Le dossier des coyotes dans l’île de Montréal se poursuit avec l’annonce, début décembre, d’un plan de gestion. Premier de ce genre au Québec, il vise la tâche difficile d’assurer une cohabitation entre le canidé et l’humain.
La présence maintenant bien connue du coyote à Montréal n’est pas sans incident. Depuis le printemps 2017, le coyote fait souvent la manchette pour une simple interaction ou pour avoir attaqué des humains.
La Ville affirmait prendre la situation au sérieux et depuis le début de ce dossier, diverses mesures ont été mises en place comme la publicité dans les médias locaux et sur des panneaux et la tenue de kiosques d’informations.
En avril dernier, Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et responsable du dossier des coyotes, avait annoncé la création de la ligne «Info-Coyotes» et la préparation d’un plan pour assurer la sécurité de la population. Début décembre, ce plan, axé sur la cohabitation entre l’homme et le coyote, est devenu réalité.
Bien que le coyote soit présent à Montréal avec certitude depuis 1973, l’animal qui foule le sol de Montréal est peu connu. La taille et la répartition de la population sont des données manquantes et importantes pour la gestion du coyote dans la métropole. La Ville souhaite donc améliorer les connaissances en la matière.
Marquage et télémétrie
Identifier le coyote agressif ou téméraire est un exercice complexe. Pourtant, il s’agit d’une étape importante du processus.
Les gestionnaires de la faune s’en servent pour tenir des statistiques justes sur les interactions entre les coyotes et l’humain et le territoire qu’ils occupent. Il peut parfois être complexe de déterminer si les signalements reçus concernent un ou plusieurs coyotes.
La Ville souhaite commencer prochainement le marquage des coyotes à l’aide d’une « étiquette » greffée à une oreille du coyote. Cette mesure permettra de différencier chaque coyote et, ainsi, déterminer sur quel individu les autorités doivent intervenir.
«Lors d’un signalement, la personne sera invitée à préciser si l’animal aperçu portait une étiquette de couleur voyante aux oreilles», peut-on lire dans le plan de gestion.
Cela permettra de tenir des statistiques précises sur la population, le déplacement, ou encore permettre de prendre les mesures appropriées contre le bon coyote au besoin et savoir si les cas rapportés concernent un ou plusieurs coyotes.
Enfin, un projet pilote de télémétrie devrait aussi prendre place d’ici peu. La Ville prévoit munir quatre coyotes de colliers émetteurs afin de recueillir davantage d’informations sur l’animal et ses habitudes en milieu urbain. En fait, ce collier permettra d’obtenir la position géographique des quatre canidés qui en sont munis et de déterminer les zones de prédilection de l’animal.
Une firme spécialisée formée par le ministère des Forêts de la faune et des parcs se chargera de capturer les quatre coyotes. Après une période de deux ans, les colliers devraient se détacher d’eux-mêmes.
Test génétique
Un élément soulevé par certains citoyens concernait la génétique des coyotes présents au Québec et plus spécifiquement la probabilité de la présence de coyotes hybrides ou coyloups dans la métropole.
Contactée par le jdv, la Ville-centre a assuré que des analyses génétiques étaient désormais prévues lors de la capture du coyote.
«Le protocole de manipulation prévoit le prélèvement d’échantillons biologiques destinés à des analyses génétiques» a souligné Marilyne Laroche-Corbeil, relationniste à la Ville de Montréal.
Ces prélèvements pourront aussi entrer en compte lorsqu’une attaque avec morsure surviendra afin de s’assurer d’avoir capturé le bon coyote.
Responsabiliser la population
La municipalité en appelle aussi au comportement responsable de la population. Elle souhaite donc poursuivre et améliorer les mesures de communications envers le public vis-à-vis de l’animal, son comportement et les gestes à adopter pour éviter le coyote, mais aussi lors d’une rencontre fortuite.
Rappelons que le groupe Guêpe avait déjà, par le passé, rencontré des élèves de l’arrondissement pour les familiariser avec l’animal et les bons comportements à adopter en sa présence. L’organisme tient aussi des séances d’informations auprès du public.
La municipalité fait aussi appel au public pour tenir un registre à jour des différentes interactions avec les coyotes. En effet, en plus de ligne Info-Coyote mise en place en avril, la population peut aussi remplir un formulaire en ligne lorsqu’une rencontre avec un coyote prend place.
Le plan de gestion vise aussi à sensibiliser la population sur la bonne gestion des déchets et de ne pas nourrir les animaux sauvages. La Ville compte communiquer à la population cette problématique et ses conséquences. Elle réprimandera s’il le faut en appliquant les différents règlements en la matière dont certains sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 1000$.
Une cohabitation conditionnelle
La Ville-centre prévoit intervenir sur le terrain grâce à des campagnes d’effarouchements.
«L’effarouchement consiste à tenter de corriger les comportements anormaux des coyotes à l’aide de méthodes de conditionnement négatif (stimuli négatifs répétés) pour réapprendre la peur de l’humain», souligne le plan de gestion.
Ces campagnes seront faites par des équipes spécialisées de manière soutenue et répétée. Par la suite, la population sera conviée à des ateliers pour être formée aux méthodes d’effarouchement.
La Ville reconnaît toutefois que la cohabitation entre le coyote et l’humain a ses limites. C’est pourquoi son plan actuel comprend un volet de capture des coyotes problématiques.
«Dans les secteurs où de tels comportements sont observés de façon répétée, il convient d’envisager une campagne de capture afin de retirer le coyote responsable de ces incidents», souligne le plan de gestion.
Cette capture, de l’aveu même de la Ville, sera facilitée par l’acquisition des connaissances sur l’animal. Toutefois, devant l’incapacité de relocaliser les coyotes problématiques, les individus dangereux capturés seront euthanasiés. Il s’agit toutefois d’une mesure réservée aux cas extrêmes. Un tableau de gradation est établi définissant le problème et les actions à prendre.
Pour visionner les deux vidéos réalisées par le jdv sur ce sujet, c’est ici et ici.
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