Place de l’Acadie, des locataires se plaignent d’irrégularités au sein de l’OSBL qui gère leur complexe de HLM. Notamment de la difficulté, pour les membres de la communauté, de pouvoir siéger à son conseil d’administration.
Ressources-Habitation de l’Ouest (RHO) est un organisme sans but lucratif (OSBL) gérant des logements sociaux, dont le parc immobilier est situé Place de l’Acadie. Son conseil d’administration vit de nombreuses tensions depuis quelques mois. Le Journal des voisins (JDV) fait le point.
Ayant pour mission de fournir des logements décents à prix abordables en location, le RHO s’adresse en priorité aux résidents de Bordeaux-Cartierville. Le parc immobilier de l’organisme comprend deux immeubles, tous deux situés Place de l’Acadie à l’extrémité nord-ouest du district Saint-Sulpice.
Avec quelque 161 logements, allant du studio au 6½, les loyers représentent environ 80 % du prix médian du reste de la métropole. Ce tarif est régi par la Société d’habitation du Québec (SHQ), dans le cadre du programme AccèsLogis Québec. Ainsi, les ménages à faible revenu peuvent profiter de ces logements communautaires et abordables.
Le RHO détient un conseil d’administration composé de quatre membres locataires et de cinq membres externes (ou citoyens). Les membres citoyens n’habitent pas le RHO et sont parfois même des organismes. Les membres locataires sont donc minoritaires.
Selon les règlements généraux du RHO, chaque mandat de membre du CA dure deux ans et est renouvelable. Le CA doit néanmoins tenir des élections annuellement.
Mandats reconduits
Certains membres locataires du CA, qui désirent conserver leur anonymat, ont contacté le JDV pour se plaindre que les membres citoyens reconduisent leur mandat sans organiser d’élection. Ils estiment que certaines candidatures visant au roulement des postes n’ont pas été retenues, ou que les périodes de mise en candidature n’ont pas été rendues publiques.
Les cinq membres externes du conseil d’administration détiennent la majorité. Plusieurs d’entre eux sont en poste depuis 2009. Les membres locataires étant en minorité face aux membres externes, leurs voix ne font pas le poids au moment de voter des décisions.
Trois sources affirment avoir découvert que plusieurs candidatures aux postes du CA sont déposées en 2023, par le biais d’un courriel. Elles soupçonnent le directeur général du RHO, Victor Aurélien, d’avoir orchestré le rejet des candidatures. Celui-ci aurait par ailleurs fait face au mécontentement de plusieurs locataires du RHO depuis plusieurs mois.
«Non, les candidatures n’ont pas été cachées, on a écrit aux personnes intéressées pour leur expliquer la marche à suivre», a déclaré M. Aurélien au JDV le 31 juillet. Il précise avoir reçu un intérêt pour les postes de plusieurs personnes, mais aucune candidature officielle.
«La candidature aurait ensuite été présentée au conseil d’administration, et le conseil aurait débattu», ajoute le directeur général de l’organisme. Toutefois, dans les courriels transmis au JDV, M. Victor Aurélien stipule qu’il n’y a simplement aucun poste à pourvoir, les membres externes ayant «décidé de poursuivre leur mandat».
Situation de crise
En mai 2023, quatre mandats (un membre locataire et trois membres citoyens) arrivent à échéance. Un CA se tient alors le 12 juin, durant lequel les membres citoyens reconduisent leur mandat malgré la désapprobation générale des membres locataires, en minorité. Les tensions éclatent et la séance est ajournée au 27 juin.
Aujourd’hui, les membres locataires réclament d’être avisés lorsque le mandat d’un membre externe arrive à échéance. Ils exigent un affichage public des postes afin que quiconque puisse y poser sa candidature.
Le 20 juin, un membre locataire informe la Société d’habitation du Québec (SHQ) afin de dénoncer la situation. Les locataires engagent également un avocat pour faire entendre leurs droits.
Durant la séance reconduite du 27 juin, la situation dégénère lorsque les membres citoyens tentent de reconduire leur mandat en aparté. Les tensions sont telles que la police est forcée d’intervenir. Le 3 juillet, un des membres locataires du CA reçoit un avis d’expulsion du conseil.
Le 24 juillet, la SHQ a fait le point sur la situation. Quelques jours plus tard, les cinq membres citoyens du CA déposent leur démission.
Une guerre à couvert
Victor Aurélien, directeur général de l’organisme, assure être victime de harcèlement depuis plusieurs semaines.
«Une de mes employées s’est fait aborder dans le bus par deux membres locataires du conseil d’administration. Ils lui ont dit de ne pas exécuter ce que je dis, alors que je suis le directeur général de l’organisme!» s’offusque Victor Aurélien.
Il raconte avoir trouvé une souris morte sur le palier de son bureau. Des enfants vivant au RHO viendraient également le voir pour lui dire de partir. Victor Aurélien confie au JDV ne plus pouvoir dormir: «C’est du harcèlement et cela doit cesser.»
Face à la situation, il interpelle les membres locataires: «Tout ce que je souhaite, c’est d’avoir un conseil d’administration qui fonctionne bien et en harmonie. J’aime mon travail et j’ai beaucoup d’intérêt pour le RHO», assure le directeur général.
Avec la collaboration de Stéphane Desjardins et Anne Marie Parent.
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