(Photo : Philippe Rachiele, JDV)
Caricature de la revue de l’année 2018 du journaldesvoisins.com (Par Martin Patenaude-Monette).

Le printemps est à nos portes. Le redoux à venir entraînera l’apparition de petits [et parfois, grands] trous bien connus sur les artères et rues d’Ahuntsic-Cartierville : les nids-de-poule. Ce phénomène annuel n’est pas près de s’estomper. Des hivers hauts en variation de température comme ce fut le cas cette année pourraient augmenter la problématique sur les chaussées vieillissantes de l’arrondissement pendant l’hiver et le printemps.

Le phénomène est bien connu: les nids-de-poule sont causés par une succession de conditions. La présence de fissures dans l’asphalte occasionne des infiltrations d’eau sous la chaussée, entre l’asphalte et la fondation de la rue. Pendant l’hiver, l’eau qui s’est accumulée à cet endroit gèle, ce qui cause une extension de volume sous la chaussée, un phénomène a priori qui n’est pas problématique. Au printemps, c’est une autre histoire.

« À la fin de l’hiver, lorsque cette eau va fondre et s’évacuer, cela va fragiliser la chaussée en créant des points de faiblesse qui deviennent nos fameux nids-de-poule », souligne Samuel Yniesta, professeur adjoint au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal.

Cette année, les rues et artères montréalaises ont subi un hiver avec de très grandes variations de température, notamment avec des périodes de redoux très soudaines permettant à l’eau de s’infiltrer davantage dans la chaussée. Les experts s’attendent à ce que ces conditions climatiques particulières [qui iront en s’aggravant au cours des prochaines années] risquent d’aggraver le problème.

Les conséquences des nids-de-poule sont redoutées, surtout des automobilistes, alors que de tels cratères sur les rues et les artères peuvent occasionner des crevaisons, des bris de suspensions, et causer des accidents en plus d’être un danger pour les autres usagers de la route, notamment les piétons et les cyclistes.

Dans Ahuntsic-Cartierville, les précautions d’usages sont renforcées.

L’arrondissement s’attend à une hausse de prolifération des nids-de-poule sur les rues et artères du territoire à l’approche du printemps. Pour rester bien informé de l’état des routes, l’arrondissement s’appuie notamment sur les tournées des contremaîtres et des requêtes des citoyens pour identifier les artères et rues problématiques.

Parmi les types de routes à risque, il y a les chaussées âgées et conditionnées par une forte densité de circulation qui représentent des cas où les possibilités d’obtenir une prolifération de nids-de-poule sont augmentées selon Samuel Yniesta.

Techniques pour contrer le problème

Depuis 2017, l’arrondissement partage avec quatre autres arrondissements une colmateuse à tête mécanisée pour se prémunir face à la problématique. Ce véhicule optimise le colmatage des nids-de-poule tout en réduisant les coûts d’opération, indique l’arrondissement. Par contre, des conditions météorologiques spécifiques doivent être en place pour utiliser ce type de machine; il ne doit pas faire trop froid et la chaussée doit être assez sèche.

Sur les grands axes routiers de l’arrondissement, des infrastructures routières sous la responsabilité de la Ville-centre, des opérations avec ce type de machine sont aussi mises en place.

« Il y a également un contrat donné par le central [ndlr: Ville-centre] qui envoie des colmateuses sur le réseau artériel », affirme Marlène Ouellet, chargée de communication à l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Récemment, journaldesvoisins.com a aperçu les employés de la municipalité en plein travail de remplissage au coin St-Urbain et Prieur, en soirée. Sur place, la technique utilisée était celle de colmater les trous directement avec de l’asphalte à la pelle.

Avec le temps froid, les trous étaient colmatés avec un bitume tiède ou froid, les conditions météorologiques n’étant pas optimales. L’idéal serait de remplir les trous avec un asphalte chaud, une solution plus durable et peu coûteuse qui nécessite une température extérieure plus clémente.

« Le fait de remplir les trous est une solution à court terme, cela ne règle pas les problèmes. C’est une question économique surtout », tempère Samuel Yniesta.

Colmatage de fissures durant l’été pour éviter la formation de nids-de-poule. Ici, sur le boulevard Henri-Bourassa, près de la rue Clark, le 7 juillet 2018.

Outre cette technique, l’arrondissement utilise aussi des boîtes d’asphaltes, des plaques vibrantes et des rouleaux compresseurs pour réparer la surface des chaussées problématiques.

L’arrondissement comble aussi les fissures quand elles apparaissent, notamment durant l’été [voir illustration plus haut].

Une question de coûts

Or, ces types de méthodes utilisées par la municipalité représentent des solutions temporaires. Une route aux prises avec des problèmes récurrents de nids-de-poule signifie que la chaussée est au bout de son cycle de vie; les travaux de réfection autour des trous et du revêtement ne permettent pas de régler durablement la situation.

Pour l’arrondissement, certaines routes problématiques sont celles dont la réfection n’a pas concerné la fondation, ce qui ferait apparaître des fissures plus rapidement, indique Marlène Ouellet.

« L’idéal est de changer toute la chaussée. Non seulement la surface, le revêtement, mais aussi la fondation et la couche de fondation », souligne Samuel Yniesta.

Cependant, ce type d’opération est très coûteux; le nerf du problème pour le professeur serait d’ordre économique. D’après lui, il existe des solutions présentement à l’étude, mais celles-ci ne trouvent pas preneurs du fait qu’elles soient trop onéreuses.

« Je pense qu’on est capable de construire des chaussées beaucoup plus résistantes face aux nids-de-poule que celles que nous avons présentement à Montréal, mais cela va venir avec des coûts que les municipalités ne seraient pas prêtes à dépenser », affirme le professeur de Polytechnique Montréal.

Un avenir sans nids-de-poule ?

Nul besoin de se faire d’illusion, les nids-de-poule vont toujours apparaître dans nos rues. Le professeur se fait toutefois rassurant: les nouvelles routes sont moins propices à ce genre de problème.

Cela dit, il n’est pas possible de se prémunir intégralement contre des problèmes de points de faiblesses, symptôme originel des nids-de-poule, surtout si la construction de la chaussée s’étend sur une très grande distance, rappelle-t-il.

Depuis 2016, a conclu Mme Ouellet, la Ville de Montréal a conçu une procédure de colmatage des nids-de-poules pour optimiser la gestion de ce problème sur les routes montréalaises.



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