En mars dernier, Isabelle Leclerc de l’Atelier éponyme remportait le prix Maestria, décerné par le Conseil des métiers d’art du Québec, pour la qualité exceptionnelle de ses travaux de restauration réalisés à l’Église de la Visitation dans Ahuntsic-Cartierville.
Si le savoir-faire de la peintre en art décoratif a été reconnu, la lauréate estime que c’est toute une profession qui mérite de l’être.
L’église de la Visitation se refait une beauté
La précision et l’exactitude des finis intérieurs réalisés par l’Atelier Isabelle Leclerc ont été saluées par le directeur général du Conseil des métiers d’art du Québec, Julien Sylvestre, lors de la cérémonie de remise de prix virtuelle.
Réalisé en deux étapes et s’échelonnant sur environ cinq mois, le projet a permis de restaurer les trompe-l’œil au bas des murs, en plus des portes principales de l’église de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie.
« L’église était plate et banale auparavant, mais maintenant elle a l’air riche. Lorsque j’entre à l’intérieur, j’arrive à imaginer comment ça devait être pour les premiers colons», se réjouit Mme Leclerc lors d’un entretien accordé à Journaldesvoisins.com
Si la ressemblance est à s’y méprendre, c’est notamment grâce aux soubassements en faux-fini de bois comme ils l’étaient à l’époque.
La paroisse a également bénéficié du savoir-faire d’un architecte du Centre de conservation du Québec.
La paroisse de la Visitation
Construite en pierres des champs entre 1749 et 1751, la paroisse de la Visitation est la seule église de style traditionnel québécois dans la métropole, a indiqué Mme Leclerc à Journaldesvoisin.com.
« Le fait qu’elle soit sur le bord d’une rivière lui confère une simplicité, elle est plus sobre. Et c’est un quartier actif, il y a une piste cyclable, c’est plus convivial », décrit la peintre qui n’en est pas à sa première restauration d’église.
Un savoir-faire essentiel
La paroisse de la Visitation s’est méritée en 2017-2018 une aide financière d’environ 340 000$ pour mener à terme ces projets de restauration dont faisait partie le mandat confié à Mme Leclerc.
Cette intervention n’est certainement pas la dernière pour la plus vieille église encore debout sur le territoire montréalais. Or, pour y parvenir, il faut des artisans comme Isabelle Leclerc, reconnus et formés dans leur domaine. À ce jour, le Québec ne compte aucune école spécialisée dans ce domaine, vastement occupée par les femmes.
Les Rendez-vous Maestria le rappellent, le savoir-faire artisanal est essentiel au maintien du patrimoine bâti québécois. Une réflexion que partage Mme Leclerc :
« Le gouvernement doit continuer à accorder des subventions pour nourrir notre histoire, parce que c’est ce qui fait vivre le tourisme et c’est ce qui nous permet de maintenir nos éléments ancestraux. »
Manque de relève
« J’ai gagné un prix, mais qu’est-ce que ça me donne d’avoir gagné un prix comme ça si personne ne le sait, si personne ne connaît ma profession ? », déplore Isabelle Leclerc à Journaldesvoisins.com.
Déçue et inquiète pour son milieu, c’est surtout le manque de relève qui peine la peintre en art décoratif.
« La main-d’œuvre a en moyenne une cinquantaine d’années, il faut absolument une relève. Moi, je vais bientôt prendre ma retraite, pas parce que je le veux, mais parce que mon corps le demande, et je voudrais bien passer mon savoir à quelqu’un, mais il n’y a personne. »
Prix Maestria
Le prix Maestria, accompagné d’une bourse de 1 000$, honore une réalisation architecturale ou une réalisation d’intervention (restauration, réparation, reconstitution) effectuée au cours des cinq dernières années.
La mise en nomination des projets reposait sur quatre critères : l’impact de l’intervention sur le milieu, l’harmonie avec le bâtiment existant, la qualité exceptionnelle de la réalisation ainsi que le respect des règles de l’art.
Un savoir essentiel qui doit, lui aussi, être préservé.
Pour en savoir plus sur l’artiste Isabelle Leclerc, c’est ici.
Pour en savoir plus sur les Prix Maestria, c’est ici.
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Bravo Isabelle