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À quelques pas de La Promenade Fleury, dans une petite cuisine chaleureuse de l’avenue Curotte, une odeur de café vient chatouiller les narines. Des chants festifs accompagnent le bruit d’un vieux percolateur et rythment la discussion. À l’évocation du mot « musique », le regard de Marc Savoy s’illumine, ses lèvres s’activent, et s’ensuivent des heures d’anecdotes et d’histoires. Portrait d’un mélomane ayant consacré sa vie à un amour de jeunesse, la radio.
 
« Étant donné que j’étais souvent en pénitence, j’écoutais de la musique », raconte Marc Savoy, l’œil taquin, en se remémorant son enfance. C’est en subtilisant la table tournante et l’ampli de ses frères que le jeune homme déve- loppe l’envie de faire des mix. Passionné, il invente même une station de radio fictive, CTON FM. À cette époque, sa famille demeure du côté de Bordeaux-Cartierville. « J’ai vu construire le centre d’achats Normandie, moi! Ça fait un petit bout de temps, hein? Le Jean Coutu c’était un A & P […] et Steinberg était de l’autre bord de la rue », se souvient-il. Marc Savoy fait ses débuts dans l’univers radiophonique en 1975 à CFGL (Rythme FM). Son travail à la mise en ondes lui permet de découvrir et d’apprécier la chanson francophone occupant autre- fois tout l’espace. « Moi, j’étais un auditeur de CHOM qui était peut-être à 70 % anglophone. Là, je tombais des nues. Nana Mouskouri! Quoi? Michel Fugain! » Après sept ans à Radio Cité (Rouge FM), Radio Ville-Marie lui permet d’apprivoiser l’animation. Bénévole durant 10 ans, il met sur pied son rendez-vous radiophonique du samedi intitulé Dans mon temps, émission numéro un de la station de 1995 à 2001.
 
 Auditrice centenaire
Durant deux heures, il offrait à ses auditeurs un saut dans le temps. Les vieilles chansons des années 20, 30 et 40 étaient à l’honneur et les aînés avaient droit de parole. « Ma plus vieille auditrice, Sœur Antoinette Salvail de la Congrégation Notre-Dame, avait 107 ans. Quand ellem’appelait, j’arrêtais tout et je lui laissais toute la place », se rappelle M. Savoy. En 2006, il s’installe en Estrie afin de démarrer le volet publicitaire de CIAX, radio communautaire de Windsor. Il en profite pour retrouver le micro avec Méli-Melo, une émission vouée à la découverte de la chanson francophone diffusée, par la suite, dans plusieurs stations à travers le Canada ainsi qu’en France et au Burkina Faso. Son passage en région lui a aussi permis de trouver l’amour et une complice dans ses nombreux projets. « C’est là que je suis allé la chercher. C’est mon jackpot! Ça a l’air de rien, mais elle est fine, ça fait huit ans qu’on est en lune de miel », lance M. Savoy en adressant un regard tendre à Monique.
 
Passion Contagieuse
Même en dehors des heures de travail, il consacre beaucoup de temps à ses projets radiophoniques. Sa passion est contagieuse et il l’a d’ailleurs transmise à sa conjointe. En 2009, le couple décide, à temps perdu, de produire CIAX en spectacles. En autobus, en train ou en avion, ils partent en voyage autour du monde à la découverte de salles de concert. Le spectacle commence, les applaudissements retentissent et les artistes se succèdent laissant croire à l’auditeur qu’il est sur place à l’Olympia de Paris ou encore au Oriental Art Center en Chine. À l’heure actuelle, Marc Savoy consacre beaucoup d’énergie à Topo, un répertoire francophone de la chanson populaire de 1900 à 2000. Publié pour la dernière fois en 2003, il est aussi disponible en ligne sous la forme d’un moteur de recherche.
 
Chanson en héritage
« C’est une déformation professionnelle de ma part, admet l’Ahuntsicois, mais c’est important pour notre héritage francophone de savoir, dans 200 ans, que Ginette a tourné et que La complainte du phoque en Alaska a été une grande chanson. » Il déplore que plusieurs stations de radio laissent tomber dans l’oubli des bijoux de la chanson en se fiant uniquement aux palmarès. Le mélomane propose également sur le site internet www.toppop.ca une programmation musicale 100 % francophone. Plusieurs résidants ont d’ailleurs pu entendre sa sélection du temps des Fêtes diffusée sur La Promenade Fleury. Véritable boîte à idées, M. Savoy enchaîne les projets. Il caresse le rêve de travailler en collaboration avec des résidences, dans le but de transmettre sa passion aux personnes âgées. Chose certaine, ne vous attendez pas le soir à le retrouver dans les bars ou avachi devant son téléviseur. « J’aime mieux faire de la radio, édifier les gens, leur faire plaisir et qu’ils soient heureux en écoutant la musique », conclut M. Savoy.
 




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