Bien qu’il ne date pas d’hier, le phénomène des fausses nouvelles a pris une ampleur inquiétante au cours de la dernière année. Présent un peu partout sur la planète, il gangrène les médias et alimente le cynisme des populations. Certains analystes avancent même qu’il constitue une menace pour la démocratie. À qui profitent ces fausses nouvelles?

Juillet 2016. L’élection américaine qui doit se tenir quatre mois plus tard retient déjà une bonne part de l’attention médiatique. Et voilà qu’un matin, des centaines de millions de personnes s’étouffent dans leur café en apprenant la nouvelle : le Pape François appuie Donald Trump comme candidat à la présidence des États-Unis…

Bien entendu, la nouvelle est fausse. Publiée sur un site web de « fake news », puis repris par un autre (c’est volontairement que je ne les nomme pas ici), la nouvelle est rapidement transmise et retransmise partout dans le monde par le biais des médias sociaux. Il ne faudra pas longtemps avant qu’il soit confirmé que l’histoire est inventée de toutes pièces, mais au prix où les fournisseurs internet nous vendent la bande passante, quel gaspillage de bits!

L’explosion

Jusqu’à la toute fin du siècle dernier, le phénomène des fausses nouvelles restait plutôt marginal. Il était alors surtout causé par le manque d’éthique professionnelle de journalistes trop paresseux pour valider leurs informations, ou encore trop soucieux de bien paraître en « embellissant » leurs histoires en vue d’obtenir une certaine notoriété : photos mises en scène, situations inventées, etc.

Les médias n’avaient pas vraiment intérêt à encourager de telles pratiques. Se faire prendre la main dans le sac pouvait en effet causer des dommages irréparables à une crédibilité durement acquise.

L’explosion de popularité des médias sociaux est probablement l’un des facteurs ayant le plus contribué au déferlement de fausses nouvelles auquel nous avons assisté ces dernières années. Plus une histoire est accrocheuse, plus elle sera republiée et « retweetée », qu’elle soit véridique ou non. Pour un créateur de fausses nouvelles, il suffit donc de faire preuve d’un peu d’imagination, et de faire confiance au manque d’esprit critique de la masse pour voir ses « reportages » repris un peu partout.

Un phénomène dérangeant

Parmi les aspects les plus dérangeants du phénomène des fausses nouvelles, on constate que, contrairement à certains sites faisant ouvertement de la satire ou de la parodie (pensons par exemple au « Journal de Mourréal »), la grande majorité de ces histoires inventées sont créées spécifiquement dans l’intention de tromper la population. Beaucoup d’efforts sont d’ailleurs déployés afin de leur donner un air de crédibilité (rédaction de style professionnel, fausses références difficilement vérifiables, photos « officielles »…). Plusieurs médias établis se laissent parfois même prendre au jeu en reprenant sans trop de vérification une histoire qui finira par se révéler sans fondement.

Le phénomène semble avoir pris assez d’ampleur, au cours des derniers mois, pour attirer l’attention de nombreux gouvernements un peu partout dans le monde. Chez nous, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, s’est récemment dite préoccupée par la situation. Selon elle, il importe de sensibiliser les géants de l’internet et des médias sociaux (notamment Facebook et Twitter) à leurs responsabilités dans ce dossier.

Mais qui donc a intérêt à diffuser ces fausses nouvelles? Farceurs en manque d’attention? Vandales virtuels qui se plaisent à observer à distance les dégâts qu’ils ont causés? Pour certains spécialistes, le phénomène constituerait même une forme de guerre psychologique et d’agitation politique. Pour d’autres, la fausse nouvelle n’est qu’un outil de marketing parmi tant d’autres. On n’a qu’à observer ce qui se passe chez nos voisins du sud pour le constater…



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