Emmanuel Dubourg, député sortant de Bourassa, « ne prend rien pour acquis » même si d’élection en élection, il grimpe en popularité. Après une victoire dans une élection  partielle après le départ de Denis Coderre pour le municipal, le député libéral a raflé 54% des voix à la générale de 2015.

Pas moins de sept autres personnes se présentent pour tenter de lui ravir la circonscription qui comprend le Sault-au-Récollet (qui fait pourtant davantage partie d’Ahuntsic), Montréal-Nord et une partie de Rivière-des-Prairies, un vaste territoire qui est de plus en plus multi-ethnique. Plus de 40% des gens sont issus de l’immigration. Et les demandes des citoyens ne sont pas toujours en lien avec la juridiction fédérale.

Vie difficile

Les électeurs ne s’en cachent pas : ils veulent plus d’argent dans leur portefeuille.

Le député libéral sortant ne se gêne pas pour parler du travail fait depuis quatre ans et des nouveaux engagements, comme plus de sous qui seraient versés aux familles via l’allocation canadienne pour enfants, ou rendre la première tranche de 15 000 $ de revenus libre d’impôts.

Circonscription fédérale Bourassa (source: wikipédia)

Dans la circonscription aux nombreux immeubles à logements multiples, les loyers sont moins coûteux que dans Ahuntsic ou ailleurs, mais ils grimpent. Même chose dans les nombreuses résidences pour aînés.

Le revenu moyen annuel des ménages est l’un des plus faibles au Québec (52 000$).

Certes, on compte bon nombre de proprios de résidences unifamiliales, mais la valeur de leur résidence croît faiblement (pour le prochain rôle foncier, Montréal-Nord  affiche la deuxième plus faible hausse des valeurs, 6,9%).

À l’opposée, la propriété est une « aubaine » dans l’île.

Des besoins en service

Bourassa est aussi une terre d’accueil pour les arrivants.

En sillonnant le « comté », il y a de bonnes chances de croiser des Haïtiens, des Algériens, des Marocains, des Libanais ou des Italiens. À la maison, le français est la langue parlée par 68 pour cent des résidants.

En pleine campagne électorale, les organismes communautaires ont lancé un cri d’alarme, estimant être sous-financés, alors que les demandes pour de l’aide augmentent sans cesse.

Même la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, est intervenue.

« Derrière ces chiffres de sous-financement des groupes communautaires, il y a des personnes, des jeunes, des familles, des aînés, de nouveaux arrivants, qui ont besoin des services de nos organismes pour maintenir un minimum de qualité de vie. L’appui du gouvernement fédéral est important, pour financer des projets. Mais notre étude (visant Centraide et le gouvernement québécois) traite des missions de chaque organisme, qui ne reçoivent pas leur juste part », a déclaré Mme Black.

À ce sujet, M. Dubourg dit agir dans les champs de compétence du gouvernement fédéral.

 « Un exemple, nous dit le député sortant, est l’aide que l’on apporte à des organismes comme Halte Femmes qui a reçu l’aide du fédéral pour un projet. »

Sault-au-Récollet

Au cours de la campagne, le député libéral n’oublie pas le Sault qui se trouve dans Ahuntsic Est (à l’est de l’avenue Papineau).

« Au moins deux fois par année, j’organise le déjeuner des élus (des trois paliers d’administration publique d’Ahuntsic et Montréal-Nord). Entre autres, le conseiller Jérôme Normand et la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville Émilie Thuillier, sont du nombre tout comme la députée provinciale Marie Montpetit. Nous avons alors de bons échanges ».

M. Dubourg se félicite aussi du fait que des organismes du Sault comme le Cercle des fermières ont reçu de l’aide alors que sur quatre ans, 140 jeunes du secteur Ahuntsic Est ont profité d’un emploi d’été payé par Ottawa (notamment Tandem et l’Institut Pacifique).

Enfin, interrogé sur l’épisode du « Black face », Emmanuel Dubourg a vivement déploré la place prise par cette affaire.

« Dix ou quinze minutes avant que l’information ne sorte, M. Trudeau m’avait appelé pour s’excuser. On s’est parlé franchement. Je comprends les excuses qu’il a dû faire publiquement. Mais cela faisait 20 ans (la tenue de l’événement). On est toutefois en politique, c’est une tactique de l’adversaire pour nous dérouter », a-t-il soutenu.

Opposition nombreuse

Le Bloc québécois présente cette année Anne-Marie Lavoie, traductrice de formation, dans des secteurs comme la santé et la coopération internationale.

Mme Lavoie estime être en position « très avantageuse » avec le Bloc qui, selon les maisons de sondage, est bon premier chez les francophones dans les intentions de vote au Québec.

« Ça donne des espoirs », a mentionné la candidate nationaliste, tout en reconnaissant que son adversaire libéral est une personne à l’écoute.

Victime d’une fracture au pied, Mme Lavoie évite le porte-à-porte, mais participe à divers événements.

« Je ferais de mon mieux, je pourrais faire du bon travail et je serais une bonne députée si je suis élue », a dit la candidate du Bloc qui n’en revient pas des appuis qu’elle reçoit.

À la dernière élection, l’ex-journaliste Gilles Léveillée avait obtenu 17% des votes alors que le NPD terminait troisième avec 15%.

Ce dernier parti présente Konrad Lamour, militant syndical.

On a vu souvent ses interventions dans les médias lors d’un conflit de travail dans le Vieux-Port de Montréal. Alors chef syndical, il menait la bataille pour un salaire d’au moins 15$ de l’heure pour les employés.

Mais il a été choisi tardivement et nul doute que cela n’aide en rien sa campagne pour faire passer le message. La formation avait obtenu 15% et la troisième place en 2015

Du côté des conservateurs (9% au dernier scrutin), une jeune militante spécialisée en histoire, Catherine Lefebvre, est candidate. Active depuis plusieurs mois pour faire du porte-à-porte, elle a aussi fièrement pris part à la grande marche pour le climat.

« Les sujets qui reviennent sont différents d’une porte à l’autre, a mentionné la jeune femme qui aura bientôt 26 ans, mais beaucoup de gens me parlent de santé, des aînés malades, des rues brisées, donc pas vraiment des enjeux fédéraux. Sinon quelques-uns au début me parlaient d’environnement, mais beaucoup moins. Quelques-uns [me parlent] d’immigration et les gens sont de plus en plus réceptifs au changement de gouvernement », a-t-elle  insisté.

Du côté des Verts, la jeune candidate Payton Ashe (elle ne s’exprime pas en français) compte beaucoup sur la grande marche de Montréal pour accroître le vote.

« Je suis sûre que la grande manifestation pour le climat  donnera un élan en termes de vote et aidera au moral des troupes, a mentionné Mme Ashe. Cela amènera plus de visibilité sur la crise climatique et les électeurs porteront attention sur les valeurs que nous défendons face à  l’urgence climatique. »

Mme Ashe a fait partie d’un comité d’action communautaire d’un groupe de défense des droits des Noirs.

Aux extrêmes du tableau de bord politique, signalons que Louis Léger est candidat pour le Parti populaire du Canada alors que Françoise Roy représente le Parti marxiste-léniniste. Enfin, un indépendant se retrouve sur le bulletin de vote, Joseph Di Iorio.

 



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