnerez le cliché, mais c’est celui d’un chef d’orchestre, qui doit s’assurer que tout fonctionne bien. Nous livrons beaucoup de services à la population et nous avons un grand nombre de projets. Je m’assure que les ressources financières, matérielles et humaines soient alignées avec la stratégie de l’arrondissement. C’est complexe, car je supervise 420 personnes, dont de nombreux cadres, et je gère un budget de plus de 58 millions de dollars.

SD : On dénonce souvent la lourdeur bureaucratique de la fonction publique montréalaise. Qu’en pensez-vous?

DM : Lourdeur bureaucratique et reddition de comptes ne signifient pas la même chose. La reddition de comptes, c’est essentiel lorsqu’il s’agit de deniers publics. Ça doit être un réflexe naturel. Il faut respecter les règles et être transparents. Je vois cela avant tout comme un outil de travail.

SD : On a souvent critiqué une certaine complexité propre à Montréal, avec des pouvoirs partagés entre la ville-centre et les arrondissements. Certains trouvent ça inutilement compliqué.

DM : Ma patinoire est pourtant bien définie. Je gère notre arrondissement selon des règles précises. Un arrondissement livre des services de proximité. Pour moi, c’est très clair.

SD : Cette proximité vous importe?

DM : Oui. La qualité des services est essentielle. Pour moi, mais aussi pour nos employés. On vit une grande satisfaction quand les citoyens sont contents, qu’ils sont servis adéquatement. C’est notre première responsabilité.

SD : Comme patronne des fonctionnaires, comment vivez-vous les liens avec les élus?

DM : Je vis ça comme tous les directeurs d’arrondissements. Le contexte est assez simple : les élus sont choisis par la population, ils déterminent les orientations et les priorités. Mon rôle, c’est de traduire ces priorités dans la gestion, c’est-à-dire d’allouer convenablement budgets, ressources et talents. Et de s’assurer que les projets et les objectifs soient atteints selon les budgets et échéances. Qu’on va dans la bonne direction.

SD : Quel fut votre plus gros défi depuis votre nomination?

DM : Je suis ici depuis 18 mois, dont 14 en pandémie. Il a clairement fallu la gérer, cette pandémie! Il y a eu des périodes de confinement et de déconfinement. Il a fallu instaurer le télétravail pour celles et ceux qui pouvaient s’y adonner. Mais, surtout, nous devions nous assurer qu’il n’y ait pas de rupture de services aux citoyens, surtout pour les services essentiels. Il fallait aussi protéger nos employés. Mobiliser les équipes en contexte de Covid-19 et s’assurer d’une communication de qualité. Ce fut un énorme défi.

SD : Il y a eu la première, puis la deuxième vague…

DM : On a fermé. On a ouvert. On a fermé. Les employés ont dû faire preuve d’agilité. Il a fallu instaurer de nouvelles méthodes de travail. On a dû s’adapter. Mais nos équipes sont très résilientes. On a livré les permis, déneigé, inspecté, géré les matières résiduelles… Je suis très fière du fait qu’il n’y a pas eu de rupture de services. Tout le monde a mis l’épaule à la roue. Chacun a apporté ses idées. Il faut comprendre que nous n’avions aucune recette pour faire face à cette crise. Je suis une adepte du travail multidisciplinaire, et ça nous a très bien servi dans les circonstances. Car les meilleures solutions viennent du personnel : ils sont sur le terrain, ils connaissent les enjeux, les besoins. Les équipes qui ne sont pas homogènes livrent souvent les meilleurs résultats ou projets.

SD : Nous sommes en sortie de crise. Quelle est la suite?

DM : Cette pandémie n’est pas finie et elle va laisser des traces durables. Il va falloir encore se réinventer pour le long terme. On y pense déjà. De très bonnes choses vont demeurer : on a innové dans notre organisation du travail. On va faire l’inventaire de ces bonnes pratiques pour les conserver. Dans la société, trois travailleurs sur quatre veulent maintenir une forme de télétravail. Dans ce contexte, quel sera l’avenir? Difficile à dire. Mais on se prépare activement à l’après-pandémie.

SD : Que faites-vous pour décrocher du boulot?

DM : Je fais du vélo depuis longtemps. J’ai un vélo hybride. J’aime pédaler en ville, mais j’aime faire quelques escapades à la campagne. Je fais aussi du jogging, mais pour garder la forme, pas pour faire le marathon.

SD : Merci pour cette entrevue.

DM : Avec plaisir!



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