(Photo : Éloi Fournier, JDV)

Alors qu’en conférence de presse le lundi 16 mars, le premier ministre du Canada Justin Trudeau demandait à tous les citoyens canadiens en voyage à l’étranger de rentrer à la maison, c’était déjà chose faite depuis la veille pour deux résidantes d’Ahuntsic-Cartierville qui, sentant la situation mondiale entourant le coronavirus s’aggraver, ont décidé d’écourter leur voyage en Europe pour rentrer auprès de leur famille. Elles ont raconté au JDV leur périple de retour et le début de leur période d’isolation.

Mère inquiète

C’est d’abord une résidante de l’arrondissement de 22 ans qui a raconté au jdv son retour en urgence de France le 15 mars. Sa mère était inquiète qu’elle voyage seule en France et a exigé son retour. Voyant tous les restaurants de France fermer, elle-même a senti l’urgence de rentrer à la maison avant que les mesures du président français ne deviennent encore plus strictes.

Depuis son retour à Ahuntsic-Cartierville, la jeune fille est en quarantaine. Sa mère qui a été en contact avec elle s’est également mise en isolement. Elles ont pris leurs précautions.

Pas de panique à l’aéroport

Si la situation inquiétait sa mère et elle, la résidante de l’arrondissement dit ne pas avoir senti de panique à l’aéroport. Il n’y avait pas de contrôle supplémentaire, outre une question de plus dans le formulaire de retour demandant si le voyageur avait été en Chine, en Italie ou en Iran.

« Pas de panique du tout. Les gens étaient calmes. Peu de personnes portaient des masques. Ça fait peur de constater à quel point la situation était normale à l’aéroport. Il n’y avait pas de panneau annonçant le virus et ses dangers. C’est fâchant quand on pense que les gens pourraient aller voir leurs amis ou leurs grands-parents », dit-elle, consternée.

Le lendemain du retour de cette résidante, on apprenait qu’à partir du 16 mars, des équipes de la Direction de la santé publique de la Ville allaient être à l’aéroport de Montréal pour rappeler aux voyageurs qui arrivent les consignes d’isolement de 14 jours qu’ils doivent respecter.

Les professionnels en santé publique présents sur le terrain ont aussi comme mandat de répondre aux questions des voyageurs, de leur donner des conseils et de les référer au besoin.

Retour dispendieux

Le retour d’une autre résidante de l’arrondissement a été un peu plus rocambolesque. En voyage en Espagne, cette résidante avait réservé un vol de retour avec Air Royal Maroc, impliquant donc une escale à Casablanca au Maroc pour rentrer à Montréal. Or, le Maroc ayant fermé ses frontières a rendu impossible sa liaison à Casablanca.

Elle s’est rendue au comptoir de la compagnie aérienne pour tenter de trouver une solution pour rentrer chez elle. Un billet pour partir à l’instant, le 13 mars, lui aurait coûté 4000$. Elle en a plutôt pris un autre pour le 15 mars à 2500$.

De retour à son auberge de jeunesse à Malaga, en Espagne, tous les voyageurs étaient sur leur téléphone intelligent à essayer de se trouver des billets d’avion pour rentrer chez eux. On les a avisés que dans la ville, tous les restaurants et les hôtels allaient fermer, même l’auberge dans laquelle ils se trouvaient.

Elle dit s’inquiéter pour ces voyageurs qui ont moins d’argent qu’elle, incapables de se payer un nouveau billet d’avion, les prix ayant monté en flèche, et qui sont coincés dans des pays où il n’y a plus rien à faire puisque tout est fermé.

Lundi soir, le 16 mars, le gouvernement canadien a annoncé qu’il pourra offrir un prêt pouvant aller jusqu’à 5000$ pour aider les Canadiens à l’étranger à rentrer chez eux.

Arrivée à Montréal

Après une pénible escale à Paris où notre Ahuntsicoise a dû passer la nuit dehors dans le froid, et au cours de laquelle il y a eu une alerte à la bombe à l’aéroport, elle est finalement arrivée à Montréal.

À l’aéroport, tout le monde ne parlait que du coronavirus. Certains ont fait des vols aller-retour inutilement sans même pouvoir rester à la destination où ils se rendaient. Outre ces discussions, elle n’a pas senti non plus de panique évidente chez les voyageurs. Les gens ne portent pas systématiquement des masques et des gants.

Elle n’a pas remarqué de contrôle particulier non plus.

Depuis son retour, elle est en quarantaine chez elle. Elle se demande comment ne pas contaminer sa fille de 20 ans avec qui elle habite si, par malheur, elle était porteuse du virus. Elle nettoie et désinfecte les poignées qu’elle touche régulièrement.

« On ne peut pas non plus tout contrôler. Parfois on a envie d’oublier pour ne pas virer fou », conclut-t-elle.



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