Pour les 75 ans de « Dorval », l’organisme s’est payé une super publicité, une opération marketing (dont les coûts sont gardés secrets par ADM) dans les grands journaux afin d’y insérer son album souvenir de 56 pages pour, ni plus ni moins, vanter ses réalisations à travers les décennies. Mais rien sur ses problèmes comme les accès, le temps d’attente aux douanes ou le bruit…
« Ça se fête », tonne son PDG James Cherry, sur le point de tirer sa révérence. Il prend sa retraite fin décembre. Pour lui, Dorval a su relever « le défi de la croissance ». Mais on ne se compare pas trop aux champions canadiens, Toronto et Vancouver.
« Oui, il y a eu de la croissance, a confirmé l’un des experts montréalais en trafic aérien, Jacques Roy, enseignant à l’École des Hautes études commerciales. Mais tous les aéroports en ont eu, dont Toronto et Vancouver, qui ont devancé Montréal, et même Calgary, un certain temps. Donc, en général, ils ont tous progressé. Et Dorval, en plus, a récupéré les vols de Mirabel quand il a fermé ses portes, » a-t-il ajouté.
Pourtant, à une lointaine époque, Montréal était la plaque tournante dans le secteur du trafic aérien au pays.
Capacité pour l’avenir
Au sujet de l’avenir de Montréal-Trudeau, ADM précise en grande pompe que l’aéroport oeuvre à seulement 50 % de sa capacité. « Nous avons trois pistes et la capacité d’utilisation n’atteint même pas le 50 %. Elles seront suffisantes pour nous mener jusqu’en 2070 », prédit la direction d’ADM, interrogée sur le long terme, dont le bail le liant à Transport Canada.
Le professeur Roy relève cependant que l’on a déjà atteint la capacité aéroportuaire en fin d’après-midi, heure de pointe aussi en transport aérien. « On n’a qu’à regarder les files d’attente (certains usagers ont patienté deux heures cet été, faisant même réagir le monde politique) et la nature des travaux accomplis au cours des dernières années, » a-t-il ajouté.
Toutefois, ce constat est loin de rassurer les citoyens des alentours, qui endurent le bruit des avions depuis belle lurette, et le groupe de pression Les Pollués de Montréal-Trudeau, qui vient d’intenter un recours collectif contre ADM, notamment.
Même Guy A. Lepage a relevé le bruit des avions récemment à Tout le monde en parle, alors que l’on projetait une séquence tournée dans la rue, pour une nouvelle série télévisée.
Les citoyens affectés par ce bruit considéré comme étant au-delà des limites « acceptables », selon les critères européens entre autres, souhaitent notamment un dédommagement pour les coûts relatifs à l’isolation des résidences et des dommages punitifs si ADM demeure sur la touche dans ce dossier.
Avenir bruyant?
Le leader des Pollués de Montréal-Trudeau, Antoine Bécotte, ne semble guère optimiste pour l’avenir. Il déplore que l’autorité aéroportuaire ait étiré la plage horaire permettant aux avions d’atterrir la nuit, période où cela vient déranger le sommeil des gens.
« Le temps dévolu aux avions s’est accru, passant de 23 heures à une heure trente, rappelle M. Bécotte. On le voit, on a grugé du temps la nuit », a-t-il relevé.
M. Bécotte a toujours vivement déploré la fermeture de Mirabel. Et il rêve au retour des activités dans les Basses-Laurentides, sauf que Jacques Roy, lui, n’y croit pas, compte tenu des coûts qui seraient associés à une réouverture.
Les aéroports américains localisés près de la frontière aident à soulager en partie les citoyens qui veulent la tranquillité mais ils enlèvent aussi de précieux revenus aux autorités aéroportuaires montréalaises.
« Montréal-Trudeau, a indiqué M. Roy, a perdu 40 % de son marché global au détriment des aéroports de Plattsburgh et Burlington. Ce n’est pas la fin du monde même si c’est un segment important du marché, mais l’on perd de l’argent. Les compagnies aériennes américaines à rabais sont très agressives et l’accès est facile, entre autres pour les gens demeurant sur la Rive-Sud (Montréal).
Y aurait-il une nouvelle dynamique avec le départ de M. Cherry dans quelques semaines? « Nous avons 15 personnes pour le moins silencieuses au conseil d’administration, a signalé Antoine Bécotte. Si elles copient l’ancien modèle, le C. A. ne sera pas plus transparent. Il faut que le politique s’en mêle », dira celui qui craint la hausse de la capacité d’accueil à l’aéroport et encore plus de bruit.
Mais il y a peut-être de l’espoir avec les nouvelles technologies et la tendance au développement durable. Le monde du transport aérien aime parler de nouvelles générations d’appareils, toujours plus performants, moins gourmands en carburant, avec des moteurs plus silencieux… JDV (Alain Martineau)
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