Minuscule guêpe asiatique Spathius agrili, prédatrice naturelle de l’agrile. (Source: Wikipédia)

De toutes petites guêpes asiatiques ont fait leur arrivée sans grand bruit dans le parc-nature du Bois-de-Liesse, dès 2015. Depuis ce temps, elles parasitent les agriles du frêne qui font ravage dans l’arrondissement. 

Les ravages causés par l’agrile du frêne au parc-nature du Bois-de-Saraguay. (Photo : Éloi Fournier – JDV)

Bien que les pics, les coléoptères, ainsi que certaines espèces de guêpes du Québec s’attaquent à l’agrile… du renfort était nécessaire. Dans le parc-nature du Bois-de-Saraguay, tout près du Bois-de-Liesse, 6 300 frênes ont dû être coupés en 2019. 

Le Service de l’environnement de la Ville de Montréal a donc fait appel à deux espèces, Tetrastichus planipennisi et Oobius agrili, afin de contrecarrer l’agrile. Ces minuscules guêpes parasitoïdes, qui mesurent moins de quatre millimètres de long, se nourrissent à partir des agriles. 

Selon la Ville de Montréal, les femelles Tetrastichus planipennisi pondent leurs œufs à l’intérieur des larves d’agrile. Lorsque les œufs éclosent, les larves de la guêpe mangent la larve d’agrile de l’intérieur, menant à sa mort. Dans le cas d’Oobius agrili, la guêpe injecte ses œufs directement dans les œufs d’agrile avant même que ceux-ci n’éclosent. 

Un danger potentiel? 

Parfois, l’importation d’espèces étrangères peut avoir des effets insoupçonnés, notamment si elles se mettent à envahir divers espaces ou deviennent prédatrices pour plusieurs espèces, ce qui peut causer un déséquilibre pour l’écosystème. Cependant, la Ville de Montréal soutient que ces petites guêpes ne s’en prennent qu’à l’agrile. 

« Selon les experts, la solution à long terme pour les milieux boisés est le recours à la lutte biologique classique, c’est-à-dire l’utilisation d’ennemis naturels exotiques provenant de la même région d’origine que l’agrile du frêne, explique Linda Boutin, relationniste pour la Ville de Montréal. L’idée est d’introduire initialement une petite quantité d’ennemis naturels de l’agrile du frêne dans les milieux boisés –c’est ce que nous avons fait en 2015 et 2016– et de laisser la nature suivre son cours. »

De plus, ces petits insectes sont inoffensifs pour l’être humain, étant donné leur petite taille et leur incapacité à piquer. 

Pas encore de résultats probants

Comme l’établissement des guêpes Tetrastichus planipennisi a seulement été confirmé dans le Bois-de-Liesse en 2018, l’impact des parasitoïdes n’a pas encore été mesuré. Toutefois, selon Tim Work, professeur au département des sciences biologiques de l’UQAM, la lutte biologique n’est pas la seule solution. 

« C’est un gros problème avec des solutions limitées, dit-il. Malheureusement, avec l’agrile, on n’a pas trop d’indication que les agents de luttes ralentissent les dommages. Il est possible qu’après l’épidémie, quand la densité de frênes sera plus faible, le rôle des parasitoïdes va devenir plus important. Les stratégies qui fonctionnent le mieux impliquent la détection des arbres infestés en combinaison avec une stratégie de protection (TreeAzin) quand c’est faisable. » 

Le TreeAzin, un insecticide naturel fait à partir d’extraits du margousier, est utilisé par la Ville de Montréal pour traiter les frênes sur des propriétés privées. Cependant, la Ville a bon espoir que pour les forêts, les guêpes asiatiques représentent la solution, même s’il est trop tôt pour analyser les effets des parasitoïdes. 

« Un suivi devrait être fait au cours des prochaines années par les experts de Ressources naturelles Canada pour évaluer les impacts de cette lutte biologique sur les populations d’agriles et la survie des populations de frênes à Montréal », selon Linda Boutin.



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