Depuis plusieurs années, le gouvernement du Québec dit faire de la décontamination des sols sa priorité. Dans son budget de 2016, il annonçait un investissement de 55 millions $ d’ici 2021 pour mettre à flot le programme ClimatSol-Plus. Lancé en 2015, ClimatSol-Plus est censé aider à la réhabilitation et à la décontamination des sols à la grandeur de la province. Or, à ce jour, aucune somme n’aurait été allouée au programme, selon la députée du Parti Québécois, Carole Poirier. Montréal et Ahuntsic-Cartierville comptent plusieurs terrains contaminés qui pourraient bénéficier de subventions à cet égard. ⌈ Mise à jour 2017-07-04⌋ Le gouvernement du Québec a fait l’annonce dimanche 9 avril qu’il s’engageait, pour les cinq prochaines années, à mettre 55 M $ dans le programme ClimatSol-Plus pour les municipalités et les entreprises, « pour décontaminer un sol pour y construire un parc, ou une entreprise ».
Le 23 mars dernier, la députée Poirier interpellait le ministre de l’Environnement du Québec, David Heurtel, durant la période des questions, au sujet de la décontamination des sols, demandant que de réelles sommes y soient engagées afin de faire fonctionner le programme.
Sur l’ensemble du territoire du Québec, il manquerait environ 3 milliards de dollars pour effectuer les travaux de décontamination et de réhabilitation des sols.
À Montréal, la situation est loin d’être idéale. « La Communauté métropolitaine de Montréal réclame des investissements pour la décontamination qui pourraient avoisiner le milliard de dollars », affirmait la députée Poirier, le 23 mars dernier, à l’Assemblée nationale.
Ahuntsic-Cartierville : état de situation
Dans les anciens quartiers industriels de l’île, plusieurs contaminants ont été laissés au sol au fil des ans et des décennies :
« Tous les anciens quartiers industriels de Montréal sont constitués de remblais, c’est-à-dire de différentes matières servant à niveler le terrain. Parfois les remblais sont contaminés à plusieurs endroits », explique Philippe Giasson, spécialiste des enjeux de contamination des sols et professeur à l’UQAM.
À d’autres occasions, les terrains abritent d’anciens dépôts de surface ou des carrières qui ont été elles aussi remblayées avec le temps. C’est ce qu’on constate notamment à plusieurs endroits dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.
Dans un article de février 2016, journaldesvoisins.com relevait au moins cinq de ces sites.
« Le parc des Hirondelles, de même que les maisons adjacentes construites sur les rues Fleury Est, Iberville et Sauriol Est, seraient situés sur un ancien dépôt de surface », citait en exemples journaldesvoisins.com.
D’autre part, plusieurs terrains de l’arrondissement ont reçu des avis de contamination au cours des dernières années.
Les avis de contamination
En vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE), le service du greffe tient à jour la liste des terrains contaminés sur l’ensemble de l’île de Montréal.
À Ahuntsic-Cartierville, on dénombre 25 terrains ayant reçu un avis de contamination au cours des 15 dernières années.
Le Groupe Maurice avait reçu un avis de contamination en 2010 pour le terrain de la future résidence Les Jardins Millen, le nombre de contaminants présents dans son sol excédant la limite permise. On a appris ainsi que le terrain abritait autrefois un dépôt de produit pétrolier occupé par Shell Canada. Un plan de réhabilitation des sols avait été soumis par le nouveau propriétaire et le terrain a dû faire l’objet d’une décontamination avant la construction des Jardins Millen, bien que l’avis de décontamination n’ait pas été enregistré au registre foncier.
Plus récemment, soit en 2015, c’est la Société de transport de Montréal située au 55 rue Legendre qui recevait un avis de contamination. L’adresse était naguère un terrain agricole laissé vacant jusqu’à la construction d’un centre de transport en 1971. Des remblais ont alors été employés pour paver le sol afin d’y aménager une aire de stationnement.
Les contaminants : dangereux ou pas?
Ce qui déterminera la dangerosité d’un terrain contaminé, c’est la présence de gens à proximité et le type de contaminants y étant enfouis.
« Si personne n’a le projet d’occuper la surface d’un terrain ou s’il n’est pas dangereux pour les populations avoisinantes, alors il ne sera pas décontaminé », explique Guy Mercier, professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et spécialiste des questions de décontamination et de valorisation des sols.
Certains contaminants se retrouvent plus fréquemment dans les grandes villes, notamment là où se concentrent les stations d’essence.
« Dans deux cas sur trois, les produits dangereux sont les hydrocarbures pétroliers avec de l’huile hydropique et de l’huile à moteur. Mais on retrouve aussi des métaux lourds ou des dérivés aromatiques. C’est très fréquent lorsqu’il s’agit d’anciennes et de nouvelles stations d’essence », affirme M Giasson.
Sur le site de la Ville, on constate d’ailleurs que la moitié des terrains ayant reçu des avis de contamination dans les dernières années à Ahuntsic-Cartierville étaient des succursales de compagnies pétrolières ou encore des stations à essence.
Lorsque les coûts de décontamination sont très élevés, un terrain perd de sa valeur, d’où l’importance des investissements provenant d’un programme comme ClimatSol-Plus.
ClimatSol-Plus
Depuis plusieurs années, les investissements annoncés se font attendre. Quant à l’argent investi dans le programme ClimatSol-Plus, madame Poirier n’en a jamais vu la couleur. « L’argent n’a jamais été dépensé. Le programme n’existe pas : il n’a jamais franchi l’étape de la documentation », déplore-t-elle.
Les coûts de décontamination sont parfois tellement élevés que les subventions ne sont pas accordées. La valeur de revente est alors égale ou moindre aux dépenses liées aux travaux de décontamination.
En 2014, le ministère de l’Environnement estimaient les coûts de décontamination d’un terrain entre 65 $ et 120 $ le mètre carré.
« Si on n’a pas de programme de subvention pour venir nous appuyer lorsque les travaux de décontamination sont très coûteux, alors il y a des terrains qui restent là et qui ne sont pas développés », regrette Mme Poirier.
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