L’infestation vue autrement…

L’agrile du frêne, une source de revenus?

CHRONIQUE URBAINE DE QUARTIER   (2/3)
par Geneviève Poirier-Ghys


PhotoFrêne qui sera abattu par mesure de prévention

L’agrile du frêne est un gouffre financier annoncé! On le lit et on l’entend : les villes québécoises devront payer des millions de dollars pour protéger les frênes du territoire, pour les couper et pour planter de nouveaux arbres. Toutefois, nous signale, notre chroniqueure, certains aspects importants de l’équation ont été oubliés!

Saviez-vous que le frêne est un bois recherché? Il peut être utilisé comme bois de charpente ou d’ébénisterie.

Imaginez le potentiel de la région, si les municipalités, les moulins, les séchoirs, les entreprises et les écoles spécialisées, etc., se concertaient et proposaient un projet de développement économique constructif pour la région de Montréal avec les frênes qui doivent être abattus sur l’île de Montréal.  D’autres municipalités canadiennes l’ont fait. Pourquoi pas nous?

Même s’il est impossible pour l’instant d’arrêter la propagation de l’agrile du frêne, rien ne nous empêche d’amoindrir les impacts de ce fléau… et même d’en tirer un certain profit.

En tirer profit?

Pour l’instant, les autorités municipales montréalaises s’accordent pour dire que les coûts directs engendrés par l’agrile sont très élevés. À ce calcul, s’ajoutent les frais de santé liés aux îlots de chaleur, à la détérioration de la qualité de l’air et aux modifications de l’écoulement et de la rétention de l’eau de pluie.

Voici les chiffres rapportés par Thomas Gerbet, journaliste à Radio-Canada, le 10 mars dernier.

¨ Budget actuel pour lutter contre l’agrile : 1,8 million de $

¨ Nombre de frênes à Montréal : 200 000

¨ Coût d’injection de biopesticides qui ralentit la propagation : 100 $ par frêne, par an

¨ Coût pour abattre un frêne : 3 000 $

¨ Valeur d’un arbre selon la Ville de Montréal : 100 000 $

Or, si les gestionnaires d’arrondissements, en plus de se regrouper pour solliciter des investissements des gouvernements et des acteurs du milieu, se concertaient, les frênes pourraient devenir une source de revenus. Les impacts financiers en seraient atténués!

Stratégie actuelle 

La Ville de Montréal utilise présentement une stratégie nommée « SLAM » (Slow Ash Mortality). Cette dernière combine plusieurs méthodes pour ralentir la mortalité des frênes, minimiser les impacts de l’agrile du frêne et permettre aux municipalités de planifier les coûts de cette invasion.

En « contrôlant » le taux annuel de mortalité, il est possible de planifier et budgéter les coûts de remplacement, d’abattage, de conservation et de valorisation des frênes, mais serait-il possible d’aller plus loin?

Passif devient actif

Confrontée à la mortalité massive annoncée de près de 900 000 frênes dans la prochaine décennie, Toronto a mis tous les intervenants du bois autour d’une même table pour mettre au point et lancer une chaîne de production et distribution du bois urbain. Ainsi, Toronto réussit à transformer un passif en actif  en stimulant ses industries locales.

Pour l’instant, les municipalités du Québec considèrent le bois de frêne comme une matière résiduelle. Elles doivent payer pour faire abattre les arbres et pour se débarrasser du bois ainsi coupé.

Pourrait-on réfléchir aux actions entreprises par Toronto? La ville du maire Ford a de bons côtés…

jdv
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L’envahisseur
Chronique urbaine de quartier   (1/3)
par Geneviève Poirier-Ghys


PhotoSource : Agence canadienne d’inspection des aliments

Un grand voyageur, menaçant pour la canopée (1)

Ils portent une cuirasse vert émeraude, ils ont traversé plusieurs continents et sont arrivés à Ahuntsic il y a quelques années. Certains les pensent pacifiques, d’autres savent qu’ils sont hostiles. Ces derniers se préparent à ralentir leur dispersion et les impacts qu’ils causeront.

Contrairement à ce que vous pourriez penser, ce n’est pas le synopsis d’un mauvais film de science-fiction, mais bien une chronique sur l’agrile du frêne, un insecte ravageur venu d’Asie qui s’attaque aux frênes.

Je vous propose une chronique en deux parties. La première vous permettra d’en connaître un peu plus sur l’agrile et de reconnaître les frênes parmi les autres arbres qui ornent les rues ou composent les boisés. La seconde, lors de la prochaine édition du journaldesvoisins.com, vous présentera différentes stratégies adoptées par l’arrondissement et la Ville de Montréal pour ralentir les impacts de l’agrile du frêne. Je vous dévoilerai aussi des initiatives communautaires et municipales pour contrer la dispersion de cet envahisseur et prévoir la foresterie urbaine de demain. 

Tout un panache!

Durant plusieurs années, le frêne a été l’arbre par excellence des milieux urbains. On le plantait partout. On appréciait sa croissance rapide, son panache intéressant, mais surtout sa résistance aux conditions difficiles des arbres de rue.

On le reconnaît facilement à ses feuilles composées et opposées. Composées signifie que ses feuilles sont formées d’un nombre de folioles (petites feuilles). Les frênes possèdent généralement entre cinq et 11 folioles. Opposées signifie qu’il y a toujours une feuille ou une branche attachée à la même hauteur juste en face de l’autre. 

Lorsque les feuilles sont absentes, on peut reconnaître un frêne à son écorce, mais c’est plus difficile puisque l’écorce des frênes peut varier selon l’âge de l’arbre. L’écorce des gros frênes est grise et présente des crêtes qui s’entrecroisent et forment des losanges.

Les ravages

L’agrile du frêne est un insecte vert métallique et mesure entre 1,4 et 1,8 cm de longueur. En anglais, il s’appelle « Emerald Ash Borer ». Bien que les adultes se nourrissent des feuilles des frênes, ce ne sont pas les adultes qui tuent les arbres, mais les larves. La femelle adulte pond ses œufs dans les crevasses de l’écorce. Quand les œufs éclosent, les larves percent l’écorce et creusent des galeries en forme de « S » sous celles-ci. Les galeries coupent la montée de la sève et des éléments minéraux essentiels à la santé de l’arbre. En fonction de la vigueur de l’arbre et de la quantité de larves, les larves finissent par causer la mort du frêne attaqué. Bien que l’agrile du frêne puisse effectuer des vols de quelques kilomètres, sa propagation est principalement due au transport de bois de chauffage, de matériel de pépinière, de bois non écorcé et de copeaux de bois ou d’écorce. (Suite dans notre prochain numéro) jdv

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