Depuis dimanche, Montréal a pris des allures de ville dévastée et Ahuntsic-Cartierville ne fait pas exception. Deux bordées de neige abondante en quatre jours ont cumulé plus de 72 cm de poudre blanche au sol. Si les services de la Ville tentent de redonner les rues aux usagers rapidement, il est toujours difficile de se déplacer dans la métropole en voiture, en transport en commun et même à pied. Il faudra être patient avant de retrouver une situation normale.
«La Ville a annoncé sept à huit jours [pour tout ramasser] pour l’instant, c’est la cible qu’on s’est fixée, mais c’est difficile de prévoir exactement combien de temps cela va durer», prévient Emilie Thuillier, mairesse de l’Arrondissement.
Elle souligne qu’outre l’entretien des machines lors d’un usage intensif, il y a aussi les humains qui les pilotent et qui eux ont également besoin de se reposer.
«À Toronto, ils ont annoncé trois semaines», souligne Mme Thuillier. Pourtant, la Ville Reine a reçu près de 52 cm — à peine — entre le 12 et le 16 février.
«Nous sommes quand même très bien équipés, nous avons beaucoup de monde sur le terrain, relativise Mme Thuillier. On en est partis pour une grosse semaine à déneiger.»
Le déneigement se fera selon les priorités habituelles. D’abord les grandes artères, les hôpitaux, les écoles et les stations de métro.
«Après, ce sont les rues résidentielles. Ça va être plus long», relève-t-elle. Il faudra s’armer de sa pelle et de sa patience.
Les citoyens sont tout de même dispensés de la corvée de poubelles. Le ramassage des ordures ménagères, du recyclage et du compostage a été suspendu cette semaine.
Dans ce contexte particulier, Mme Thuillier appelle aussi à la bienveillance et à l’entraide.
«On n’est pas obligé d’attendre le ramassage de la neige. On peut s’entraider à déneiger les entrées, les escaliers des voisins qui ont peut-être moins la capacité de le faire. Et si tout le monde déneigeait le bout de trottoir devant chez eux, eh bien, presque tous les trottoirs seraient praticables», observe-t-elle.
Climat changeant
Mme Thuillier répète aussi que la situation est exceptionnelle.
«Le dernier record qui est pas mal égal [à ce qu’on vit], date de 1898. Donc, oui, en fait, il n’y a personne encore vivant qui a vécu ça», note-t-elle.
Elle souligne également, pour ceux qui évoquent la tempête du siècle de 1971, que c’est différent aujourd’hui.
«À cette époque, on chargeait moins de neige», mentionne-t-elle.
Une grande quantité restait au sol au long de l’hiver.
Alors que l’on parle de réchauffement climatique dont un des effets serait justement les précipitations abondantes, il apparaît selon les observations que c’est la forme des précipitations qui a changé.
«J’entendais ma collègue Maja Vodonović, mairesse de Lachine. [Selon elle] ce qu’on voit, c’est que nous avons à peu près les mêmes quantités de neige dans les dernières décennies, mais au lieu de tomber sur cinq mois, donc de décembre à avril, eh bien ça tombe sur deux mois, plus ou moins, de janvier à février.»
Cela nécessite donc une mobilisation des moyens différente et certainement des adaptations.
À titre d’exemple, les trottoirs ensevelis sous des centimètres de neiges avaient forcé les Centres de service scolaire à fermer les écoles jeudi 13 et lundi 17 février. Les écoles fermaient en hiver à Montréal au plus une fois par an pour cause de tempête.
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