Des balcons sur la rue Lajeunesse. Ahuntsic-Cartierville compte majoritairement des locataires. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Ahuntsic-Cartierville est un territoire de locataires: 61 % des gens sont à loyer (la moyenne montréalaise est de 65,6 %), 39 % sont propriétaires de leur logement.

Cet été, le JDV publie une série de textes permettant de se faire une bonne idée de l’arrondissement et de sa population. L’équipe a potassé les chiffres tirés des statistiques des deux derniers recensements. Aujourd’hui, on aborde le logement.

En immobilier, la localisation fait foi de tout. Justement, l’arrondissement est géographiquement privilégié: situé sur l’île de Montréal, il est desservi par le métro, plusieurs lignes d’autobus majeures, le Réseau express vélo et quatre autoroutes. C’est avantageux pour la qualité de vie, mais pas quand on cherche un logement. 

Sur Walk Score, qui analyse l’offre de logement en fonction de la qualité de vie et des transports en commun ou actifs, l’arrondissement a une cote de 62 pour les déplacements à pied, 66 pour les transports en commun et 73 pour le vélo. Comparativement, la cote est de 40 pour les déplacements à pied et 63 à vélo pour Boisbriand (27 et 49 à Mascouche). Boisbriand et Mascouche n’ont aucune cote de transports en commun…

L’offre immobilière colle à la disparité des revenus constatée sur le territoire. Ahuntsic-Cartierville compte un peu plus de 55 000 logements: 17 % sont des condominiums. Le logement moyen compte 3 ou 4 pièces. Certains sont surpeuplés: 11 % seraient de taille insuffisante pour ses occupants!

Le parc immobilier de l’arrondissement est vieux, car 40 % des logements, toutes catégories confondues, ont été construits avant 1961. Fait à signaler: 7 % auraient besoin de réparations majeures.

Dans l’arrondissement, 41,7 % des gens vivent seuls, ce qui s’apparente à la moyenne montréalaise, et 43 % des locataires déménagent au bout de cinq ans. Ahuntsic-Cartierville est donc une terre d’accueil pour l’immigration: après avoir stabilisé leur situation financière, les nouveaux arrivants, qui occupent souvent les logements les plus mal en point, finissent par déserter pour aller là où les conditions de vie sont meilleures.

À Montréal, une majorité de familles monoparentales ou de gens vivant seuls sont locataires, une donnée qui pourrait facilement s’appliquer à notre territoire, mais que nous n’avons pu confirmer.

Crise du logement

Comme partout au Québec, la crise du logement fait rage dans l’arrondissement. Le coût moyen d’un logement est de 1123 $ par mois en 2020 selon le Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC), soit autour de 35 % du revenu médian des locataires, ce qui est un ratio limite selon les spécialistes des finances personnelles. La situation s’est certainement détériorée depuis.

Selon la plateforme immobilière liv.rent, un 3½ non meublé se louait 2232 $ par mois dans Ahuntsic-Cartierville à la fin de 2022, ce qui en ferait toutefois un des arrondissements les plus abordables de la métropole.


Prix moyen des logements
Source: Appartogo (fin 2022)

Fin 2022, le JDV a effectué une recherche sur le site realtor.ca et trouvé 343 inscriptions de propriétés à vendre, allant du condo d’une pièce à 220 000 $ à un manoir au bord de l’eau à Cartierville pour 3,5 millions $. On y dénombrait 98 unifamiliales à partir de 399 000 $: 16 se détaillaient sous les 700 000 $ et 48 entre 700 000 $ et 1 million $. Nous avons déniché 147 unités de copropriété, allant de 220 000 $ à 1,1 million $. Nous avons trouvé 12 condos sous les 300 000 $, 116 sous les 500 000 $ et 21 sous le million. Quatre propriétés étaient affichées à plus d’un million. Sans surprise, plus vous vous rapprochez de la rivière des Prairies, plus c’est cher.

Selon le rôle d’évaluation publié en 2023, la valeur moyenne des résidences unifamiliales est de 809 100 $; celle des condos est de 362 600 $. Mais les valeurs au marché, malgré le ralentissement dû à la hausse récente des taux d’intérêt, seraient plus élevées.

Logement social

Du côté du logement social, AC compte 18 immeubles d’habitations à loyer modique (HLM); cinq dans Ahuntsic et 13 dans Cartierville. Ces immeubles logent 1437 personnes. Dix immeubles (646 logements) sont destinés aux familles et aux personnes seules, huit immeubles (720 logements) sont réservés aux personnes âgées autonomes (environ la moitié de l’offre). Le premier HLM de l’arrondissement fut érigé en 1970, rue Émile-Journault.

Le premier HLM construit dans Ahuntsic-Cartierville, sur la rue Émile-Journault, dans le district de Saint-Sulpice. (Photo: François Robert-Durand, JDV)

Le dernier HLM de l’arrondissement a été bâti en 1993, rue Cousineau. La majorité des logements sociaux érigés dans Ahuntsic-Cartierville ont été construits selon une stratégie provinciale qui favorise l’intégration sociale, pour éviter de créer des ghettos de pauvreté. Les logements ne sont donc pas exclusifs à la population de l’arrondissement.

Ahuntsic-Cartierville compte 16 coopératives d’habitation, totalisant 502 unités. En avril, le Journal des voisins révélait la transformation d’immeubles en mauvais état, en logements abordables, à Cartierville, par l’organisme Interloge. On parle de 79 appartements de une ou deux chambres.

Avec la collaboration d’Amine Esseghir



Restez informé

en vous abonnant à notre infolettre


Vous appréciez cette publication du Journal des voisins? Nous avons besoin de vous pour continuer à produire de l’information indépendante de qualité et d’intérêt public. Toute adhésion faite au Journal des voisins donne droit à un reçu fiscal.

Nous recueillons des données pour alimenter nos bases de données. Pour plus d’informations, veuillez vous reporter à notre politique de confidentialité.

Tout commentaire sera le bienvenu et publié sous réserve de modération basée sur la Nétiquette du JDV.

S'abonner
me prévenir de
guest
0 Commentaires
Les plus vieux d'abord
Nouveau d'Abord Avec le plus de votes
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Vous pourriez aussi aimer ces articles

Pourquoi les loyers vont-ils continuer à augmenter à Ahuntsic-Cartierville?

Quels que soient la typologie et le caractère juridique des logements concernés…

La crise du logement vient de loin!

Plusieurs mesures ont été prises, très récemment, par différents ordres de gouvernement (fédéral, provincial et municipal), pour faire face à l’urgence imposée par la crise du logement.

Logements sociaux et abordables, les bons coups

Deux immeubles de Cartierville voués aux «rénovictions» après un incendie ont été…

Les logements sociaux victimes du «pas dans ma cour!»

Malgré toutes ses vertus, la construction de logements à vocation sociale se…