« Ils avaient les yeux grands ouverts ! Ils n’en revenaient pas de savoir qu’à une certaine époque, les femmes n’avaient pas le droit de voter, ne pouvaient pas se présenter à des élections et ne pouvaient pas occuper un emploi sans la permission de leurs maris. » C’est parmi les moments anecdotiques, des plus significatifs que vient de vivre Lorraine Pagé, conseillère municipale de Sault-au-Récollet, lors d’une rencontre avec des élèves de l’école De La Visitation.
Cette ancienne enseignante, connue notamment pour avoir été la première femme à diriger une centrale syndicale au Québec en accédant en 1988 à la présidence de la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ), a renoué avec sa passion originale. À l’occasion d’une visite à cette école du Sault-au-Récollet, elle a pu échangé avec des jeunes du primaire autour de l’histoire du quartier, de ses fonctions politiques actuelles comme conseillère et surtout de l’évolution de la condition des femmes.
« Les élèves étaient très curieux de connaitre, par exemple, ce qui fait le quotidien d’une conseillère municipale, et notamment les questions que les citoyens abordent le plus souvent avec moi. Ils voulaient aussi savoir ce qu’est un syndicat et qu’est-ce que ça fait que d’être la première femme ayant été présidente d’un syndicat au Québec » raconte Lorraine Pagé.
Mme Pagé a visiblement apprécié cet échange lui permettant de voir à quel point les enfants étaient allumés et manifestaient un intérêt certain pour les grands moments de l’évolution sociale.
« Ils avaient beaucoup de questions sur l’histoire de Sault-au-Récollet et sa fondation, sur la vie des gens à l’époque et leur coutumes et sur l’importance patrimonial du quartier, entre autres sujets » indique Mme Pagé.
En prévision du 375e
La conseillère du Sault-au-Récollet saluait l’initiative de l’enseignante de cette classe de cinquième année du primaire qui l’avait initialement contactée pour se renseigner sur les modalités d’une visite guidée qu’elle compte organiser pour ses élèves à l’hôtel de Ville, à l’occasion du 375e anniversaire de la fondation de Montréal.
La démarche de cette enseignante a donné lieu à cette première rencontre de la conseillère municipale avec des élèves du primaire. Elle avait déjà eu auparavant des expériences similaires avec des élèves d’écoles secondaires.
« On a tendance parfois à considérer que les jeunes ne sont pas intéressés par l’histoire. Je ne le crois pas. J’ai senti un réel intérêt pour des moments significatifs de l’histoire de Sault-au-Récollet » dit-elle décrivant comment ses jeunes interlocuteurs était fascinés en apprenant, par exemple, qu’autrefois « on allait dans la rivière pour tailler de gros cubes de glace qu’on vendait et qui servaient à conserver les aliments ».
Lorraine Pagé constate, ainsi, combien les jeunes élèves sont capables d’emmagasiner et d’interagir avec une foule de connaissances à caractère sociologique et historique. Selon elle, tout dépend de la manière dont on s’y prend.
« Quand on réussit à définir l’approche la plus adaptée, on arrive à susciter l’appétit et l’intérêt de nos jeunes pour des sujets tels que les mécanismes démocratiques au niveau municipal » affirme-t-elle.
Mme Pagé souligne l’avantage de la proximité avec les conseillers de quartiers à cet égard. Selon elle, des rencontres semblables organisées pour que les écoliers puissent échanger sur les affaires de la cité avec des personnes ressources autres que leurs enseignants peuvent apporter une valeur ajoutée à l’enseignement. « Certainement, cela ouvre des horizons différents », dit-elle.
Morale de la rencontre
Selon cette militante de la première heure en éducation, les échanges avec des membres des générations montantes ont la vertu d’amener les adultes à s’apercevoir qu’effectivement, des progrès significatifs ont été réalisés dans la société. Ce que les jeunes gens voient comme des acquis.
«Il faut prendre le soin de leur expliquer que les choses n’ont pas toujours été ainsi et que, si il y a eu changement, c’est parce que des gens ont lutté pour que ça change ! », déclare la conseillère.
Pour Lorraine Pagé, ces rencontres sont, de toute évidence, de précieuses occasions pour intéresser la jeunesse à l’engagement social et pour l’amener à prendre conscience de « la nécessité de poser des gestes pour que les choses changent ».
Et puis, selon elle, ces moments de communication intergénérationnelle laissent des souvenirs très plaisants, comme celui de l’étonnement des élèves de l’école De La Visitation, lorsqu’ils ont pris connaissance du sort qui était réservé aux femmes dans le passé.
« Les petites filles dans la classe trouvaient ça assez particulier », note-t-elle. « C’était très drôle ! »
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