Article paru dans le Mag papier d’avril 2016 à la page 32.
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À l’automne 2012, l’existence de Janis Locas prend une tournure inattendue. À 37 ans, un sentiment de mal-être s’empare d’elle. Diagnostiquée dépressive, les médicaments prescrits vont déclencher chez elle une période d’euphorie suivie d’une descente aux enfers menant à son internement. Elle peut enfin mettre un nom sur sa maladie : la bipolarité. « Janis, c’était la fille pas compliquée, la fille de party qui réussit toutes ses affaires. C’est l’image que je projetais. Là, au fond, tout ce côté flamboyant, c’était probablement une dimension de la maladie », se désole l’écrivaine éprouvant encore quelques difficultés à s’ajuster à sa réalité. L’auteure est toutefois parvenue, à force de patience, à reprendre la plume pour présenter en 2015, Carpe et chienne. Selon elle, ce dernier ouvrage est ce qu’elle a fait de meilleur.

Une poésie des extrêmes
C’est par pur hasard que Janis s’est replongée dans des textes rédigés en phase de manie. De ces écrits oubliés est née une poésie des extrêmes. L’expression de la maniaco-dépression y est caractérisée par une montagne russe d’émotions. Ce carnet regroupant des textes aux formes variées du sonnet imparfait, à la prose libre en passant par le récit est-il un aparté dans son œuvre? L’auteure elle-même l’ignore. « Je ne sais pas si c’était une espèce de folie passagère. Je remarque que je reviens à une écriture qui est plus proche de celle de La seconde moitié », admet Janis en faisant référence à son premier roman. Même dans son second livre, La maudite québécoise, le ton et le style sont très différents. Au contraire de son dernier né, ce roman laisse place à l’humour et à la légèreté.

À travers les pages de Carpe et chienne, en Europe, c’est l’Ouest canadien qui accueille la jeune femme. De cet exil est né son premier livre.

Le quartier qui inspire

Le lecteur déambule au bord de la rivière des Prairies, dans le parc de la Merci ou dans les rues d’Ahuntsic. Il redécouvre les outardes, les carouges et les frênes décimés par des insectes. L’auteure présente le quartier avec un regard nouveau teinté d’une sensibilité accrue.

« J’allais me promener et j’avais vraiment l’impression d’être sur un nuage rose. Je ressentais les choses de façon très fine, j’entendais les bruits plus forts », décrit-elle. Sans le savoir, elle expérimentait sa première phase maniaque. « Par ailleurs, je suis une écrivaine sangsue », lance la résidante de la rue Jeanne-Mance pour expliquer l’importance d’Ahuntsic dans son recueil. « Je m’inspire beaucoup des choses qui m’entourent. »

Un parcours atypique
Janis Locas n’a visiblement jamais cherché à faire comme les autres. À la suite d’études françaises à l’Université de Montréal, elle s’envole pour Paris. « Je m’étais dit : “tant qu’à faire un bac, je devais aller faire ma maîtrise à l’étranger. J’ai raté mon rêve de jeunesse d’aller en théâtre, je ne raterai pas les autres” », raconte l’Ahuntsicoise, en évoquant ses études supérieures à la Sorbonne.

Après cinq ans en Europe, c’est l’Ouest canadien qui accueille la jeune femme. De cet exil est né son premier livre. C’est aussi à Winnipeg qu’elle fait la connaissance du père de ses enfants, quelques jours avant son retour définitif à Montréal.

Le Vent dans les voiles
Presque deux ans plus tard, le couple revient à Montréal avec la petite Marianne. En plus d’être directrice des communications de l’Association de la presse francophone, Janis fonde en 2006 Loca Communication afin d’offrir des services de rédaction, de révision et de traduction.

En parlant de ses projets, Janis confie avoir envie d’écrire l’histoire de l’année où s’est déclenchée sa maniaco-dépression en s’inspirant d’un journal tenu durant cette période. En évoquant ses rêves, elle reste toutefois prudente.

« Des rêves, pour moi, ça peut être suspect! Quand je commence à en avoir, il faut que je mette le couvercle sur la marmite, prévient l’Ahuntsicoise. « Laisse passer quelques mois, pour voir s’ils tiennent la route et s’ils résistent aux creux!», dit-elle pour elle-même, en avouant qu’il lui faudrait bien dresser une liste de petits rêves pour garder du piquant dans sa vie.




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