Réception organisée par le SPVM en décembre dernier à la salle du deuxième étage de La Corbeille auquel étaient invités des aînés du territoire. (Photo: courtoisie)

L’entreprise d’économie sociale située sur la rue Dudemaine à la hauteur du boulevard O’Brien dans Cartierville célèbre cette année son 30e anniversaire. C’est l’occasion pour La Corbeille de faire une rétrospective du passé et de mieux anticiper les besoins de l’avenir.

Donald Boisvert (Photo: Facebook)

Donald Boisvert occupe le poste de directeur général de La Corbeille depuis cinq ans, mais il y a fait son entrée il y a de cela dix ans. Il est, pour ainsi dire, aux premières loges de la mission communautaire de l’organisme.

Au fil de ces 30 ans, la mission que s’est donnée La Corbeille a évolué et s’est diversifiée.

En 1987, les Sœurs de la Providence distribuaient environ 200 sacs alimentaires par mois aux plus démunis de la communauté. Et ce devoir, qui est la pierre angulaire de La Corbeille, est demeuré intact depuis ses débuts, rappelle Donald Boisvert. Aujourd’hui l’épicerie communautaire, Le Magasin d’Émilie, veille à la sécurité alimentaire de 2000 personnes du quartier chaque mois, en plus de livrer 800 repas aux écoliers de milieux défavorisés dans les écoles qu’ils fréquentent.

Dans les années 90, La Corbeille s’est fixée un nouvel engagement, tout aussi capital : la réinsertion socioprofessionnelle des jeunes sur le marché du travail. Parmi les 40 employés qui mettent annuellement la main à la pâte, autant comme serveurs aux tables ou aides-cuisiniers au restaurant Le Festigoût ou comme commis d’épicerie au magasin d’Émilie, 85 % d’entre eux font un retour sur le marché du travail, se félicite M. Boisvert.

Ainsi, en plus de pallier les besoins alimentaires des résidants moins bien nantis, La Corbeille offre des programmes de formation aux personnes éloignées du travail.

« Comme le dit le fameux adage, quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson », avoue le directeur général de La Corbeille, le sourire dans la voix.

Répondre aux besoins à la source

« On vit dans un quartier de grandes dualités : il est à la fois très riche et très pauvre. Chose certaine, beaucoup de gens sont dans le besoin », reconnaît le directeur général de La Corbeille.

Or, tout comme la mission de l’organisme, les besoins du quartier ont grandement évolué durant ces trois dernières décennies.

« Au cours des dernières années, nous nous sommes rendu compte que la clientèle de gens dans le besoin n’est plus exclusivement composée de ceux qui bénéficient de l’aide sociale », analyse M. Boisvert.

Ainsi, beaucoup de petits salariés — des gens qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts — font appel aux services de l’épicerie communautaire avant de pouvoir accéder à des emplois mieux rémunérés, explique le directeur général de La Corbeille.

Et lorsque Donald Boisvert reconnaît que la clientèle est en constante évolution, ce n’est pas peu dire. De plus en plus de réfugiés syriens, venus grossir les rangs de la population du nord-ouest de Montréal depuis l’an dernier, sont pris sous l’aile de La Corbeille.

Financer l’économie sociale

Au point de vue financier, La Corbeille a su maintenir sa tête au-dessus de l’eau au fil des ans.

« Nous comptons évidemment sur les dons et les campagnes de financement. Car, voyez-vous, l’épicerie communautaire n’est presque pas subventionnée », nuance M. Boisvert.

En 2011, des dons totalisant 1,5 million de dollars ont permis l’ajout d’un deuxième étage à l’édifice, donnant la chance à l’organisme d’offrir davantage de formation pour favoriser la réinsertion sociale et accroître l’espace d’entreposage de l’épicerie.

« Après 30 ans, nous sommes vraiment sur une belle lancée, même si les besoins alimentaires sont grandissants », reconnaît le directeur général.

Heureusement, le service de traiteur Festigoût mis sur pied par La Corbeille connaît une croissance intéressante et permet de bonifier les programmes existants, et même d’en financer des nouveaux.

« Ça nous permet de mettre de meilleurs produits sur les tablettes », dit Donald Boisvert.

La Maryse, un service de livraison de plats congelés à prix abordable pour les aînés, compte parmi les nouveaux programmes qui roulent bien. Et c’est aussi grâce au succès de son traiteur que le Festigoût Café de l’Île-de-la-Visitation (anciennement le Bistro des Moulins) peut être financé à la hauteur de ses ambitions.

Si le regard de La Corbeille est tourné vers l’avenir, rien n’empêche son directeur général et son équipe de se rappeler des raisons pour lesquelles ils viennent en aide aux plus démunis du quartier.

« On est en plein dans la poursuite de la cause de mère Émilie Gamelin, la fondatrice des Sœurs de la Providence de Montréal, soit venir en aide aux malades, aux défavorisés et aux personnes âgées », expose fièrement Donald Boisvert.



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