
Rarement, une consultation publique avait attiré autant de personnes. Une trentaine de citoyens se sont déplacés le 26 mai à la mairie d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville pour contester le projet Terra nostra, premier ensemble d’immeubles qui doit sortir de terre sur le site de l’écoquartier Louvain Est.
Le promoteur, la Société de développement Angus (SDA), demande deux dérogations. Une pour la hauteur d’un des cinq immeubles qui dépasse de quatre étages les 10 permis. Une autre pour augmenter le ratio de places de stationnements, passant d’une case pour trois logements, à deux pour trois.
Les citoyens présents venaient dans leur majorité contester ces demandes.
Première à ouvrir les hostilités, Ghislaine Raymond, une bénévole qui a longtemps incarné le projet d’écoquartier par son engagement.
«Les dérogations, normalement, sont pour modifier un règlement parce qu’on veut faire une bonification. Il n’y a pas de bonification, si ce n’est d’étirer un bâtiment vers le haut», a-t-elle souligné.
Elle signalait au passage qu’il n’y avait pas plus de logements que ce qui est prévu dans le projet, 323 unités. Les places de stationnement supplémentaires ne pouvaient pas entrer dans le cadre de la Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d’habitation, dite aussi PL 31.
«Le projet déposé contrevient non seulement aux règlements, mais principalement au sens de l’écoquartier tel que souhaité», a martelé Mme Raymond.
Pour elle, l’écoquartier Louvain c’est avant tout le respect de principes écologiques et d’une faible empreinte d’émissions de gaz à effet de serre.
«Un projet souhaité qui déroge à la réglementation d’urbanisme est éligible au niveau de l’article 93 du PL31», a assuré Clément Charette, chef de division à l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.
Il faut savoir que cette consultation, même prévue dans le processus d’approbation du projet par les instances municipales, ne donne pas la possibilité de référendum sur les dérogations aux citoyens.
L’adoption du règlement autorisant la construction du projet devrait être votée lors du conseil municipal du 16 juin.
«On se doit d’avoir un succès financier, on se doit de louer nos logements et que le projet ait une rentabilité pour qu’on puisse rembourser nos dettes», a plaidé Charles Larouche, vice-président directeur de la SDA. Le ratio de places de stationnement ainsi augmenté faciliterait la location aux familles et éviterait les débordements sur les quartiers environnants.
La hauteur du bâtiment et la conception en cinq immeubles dans un seul ensemble sont pour la SDA le meilleur projet possible, a défendu M. Larouche.
Malgré une opposition à la forme, de nombreux citoyens ont assuré qu’ils ne peuvent être contre des logements.
«On ne va pas s’opposer à la construction de logements, mais, pour nous, ce n’est pas du logement social», a soutenu Karina Montambeault, du Comité logement Ahuntsic-Cartierville.
Emilie Thuillier, la mairesse de l’arrondissement, a précisé qu’il n’existe plus de logements sociaux aux yeux de la réglementation du Québec, mais des logements sociaux et communautaires abordables.
Les ménages à faibles revenus peuvent souscrire au Programme de soutien au loyer (PSL). Le nombre admissible est encore inconnu pour Terra nostra.
Quant à la suite, les services de l’urbanisme devraient encore pouvoir discuter de modifications et d’améliorations avec les architectes.
«Ce projet a été le moteur pour réfléchir à une modification réglementaire. Par contre, le processus de révision architecturale n’est pas terminé», a tenu à rassurer M. Charette.
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