(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Quand on survole Ahuntsic-Cartierville, on remarque rapidement l’étendue d’arbres qui compose la canopée de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville. Mais les autorités s’en préoccupent-elles? L’administration municipale d’Ahuntsic-Cartierville en fait-il assez pour ses arbres? Voici la première tranche d’un dossier de deux textes.

Les citoyens d’Ahuntsic-Cartierville peuvent se réjouir de bénéficier d’une des plus importantes canopées de Montréal. Imposante certes, mais elle est très inégale selon les quartiers.

En septembre 2019, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) estimait que la canopée métropolitaine couvrait 27 % (21 % pour la Ville de Montréal) du territoire et que 45 % de ce couvert forestier était protégé.

Chaque année, La Ville de Montréal plante entre 6 000 et 10 000 arbres sur le domaine public, qui en compte au total, 1,2 million.

Et depuis que la Ville s’est dotée d’un plan d’action, en 2012, pour une couverture arborescente de 25% du territoire d’ici 2025, il s’est planté plus de 63 000 arbres, dont 2 000 dans notre arrondissement, sur des terrains privés et institutionnels, selon Véronique Parent-Lacharité, directrice de projet à la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi), un OSBL voué au verdissement de Montréal, qui a participé à cette opération.

Cet organisme propose l’application Branché, une application qui contribue à la mise en valeur de la forêt urbaine. Si vous avez acheté un arbre auprès de la Soverdi, il y a toutes les chances que votre arbre apparaisse sur la carte affichée sur Branché. Sinon, vous pouvez vous-même l’inscrire!

L’arrondissement a recensé 22 941 arbres sur le domaine public en bordure de rue, dont 7 753 érables, 2 892 féviers et 2 837 tilleuls. Le nombre de frênes (2 242 sujets) a considérablement diminué à cause de la crise de l’agrile, un insecte importé d’Asie qui fait des ravages dans la métropole depuis plusieurs années.

Les parcs d’Ahuntsic-Cartierville abritent 16 221 arbres. La majorité est jeune, plus de 10 000 ayant un diamètre de 30 cm et moins à 1,4 mètre du sol. L’arrondissement compte 4,71 km carrés d’espaces verts publics de toutes dimensions, soit environ 19,6 % de son territoire, qui fait 24 km carrés (comparativement à 10,3 % pour Montréal). Ça fait beaucoup d’espace pour les arbres.

L’arrondissement n’évalue toutefois pas la santé de ses arbres, indique le bureau de la mairesse et des élus.

Un territoire inégal

Et qu’en est-il du domaine privé? Le règlement 01-274 de l’arrondissement stipule que personne ne peut abattre un arbre sans avoir obtenu un certificat de l’arrondissement, lorsque son tronc a un diamètre d’au moins 10 cm à 1,3 mètre du sol. Dès qu’un arbre est coupé, il faut le remplacer par un autre. Lorsqu’un propriétaire demande un permis de construction, il doit maintenir les arbres ayant un diamètre de 5 cm à 1,4 mètre du sol et assurer un ratio d’un arbre par 150 m carrés de terrain, stationnements inclus.

Le règlement prévoit également qu’au moins 40 % d’un stationnement de plus de cinq emplacements doit être ombragé. Et la superficie d’un terrain doit comporter au moins 20% de végétaux, sauf pour les commerces (ce taux est alors de 15 %).

Rattrapage nécessaire

Évidemment, la majorité du territoire a été développée avant l’adoption de ce règlement, et ça paraît. C’est notamment le cas du Marché Central, dont la transformation en méga centre commercial sur un terrain d’un million de pieds carrés, durant les années 1990, ne prévoyait aucun verdissement de ses mers de stationnement parsemées de nombreux immeubles.

L’arrondissement y étudie tout de même la plantation d’arbres, en bordure de l’avenue du Parc.

Même des projets récents, comme les Jardins Millen, près de la station de métro Henri-Bourassa, ne sont pas particulièrement verts. La demande de permis aurait été déposée avant l’adoption du règlement et le projet comporterait des toits verts importants, non visibles de la rue, indique le bureau des élus.

« Certains secteurs de l’arrondissement sont très verts, d’autres méritent un effort, renchérit Emmanuel Rondia, directeur général par intérim du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CREM). Malgré le mouvement actuel de verdissement, il reste encore de nombreux endroits très minéralisés. Ça va demander beaucoup de travail pour les transformer. Et il faudra inévitablement enlever de l’asphalte pour planter des arbres. Ça va demander du courage politique et une mobilisation citoyenne. »

« Quand on regarde la carte de Montréal, on constate qu’Ahuntsic-Cartierville comporte très peu d’îlots de chaleur, ce qui est une bonne nouvelle, constate Mme Parent-Lacharité. Mais le défi des prochaines années, c’est réellement la déminéralisation de certains quartiers. »

Des arbres essentiels

Montréal enregistre 2,6 hectares de parcs par 1000 habitants et se compare favorablement à de grandes villes comme Toronto ou Vancouver, affirme Caroline Magar, responsable du développement de l’organisme Amis des parcs pour le Québec.

« La situation n’est pas parfaite, mais avec 4 470 hectares de parcs et 1 953 hectares d’espaces verts institutionnels, on respire, dit-elle. Montréal est aussi pionnière au pays pour ses ruelles vertes. »

Mais les arbres en bordure de rue et sur les terrains privés et institutionnels sont aussi précieux pour la qualité de vie urbaine que ceux des parcs.

« Les arbres jouent un rôle essentiel en ville, rappelle Danielle Dagenais, professeure titulaire à l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal. Ils contrent les îlots de chaleur, permettent de lutter contre la pollution et les maladies pulmonaires, diminuent le stress, améliorent la santé mentale et cardiaque. Et, surtout, ils embellissent les quartiers.»

Les citoyens apprécient particulièrement que les arbres se touchent et forment une voûte au-dessus des rues. Ils se les approprient. Il est donc normal qu’ils les prennent au sérieux, car ils font partie de l’identité de leur quartier.

« Les arbres vieillissent et finissent par mourir; on n’y peut rien. C’est pour cela qu’il faut faire de la plantation systématique de remplacement en diversifiant les essences, tant sur les terrains publics que privés », explique Gérard Beaudet, collègue de Mme Dagenais et ancien résidant d’Ahuntsic.

M. Beaudet retient que l’arrondissement comporte des joyaux, comme l’île Perry ou les parcs de l’île de la Visitation, du Bois-de-Saraguay, Raimbault et Beauséjour (qui jouxte le terrain très boisé du pavillon Albert-Prévost).

À cette liste s’ajoutent les boisés du parc Marcelin-Wilson ou du Collège Ahuntsic, ou la canopée de l’hôpital de Cartierville.

Le professeur avance qu’il faudrait tout de même végétaliser des boulevards comme l’Acadie, Henri-Bourassa ou encore instaurer de petits îlots boisés sur des rues commerciales comme Fleury, Salaberry ou Gouin Ouest.

À l’arrondissement, on indique qu’on plantera des arbres sur le boulevard Henri-Bourassa, près des rues Millen et Saint-Hubert, d’ici le printemps 2021.

Quelques données clés

  • La forêt urbaine de Montréal pousse à 60 % sur des terrains privés et institutionnels.
  • La valeur de remplacement d’un arbre montréalais est de 750 $.
  • Le prix des maisons adjacentes aux parcs est de 20 à 30 % plus élevé que celles qui sont 300 mètres plus loin.
  • Chaque dollar investi dans la canopée urbaine génère des économies de 1,35 $ à 3,25 $ pour la société.
  • Les adultes qui ont grandi près d’espaces verts sont 55 % moins susceptibles de développer un trouble de santé mentale.
  • Les températures des centres urbains où se situent de nombreux îlots de chaleur peuvent atteindre jusqu’à 12˚C de plus qu’en périphérie. On décèle une différence de 4 à 8°C entre un site à ciel ouvert et un autre sous les arbres.
  • La majorité des victimes montréalaises de la grande canicule de 2018 habitaient un îlot de chaleur. Plus de 1 000 personnes décèdent de la chaleur chaque année à Montréal.
  • Les problèmes de santé les plus fréquents liés à la chaleur sont l’hypertension, le diabète, les troubles psychotiques, l’obésité, les maladies pulmonaires et l’insuffisance cardiaque.
  • Dans la région métropolitaine de Montréal, les arbres séquestrent les émissions de carbone de 100 320 voitures.

Source : Soverdi, Amis des parcs, DRSP de Montréal, INSPQ

Les bénéfices de la canopée montréalaise

  • Amélioration de la biodiversité
  • Captation du carbone atmosphérique
  • Amélioration de la qualité de l’air
  • Rétention des eaux de pluie
  • Décontamination des sols
  • Diminution des îlots de chaleur
  • Augmentation de la valeur foncière
  • Attractivité du territoire
  • Désengorgement du système de santé
  • Diminution des coûts de chauffage et de climatisation
  • Appropriation du territoire par les citoyens
  • Amélioration de l’esthétisme urbain

Source : Soverdi

Les menaces aux arbres

  • Le plan des rues en damier, qui augmente le facteur éolien
  • Le béton, qui empêche la rétention des eaux de pluie et augmente la sécheresse
  • Les sels de déglaçage
  • Les travaux d’infrastructure
  • L’entretien des rues et des trottoirs
  • Les espèces exotiques envahissantes, comme l’agrile du frêne
  • Le manque de diversité des essences
  • Le petit nombre de boisés
  • Le manque d’arrosage durant les deux premières années après la plantation

Sources diverses



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Brendan O'Neill
Brendan O'Neill
4 Années

Qu’en est-il pour la rue Lajeunesse? Beaucoup de bac de plantation vide ..

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