Chaque année, Ahuntsic-Cartierville se prépare aux crues printanières. Ici, une digue temporaire était installée en 2023 pour retenir une inondation partielle sur la rue Notre-Dame-des-Anges. (Photo: François Robert-Durand, archives, JDV)

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville se tient prêt à faire face aux crues printanières, comme chaque année. La situation actuelle ne donne toutefois lieu à aucune alerte pour l’instant. Quant à l’ouvrage de protection permanent prévu sur la rue Crevier, l’échéancier est encore retardé.

La réunion d’information sur les crues a eu lieu le 12 mars dernier en ligne. L’occasion pour les résidents des abords de la rivière des Prairies de se préparer au phénomène annuel des crues printanières.

La situation actuelle laisse entendre un printemps clément pour 2024: le niveau de l’eau se situe en effet à 80 cm d’une possible intervention. Dominique Paquin, directeur des travaux publics à l’arrondissement, assure toutefois que les équipes de contremaîtres sont «prêtes à faire feu».

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a profité de cette séance d’information pour dresser son inventaire en cas de crues printanières. Il détient six pompes de grande capacité, quelque 4000 sacs non remplis et 6300 sacs de sable, ainsi que de 500 m de membrane en polythène.

Les rues Crevier et Cousineau, les plus touchées par les crues printanières, ne disposent toujours pas d’ouvrages de protection permanent. Souhaités par l’arrondissement depuis plusieurs années, l’un d’entre eux pourrait finir par voir le jour en 2025 sur la rue Crevier.

Échéancier retardé

En 2023, la rue Crevier avait en effet fait l’objet d’un premier échéancier (identique à celui de 2024) pour la création d’une digue permanente.

Malgré l’arrivée des crues printanières annuelles, aucune digue permanente n’est en effet construite sur ce secteur à risque. Tous les ans, des digues temporaires sont donc dressées pour faire face aux humeurs de la nature.

L’arrondissement travaille à la création d’une digue permanente depuis plusieurs années. En 2021, une demande de subvention avait été déposée auprès du Programme de résilience et d’adaptation face aux inondations (PRAFI).

L’année suivante, les plans de conception et le devis de l’ouvrage permanent de la rue Crevier ont été déposés. Le gouvernement du Québec a finalement retardé l’échéancier d’une année, ayant réclamé des données supplémentaires, dont une étude hydraulique commandée en juin 2023. Cette dernière a été livrée par l’arrondissement en janvier dernier.

Une digue permanente

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville espère avoir un retour du gouvernement du Québec à la mi-2024. Si la subvention du PRAFI est validée cette année, l’appel d’offres pour sa réalisation serait lancé au début de 2025.

L’ouvrage de protection permanent (en rose) prévu sur la rue Crevier pour faire face aux crues printanières. (Photo: saisie d’écran de la séance d’information en ligne du 12 mars 2024)

Les travaux débuteraient ainsi en août 2025. L’échéancier n’a pas manqué de susciter l’étonnement chez les citoyens participant à la réunion d’information. Pour ces derniers, les données disponibles suffiraient à justifier la construction d’une digue permanente.

«L’enjeu, c’est que le gouvernement du Québec ne nous laisse pas faire de digue permanente où nous faisons des digues temporaires. L’année dernière, nous avons envoyé notre dossier, qu’on pensait parfait, mais le ministère de l’Environnement nous a fait parvenir d’autres questions. On sait bien que c’est la chose à faire, mais il nous faut leur prouver», explique Emilie Thuillier, mairesse d’Ahuntsic-Cartierville.

Étude

Pour ce faire, la Ville de Montréal a reçu une subvention provinciale pour réaliser une étude sur les comportements de la rivière et ses impacts sur les rives. Cette étude, prévue sur deux ans, permettra également de définir les impacts économiques des crues printanières sur les bâtiments en bord de rivière.

La zone d’étude se concentrera sur le secteur pris entre l’autoroute 13 et l’autoroute 15. La collecte de données, relevées principalement dans les bâtiments attenant aux rives, s’établira au cours de l’été 2024.

L’arrondissement se rendra donc sur les terrains privés, afin de définir les points bas de chaque propriété. L’intérieur des maisons sera également étudié, notamment dans les pièces de vie les plus à risque en cas d’inondation.

«Cela nous permettra de savoir, pour chaque maison, ce qui est inondé, précise Emilie Thuillier. Ce n’est pas vrai qu’à Montréal, on est comme dans les petites villes du Québec qui bénéficient du même programme d’indemnisation. […] On doit prouver au gouvernement qu’il nous faut un meilleur programme pour faire face [aux crues printanières].»

Institut Albert-Prévost

L’hôpital en santé mentale (ou Institut) Albert-Prévost, situé dans ce secteur, détient désormais son propre ouvrage de protection contre les crues printanières. Ce dernier a été réalisé à l’automne 2023 et permet de protéger les installations de l’Institut.

Une digue permanente, fabriquée en matériau granulaire compactable, fait le tour de la clinique externe. À l’arrière du bâtiment, un autre ouvrage de protection permanent sécurise désormais le quai de livraison de l’hôpital.

Les résidents présents à la séance d’information, dont de nombreux nouveaux propriétaires inquiétés par les crues, ont déploré le retard de la digue permanente sur la rue Crevier. Emilie Thuillier a souligné que la demande pour l’Institut Albert-Prévost, passée en interne entre les ministères, a constitué une démarche bien plus rapide.

«C’est aussi ça l’idée, d’aller chercher des données. Nous, on connaît bien notre milieu, mais ce n’est pas le cas du gouvernement du Québec qui a besoin de ces informations», a-t-elle conclu.

L’échéancier présenté constitue donc une première demande, pour une digue permanente sur la rue Crevier. Une fois celle-ci réalisée, la rue Cousineau fera l’objet du même processus et d’une nouvelle demande. Affaire à suivre.



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