Corridor sanitaire sur la Promenade Fleury qui permet aux piétons de se croiser en respectant deux mètres de distance(Photo : Philippe Rachiele, JDV)

Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité, de l’urbanisme et de l’Office de consultation publique de Montréal au sein du comité exécutif, a présenté ce matin un premier bilan très positif de l’utilisation des Voies actives sécuritaires déployées pour répondre à la situation exceptionnelle engendrée par la pandémie de la COVID-19.

« Mises en place en un temps record, tout en respectant les principes de Vision Zéro, pour donner de l’espace à la population et aux commerçantes et commerçants, les Voies actives sécuritaires ont modifié certaines habitudes de déplacement et d’appropriation de l’espace public. Nous constatons aujourd’hui que plusieurs Montréalaises et Montréalais ont rapidement pris goût à ces installations. Les familles s’y retrouvent aussi en grand nombres et apprécient la sécurité des installations », a déclaré Éric Alan Caldwell.

Quatre des Voies actives sécuritaires se retrouvent dans le top 5 des voies cyclables les plus utilisées à Montréal cet été.

Lorsqu’un aménagement cyclable existait au même endroit l’année dernière et qu’il a été transformé en VAS cette année pour l’élargir, on y remarque une hausse moyenne de la circulation à vélo de 36 %. Ces ajouts répondent donc à un besoin réel des cyclistes, en plus de favoriser la distanciation physique.

À l’intersection de Christophe-Colomb et Louvain, on enregistre un achalandage en hausse de 90 % par rapport à la même période l’an dernier. Pour la piste cyclable Rachel, on parle d’une hausse de 52 % des déplacements par rapport à l’année dernière.

« Les données recueillies sur les VAS montrent une adoption rapide des nouvelles infrastructures. Les fréquentations des axes bonifiés sont en hausse et nous constatons que l’effet est durable dans le temps. Ces chiffres s’inscrivent dans une tendance mondiale qu’Éco-Compteur a pu mesurer à travers le monde », a indiqué Jean-François Rheault », directeur chez Éco-Compteur.

Les chiffres démontrent également une forte utilisation des différentes rues piétonnes. L’avenue du Mont-Royal, par exemple, accueillait en moyenne plus de 15 000 piétons par jour dans la première semaine de juillet. La rue Wellington, dans Verdun, est également très populaire, avec environ 13 000 piétons par jour.

« Ce ne sont là que quelques exemples qui démontrent l’adhésion des familles montréalaises aux Voies actives sécuritaires. C’est également par l’obtention de tels chiffres que nous pouvons nous ajuster en temps réel et nous assurer de profiter de tous les bénéfices de ces aménagements », a mentionné Marianne Giguère, conseillère associée à la mobilité active au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Le rapport complet peut être consulté ici.

Réaction positive des commerçants

Pour de nombreux commerçants, ces aménagements ont permis de revitaliser leur artère commerciale, en contribuant à maintenir un achalandage commercial, et parfois même à développer de nouvelles clientèles.

« On a tout de suite vu la piétonnisation comme une occasion. On a la chance d’opérer beaucoup plus tôt en journée, on a une super visibilité, c’est clairement un plus. Comme on est une destination, notre clientèle régulière continue de venir en taxi, mais en plus, on réussit à aller chercher une nouvelle clientèle parmis les piétons qui découvrent l’avenue. Quand je vois l’achalandage, on se souhaite de pouvoir bénéficier d’une avenue piétonne pour les prochaines années », a expliqué Jonathan Domer, copropriétaire de l’établissement Candi Bar, sur l’avenue du Mont-Royal.

« La rue Ontario est vraiment chouette. Personnellement, il n’y a pas eu d’impacts négatifs au niveau des ventes, au contraire. La possibilité d’installer des terrasses gratuitement a beaucoup aidé. Comme maman, je trouve aussi que la piétonnisation assure la sécurité des déplacements entre la garderie et mon commerce, ça permet de ne pas être coincé sur le trottoir. Pour la vie de quartier, ça nous apporte aussi du réconfort à travers la folie de la pandémie. Ça renforce l’identité du quartier et on a l’impression d’être un village dans la Ville », a pour sa part exposé Geneviève Everell, propriétaire de Sushis à la maison, sur la rue Ontario.

Citations de commerçantes et de commerçants

Chantal Fauteux, Quoi de N’oeuf (Rue Notre-Dame Ouest, Sud-Ouest)

« La piétonnisation partielle de la rue Notre-Dame Ouest nous permettra de retrouver quelques-unes des places que nous avons perdues dans notre salle à manger pour respecter les règles de distanciation. À la suite d’un sondage auprès de notre clientèle, il est clair qu’elle nous ramènera certains clients plus enclins à manger à l’extérieur qu’à l’intérieur durant ces temps difficiles. De plus, nous croyons que l’aménagement extérieur apportera une visibilité accrue à notre commerce, rendra l’expérience client encore plus agréable et encouragera la clientèle avoisinante (Marché Atwater, SAQ, Pharmaprix, etc.) ainsi que les cyclistes empruntant la piste sur les rives du Canal de Lachine, à venir redécouvrir cette belle artère commerciale qu’est la rue Notre-Dame… la grande Dame du Sud-Ouest ».

Antoine Ormandy, Blind Pig (Rue Ontario, MHM)

« Pour nous, la piétonnisation de la rue Ontario, c’est littéralement la différence entre une possible faillite et un bel été. Habituellement, tout ce qu’on veut faire génère beaucoup de lourdeur administrative, mais là, ça été allégement sur allégement pour faciliter notre travail. Du jour au lendemain, on a dû faire un 360 et devenir un restaurant. Pouvoir installer des tables à l’extérieur grâce à la piétonnisation, ç’a eu un impact immense. On a été super bien accompagné par la SDC et le maire de l’arrondissement, qui s’est même rendu disponible un dimanche matin pour nous aider ».

Richard Holder, B sur Bernard (Rue Bernard, Outremont)

« La piétonnisation de la rue Bernard, c’est salutaire. La brasserie Bernard serait autrement fermée. En même temps, mes frères et moi, on a 7 petits commerces à Montréal. Le seul qui n’est pas en difficulté, c’est la brasserie Bernard. On augmente notre capacité, ce qui nous permet de survivre. On va passer au travers parce que quelqu’un a eu le courage de stopper la circulation automobile pour sauver l’industrie. La piétonnisation c’est bon, et il en faut plus».

Tania Raymond et Dhirar Mouhli, Le Dépanneur Café (Rue Bernard, PMR)

« Notre idée de la rue partagée est née d’échanges avec les citoyens. Le Mile-End est un territoire très urbain avec peu de parcs. Notre idée, c’est d’être capable de redonner une portion de la rue Bernard aux piétons tout en la partageant avec les vélos et voitures. Les consommateurs veulent venir nous encourager, mais beaucoup ont des appréhensions d’aller à l’intérieur. Ça permettra aussi des spectacles de rue, des films en plein air, des cours de danse dans la rue.  Finalement, faire de Bernard un parc public pour inciter les gens à sortir de chez eux. Le tout en encourageant la distanciation physique et en brisant l’isolement social ».

Ivonne Castillo, Café Pahpatzoa (boul. Saint-Joseph, Lachine)

« L’aménagement cyclable sur Saint-Joseph ajoute de la vie dans le quartier et, du même coup, nous aide grandement à passer à travers la crise. Sans cette piste cyclable, la rue aurait été peu conviviale et nos soirées tacos n’auraient pas eu le même succès. Les gens veulent se voir, se retrouver, et grâce à l’audace de la Ville et de l’arrondissement, nous pouvons leur offrir ces moments ».

Catherine Audet, La Mistinguette (Rue Wellington, Verdun)

« J’adore la piétonnisation. Il y a un bel achalandage et cette expérience s’est avérée profitable pour mon commerce. Comme résidente de Verdun, je trouve que l’ambiance de la rue est agréable, surtout pour les familles et les enfants qui peuvent se promener partout dans la rue en toute sécurité. J’aimerais que ça revienne l’année prochaine ».

Marilyne Baril, Marigold (Rue Wellington, Verdun)

« Nous sommes une micro-entreprise et quand la crise est arrivée, ça faisait seulement trois mois qu’on avait pignon sur rue. Quand la piétonnisation a été annoncée, pour moi, c’était bien et je constate qu’on a autant de clientèle que selon nos prévisions « post-confinement ». Pour mes clients, la piétonnisation n’est pas un frein et je n’ai jamais eu de commentaires négatifs. Avec les aménagements qui sont faits sur les terrasses des restaurateurs, la rue est belle, elle est funky, on offre une expérience. Grâce à ces immenses terrasses, il y a plus de gens sur la rue, et pour moi, c’est bien ».

Cristel Henssen, Fromagerie Copette et Cie (Rue Wellington, Verdun)

« Je trouve que la piétonnisation, c’est vraiment une idée géniale, tant pour les clients que pour nous, les commerçants. On a pu avoir une terrasse cette année et dès qu’on a ouvert boutique le dimanche, les gens sont tout de suite revenus. Du côté de ma responsabilité d’employeur envers le personnel, je trouve ça super sécuritaire. Ça donne à la clientèle un sentiment de confiance et ça offre à la rue une ambiance plus agréable, festive et dynamique. Dans le contexte de la COVID-19, la piétonnisation était la meilleure décision à prendre, je suis très satisfaite. Consommer sur une artère piétonne, c’est un petit changement de comportement parmi tous les autres qu’on a dû adopter pendant la pandémie. Les gens s’habituent à magasiner différemment et redécouvrent leurs commerces de quartier » .

(Source : Ville de Montréal – Cabinet de la mairesse et du comité exécutif)



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