Malgré le lancement imminent de la campagne de vaccination de masse contre la COVID-19, les autorités de la santé à Montréal affichent un optimisme prudent à l’approche de la semaine de relâche alors que la transmission de variants progresse rapidement, principalement en milieu scolaire.

Aux dernières nouvelles, aucun cas de variant n’avait encore été rapporté dans les écoles d’Ahuntsic-Cartierville. Le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) rapporte par ailleurs une baisse de près de 50 % du nombre de cas confirmés dans les écoles du quartier cette semaine avec 31 élèves et 3 membres du personnel infectés en date du 23 février. Il s’agit du niveau le plus bas depuis la fin novembre.

Cette baisse reflète le ralentissement de la transmission communautaire observée dans l’arrondissement depuis maintenant six semaines. Dans son plus récent bilan, la Direction régionale de la santé publique (DRSP) fait état de 166 nouveaux cas dans la dernière semaine pour un taux d’incidence de 123,65 nouveaux cas par 100 000 habitants, soit un taux pratiquement identique à celui observé à la fin novembre.

Pour la première fois depuis la mi-novembre, on ne rapporte d’ailleurs aucun nouveau décès dans Ahuntsic-Cartierville.

L’arrondissement demeure toutefois sensiblement plus chaud que l’ensemble de Montréal, où le taux d’incidence était de 116,48 cas/100 000, et seuls deux secteurs apparaissent encore sur la liste des voisinages ayant les taux d’incidence les plus élevés dans la métropole, sont Ahuntsic (9 cas, 171,59 cas/100 000) et Saint-Sulpice-Ouest (21 cas, 216,72 cas/100 000).

Les variants sous la loupe

La directrice de la santé publique de Montréal, docteure Mylène Drouin, a souligné que 100 % des résultats de tests positifs sont désormais soumis au criblage, une technique qui permet de détecter les cas associés à des formes mutées du virus, dont la souche B.117, aussi appelée le variant britannique.

« Probablement que ce qu’on est en train de vivre actuellement c’est une diminution de la souche qu’on connait depuis un an qui va être remplacée progressivement [par le variant B.117] », analyse la docteure Drouin.

Elle prévient que le variant britannique, plus contagieuse et plus virulente, pourrait devenir la souche dominante dès la fin mars, si la semaine de relâche donne lieu à une augmentation des contacts sociaux et à un relâchement des mesures sanitaires dans la population.

Le variant pourrait également compliquer la gestion des éclosions en milieu fermé, comme celle en cours depuis deux mois à la prison de Bordeaux.

« On ne voudrait pas que le variant rentre dans ces établissements-là à court terme », souligne la directrice de la santé publique.

Au Centre de détention de Montréal, il ne reste plus qu’une vingtaine de cas actifs liés à l’éclosion, mais la transmission n’est toujours pas entièrement sous contrôle, avec de nouveaux cas déclarés cette semaine dans la population carcérale, mais aussi principalement chez des membres du personnel.

Freiner la transmission dans les écoles

Après avoir reconnu récemment que la contamination en milieu scolaire jouait un rôle dans la transmission communautaire du virus, Mylène Drouin a indiqué que c’est en milieu scolaire qu’on observait la plus forte contamination avec le nouveau variant.

« Quand on regarde la distribution des groupes d’âge, c’est beaucoup des jeunes enfants et leurs parents, puisque le variant revient à domicile et il y a de la transmission intra-domiciliaire », souligne la directrice de la santé publique de Montréal.

Elle explique que l’objectif premier de la Santé publique est de retarder autant que possible la progression des variants le temps que la campagne de vaccination ne prenne son envol. C’est d’ailleurs dans l’espoir de freiner la transmission du variant dans les écoles que le gouvernement du Québec a décidé d’imposer le port du masque de procédure en classe à tous les niveaux (sauf au préscolaire) dès le retour de la semaine de relâche.

Coup d’envoi de la campagne de vaccination

C’est donc dans une véritable course contre la montre que s’entame l’opération de vaccination de masse qui débute avec les personnes âgées de 85 ans et plus vivant dans la communauté.

« Nous avons terminé l’opération de vaccination dans les CHSLD et les résidences intermédiaires. Nous finalisons la vaccination dans les RPA et nous entamons celle des résidents de HLM et les OBNL d’habitation à profil aîné », indique Émilie Jacob, relationniste au bureau des relations médias et des affaires publiques du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

Depuis la mi-décembre, 14 200 doses de vaccin ont ainsi été administrées sur le territoire du CIUSSS. L’impact de cette première phase de vaccination se fait d’ailleurs déjà sentir.

Éclosions en baisse, hospitalisations sur un plateau descendant

« Au niveau des milieux de vie pour les personnes âgées, la situation s’améliore grandement », constate la PDG du CIUSSS du centre-sud-de l’île-de-Montréal et représentante du réseau montréalais de la santé, Sonia Bélanger.

En date du 24 février, on ne rapportait en effet plus aucun cas actif dans les CHSLD et résidences privées pour aînés d’Ahuntsic-Cartierville qui ont été aux prises avec des éclosions majeures le mois dernier.

Bien que les hospitalisations soient nettement moins élevées qu’il y a un mois, la baisse semble se faire sur un plateau descendant en pente assez lente. Il y avait encore, en date du 24 février, 57 personnes alitées dans les unités COVID des trois centres hospitaliers du Nord de l’Île, soit huit de moins que le 13 février. Par contre, le nombre de personnes aux soins intensifs demeure stable depuis environ un mois, soit autour de 17 cas en moyenne.

La Santé publique espère que la vaccination massive des groupes les plus vulnérables permettra de continuer cette tendance à la baisse sur les hospitalisations et limiter le nombre de décès.

Pas de solution magique

« Le vaccin, il n’est pas magique », prévient cependant la docteure Drouin.

Elle souligne qu’il peut prendre jusqu’à trois semaines à faire effet chez les personnes âgées et que s’il semble assez efficace pour prévenir les formes sévères de la maladie, il est encore trop tôt pour dire s’il réduit de façon significative la transmission.

La vaccination n’offrira « pas une protection d’immunité collective du tout » à court terme, précise-t-elle. La couverture vaccinale est actuellement évaluée à 3,5 % de la population montréalaise et à 18% chez les 80 ans et plus. Il faudra donc vraisemblablement plusieurs mois pour atteindre le seuil d’immunité collective de 70 %.

« Ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on peut relâcher », martèle la directrice de la santé publique.

Le JDV visitera vendredi l’une des cliniques de vaccination du CIUSSS qui doit ouvrir la semaine prochaine et reviendra prochainement sur les détails concernant l’opération de vaccination.



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Krystie-Ann Caron
Krystie-Ann Caron
3 Années

Merci pour toutes ces informations très pertinentes.👍🌷

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