Ahuntsic-Cartierville demeure sûr

Moins de vols de voitures, mais plus de fraudes alors que la violence armée est en baisse. Le Service de police de la Ville de Montréal a publié en juin son bilan annuel. Les données recueillies permettent de faire le point sur les questions de sécurité à Ahuntsic-Cartierville. Le commandant du PDQ 27 a bien voulu commenter les chiffres concernant son secteur.

Un homicide à l’ouest en 2023, un autre à l’est en 2024. On peut dire qu’Ahuntsic-Cartierville a eu droit à un crime par an ces deux dernières années. Cela n’est pas pour autant significatif d’une hausse de l’insécurité.

« Chaque homicide a ses particularités. En 2024, cela s’est produit dans un quartier industriel, et les personnes impliquées n’étaient pas de notre secteur », précise Jean-Michel Brunet, commandant du poste de quartier (PDQ) 27 en entrevue avec le Journal des voisins (JDV). La victime non plus, Christopher Shawn Jean Vilsaint, n’était pas du quartier.

Alors que le cadavre de Kevin Mirshahi, un influenceur en cryptomonnaie, a été retrouvé en novembre dernier au parc de la Visitation, son meurtre aurait été commis en Montérégie.

Quant à l’homicide enregistré en 2023 sur le territoire du PDQ 10 (Bordeaux-Cartierville), c’est celui du Saguenéen Alex Hudon, abattu vers trois heures du matin dans un stationnement près de l’intersection du boulevard Henri-Bourassa et de l’avenue du Bois-de-Boulogne. Dans ce cas aussi, la victime venait apparemment de l’extérieur.

« Certaines années, il s’agissait bel et bien de personnes du secteur, et on avait alors toutes les raisons de s’en inquiéter Reste qu’un homicide, c’est toujours un homicide de trop », relève M. Brunet. Il faut aussi savoir que le taux de résolution des homicides en 2024 avoisinait les 80 % à l’échelle du SPVM.

Les armes se cachent

Les chiffres signalent aussi la baisse du nombre d’infractions liées aux armes à feu. Bien qu’elle soit modeste, cette diminution témoigne de l’efficacité des mesures prises par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour combattre la détention et le commerce d’armes à feu non autorisées. « En ce qui concerne la violence armée, dans le secteur du PDQ 27, on est vraiment en nette baisse, ce qui reflète un peu la réduction constatée dans tout Montréal », relève le commandant Brunet.

La problématique des coups de feu tirés dans des portes de logements et des vitrines n’est pas propre à un quartier. Elle est le fait de plusieurs grandes métropoles dans le monde.

Dans sa lutte contre la violence armée, la police de Montréal agit sur plusieurs volets. D’abord en augmentant la présence policière pour recueillir le plus d’informations possible dans une démarche de dissuasion. Puis en favorisant la prévention, parfois à l’aide du renseignement ciblé. « On peut parfois obtenir des informations sur ce qui s’en vient ou ce qui pourrait s’en venir », signale le commandant du PDQ 27.

« On intervient aussi auprès des victimes avec la collaboration de proches et d’intervenants, car une personne victime d’une violence armée peut parfois, pour des raisons qui lui sont propres, devenir elle-même un agresseur », confie le chef de police local. Le soutien de la famille ou de personnes significatives peut aider à désamorcer de telles situations et éviter qu’un crime soit commis. « Nous appelons ça l’approche des collectifs. Nous ne réussirions pas à faire ce que nous faisons sans l’appui du communautaire, et même de l’institutionnel dans certains cas. »

Agir sur les cas

Alors que le vol de véhicules a beaucoup fait parler de lui dans Ahuntsic-Cartierville par le passé, les chiffres de la dernière année indiquent que le nombre de vols s’est vu réduit de près de moitié. « Il y a eu un effort magistral à cet égard. On s’en félicite au PDQ 27, tout en reconnaissant l’aide d’Infocrime en matière de prévention. »

Le PDQ avait beaucoup communiqué à ce sujet, entre autres en distribuant des dépliants à l’attention de la population, notamment lors des conseils d’arrondissement. « Nous avons agi sur la base du renseignement, et misé sur la présence policière à des endroits ciblés, explique M. Brunet. Nous avons ainsi été en mesure de faire plusieurs arrestations. » Les opérations policières ont d’ailleurs permis de démanteler des réseaux importants, notamment d’exportation de véhicules volés en Afrique, au Moyen-Orient et dans les pays du Golfe.

La fraude est cependant en réelle augmentation, ce qui n’est propre ni à Ahuntsic-Cartierville ni à Montréal. Les réseaux sociaux et les moyens technologiques en usage facilitent la chose et incitent certaines personnes à commettre des fraudes ou du moins à faire des tentatives en ce sens.

« Les cas de fraude sont souvent signalés dans les postes de quartier, et ils comptent pour un bon pourcentage du total des rapports que nous rédigeons », nous dit M. Brunet. Selon lui, l’information peut grandement contribuer à prévenir la fraude. Le site Internet du SPVM prodigue des conseils à ce sujet. « Nos policiers sociaux communautaires se présentent dans une trentaine de lieux où se trouvent des personnes âgées ou des gens susceptibles d’être victimes des nouvelles techniques de fraude », ajoute notre interlocuteur.

Enfin, il est à noter que les vols qualifiés sont en baisse, ce genre de vol désignant le fait de dépouiller une personne d’un objet en usant de menaces, avec ou sans arme. Il s’agit d’une forme aggravée de vol. Quant au vol simple, qu’on peut qualifier de larcin, il est en légère hausse.

Quelques chiffres de la criminalité

Sources : Rapports d’activités du SPVM 2023 et 2024.

Ce texte a été publié dans la version papier du JDV d’août 2025.

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