André Morin. Photo : archives JDV

Le député de l’Acadie, André A. Morin, estime qu’il faut faire davantage pour la francisation. S’il se veut rassurant quant à la vitalité de la langue française dans sa circonscription, le porte-parole de l’opposition officielle – le Parti libéral du Québec (PLQ) – en matière d’immigration, de francisation et d’intégration pense que la dynamique actuelle de la francisation doit être repensée.

Le budget alloué pour les services de francisation aux 63 centres de services scolaires (CSS) et commissions scolaires (CS) du Québec pour l’année financière 2025-2026 est de 119,4 M$. Ce montant représente une hausse de 15 M$ par rapport à celui de l’exercice écoulé. Une hausse que le député de l’Acadie accueille avec quelques réserves. « C’est une légère augmentation, analyse-t-il dans un entretien accordé au Journal des voisins. Maintenant, est-ce que cela va être suffisant ? Il faut s’assurer qu’il y aura suffisamment d’argent dans le budget pour franciser les gens qui sont sur notre territoire. »

Il faut dire que l’année dernière, de nombreux services ont subi de plein fouet les coupes budgétaires. Ainsi, certains établissements, dont le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, ont dû fermer des classes de francisation, rappelle André Morin. Ces coupes dans le budget du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) sont « excessivement dommageables » pour le français, selon lui. « Le Québec, c’est neuf millions de francophones dans une mer d’anglophones », résume-t-il.

Déphasage

En plus du budget, les doutes du porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration, de francisation et d’intégration reposent, entre autres, sur le modèle mis en place.

André Morin déplore le délai d’attente avant de pouvoir suivre des cours de français, notamment pour les travailleurs temporaires. « Dans la circonscription, il y a des travailleurs étrangers qui ont dû attendre trois ou quatre mois avant de pouvoir avoir accès à des cours de français », indique-t-il. C’est nettement trop long, puisque le gouvernement du Québec se met à communiquer uniquement en français avec un nouvel arrivant six mois après son arrivée, souligne-t-il, et que les cours, selon qu’ils se tiennent en entreprise ou en classe, à temps plein ou à temps partiel, s’échelonnent sur plusieurs mois, voire des années.

Le porte-parole du PLQ met également en avant le rapport annuel 2024-2025 du commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, qui « fustige » Francisation Québec et le modèle en place pour les cours de français en entreprise, notamment. Dans son rapport, le commissaire indique que Francisation Québec doit repenser son approche en raison des résultats peu probants dans certains cas, comme l’absence de formations spécialisées en fonction du métier pratiqué par chacun.

Remodeler le système

« La francisation est un gage d’intégration », soutient M. Morin. De ce fait, il préconise un remodelage du système en place. Comme tout est interconnecté, « il faut qu’il y ait un bureau intégré de la planification en matière d’immigration… Il faut être capable de faire un lien entre les différentes directions. Et après ça, il faut travailler avec les régions pour évaluer correctement leurs besoins », suggère-t-il.

Cela ne nécessite pas l’embauche de nouveaux employés. Il faut plutôt que les gens qui y sont déjà ne travaillent plus « en silo », argumente le député.

L’immigration contribue à l’économie québécoise. Et la langue, en l’occurrence « le français, notre langue commune », est un vecteur d’intégration, d’épanouissement et de cohésion sociale. Par conséquent, il faut que les gestes qui sont posés soient cohérents avec les discours, estime le député de l’Acadie, André A. Morin.

Ce texte a été publié dans la version papier du JDV d’août 2025.



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